En septembre 2022, NewsGuard publie une enquête sur la désinformation sur Tikotk. La publication commence par un message d’alerte clair et précis, en gras et en gros caractère : « Méfiez-vous du « nouveau Google » : le moteur de recherche de TikTok transmet de fausses informations toxiques à ses jeunes utilisateurs ». D’après les résultats obtenus sur un échantillon de recherches majoritairement orienté sur les importants sujets d’actualité, près de 20% des vidéos publiées contiennent des informations erronées, voire totalement fausses. 20%, c’est énorme. Évidemment, nous ne les citerons pas toutes, puisque cela déboucherait sans mal sur un top 10 000, mais intéressons-nous aux plus gros phénomènes fakes du moment sur la plateforme. Histoire de rappeler qu’il ne faut pas croire tout ce qui circule en ligne !

Les tentatives d'enlèvement sur fond de lait en poudre pour bébé

C’est la dernière rumeur qui a agité la toile : « Des réseaux de trafic d’organes attirent leurs victimes en se servant de femmes, qui les arrêtent dans la rue pour leur demander d’acheter du lait en poudre, puis les amènent dans des endroits obscurs ».

L’alerte s’est diffusée sur Tiktok comme une traînée de poudre après que « Nature », une jeune de femme de 21 ans, poste une vidéo d’elle racontant que, à la gare St Charles de Marseille, une mère qui mendiait lui aurait demandé de la suivre vers une pharmacie pour acheter du lait à son enfant, mais l’aurait finalement conduit vers un endroit caché et plutôt glauque. Une scène que la « victime » vit comme une « tentative d’enlèvement ». Des faits qui restent toutefois imprécis et difficilement vérifiables. La préfecture de police, elle, indique ne pas avoir reçu de plainte ou constatation à ce sujet.

Trop tard du côté du Tiktok, la vidéo dépasse rapidement les 2 millions de vues ! A la recherche de buzz, les trolls se multiplient et racontent comment un enlèvement se serait déroulé sous leurs yeux dans la même gare, puis la psychose gagne d’autres villes de France : des « victimes » racontent comment elles ont vécu la même chose à Paris ou Lyon. Aujourd’hui, pourtant, aucune preuve, plainte, main courante ou vidéo ne permettent de prouver cela.

Les conseils contraception/avortement foireux

Le recul du droit à l’avortement aux USA est une catastrophe. Parmi les effets secondaires de ce retour au Moyen Âge en termes de droit et de liberté : la diffusion, sur Tiktok, de fausses techniques « maison » pour prévenir une grossesse, malheureusement plus dangereuses qu’efficaces. Le hashtag #naturalbirthcontrol cumule plus de 33 millions de vues sur la plateforme, preuve de l’intérêt grandissant des femmes sur la question. Le problème, c’est que les conseils donnés ne proviennent pas de médecins, de gynécologues, ou de personnes de profession médicale, mais plus de la part de « coach », « experte du cycle menstruel et de la fertilité », sans diplôme ou quelconque reconnaissance par une autorité. Parmi les méthodes : la Ogino, qui consiste simplement à suivre son cycle et à déterminer ses dates d’ovulation. C’est peu fiable, mais pas dangereux pour la santé.

Plus problématique : les techniques d’avortement par le biais de plantes. Des « infusions abortives », comme elles sont nommées en nombre sur la plateforme. Ici, le phénomène est d’autant plus inquiétant. Outre leur inefficacité, ces tisanes à la menthe pouliot ou à l’armoise peuvent aussi et surtout s’avérer mortelles pour les consommateurs. Ne relayez pas ces messages. Ils ne sont en aucun cas des solutions sécurisées, au contraire. Ces feuilles peuvent s’avérer particulièrement toxique.

La recette magique de l'hydroxychloroquine

Autre « remède de grand-mère/recette-maison-à-la-con » : cette mixture à base de zestes de pamplemousses et de citrons, présentée dans de nombreuses vidéos comme de « l’hydroxychloroquine ». Vous ne savez pas ce que c’est ? Eh bien d’après les personnes qui en donnent les secrets sur la toile, c’est simplement « Le remède, à toutes les maladies ». Capable de guérir le Covid comme le cancer. BAH BIEN SÛR. Des milliers de chercheurs, des millions de morts, des décennies de recherches, alors qu’il suffisait d’un jus détox pour guérir d’un cancer. C’EST COMPLÈTEMENT CRÉDIBLE, OUI. L’hydroxychloroquine est un médicament, établi en laboratoire contrôlé, distribué seulement sur ordonnance, et prescrit notamment pour traiter le paludisme, le lupus et la polyarthrite rhumatoïde.

Plusieurs théories remettant en question l'assassinat de dizaines de personnes

Elles pullulent sur la plateforme, pour des dizaines et des dizaines de faits d’actualité. A titre d’exemple, des vidéos complotistes ont été relayées sur Tiktok, pour nier la fusillade de l’école primaire de Robb à Uvalde (Texas) qui a pourtant fait, en mai 2022, 21 morts dont 19 enfants.

Même chose avec la Guerre en Ukraine. Un analyste de NewsGuard soulève qu’en recherchant « Bucha » dans la barre de recherche, les premiers contenus affirment que le massacre était une mise en scène et qu’aucun civil n’était mort sous les balles russes. En réalité, et d’après les comptes-rendus d’agences de presse et de groupes de défense des droits humains, plus de 300 civils ukrainiens y sont morts. ONG et États dénoncent d’ailleurs un crime de guerre.

Les faux lives de civils Ukrainiens

Dans la même veine, ne croyez pas toutes les vidéos de « live » que vous pouvez voir passer sur la guerre russo-ukrainienne : certaines personnes malveillantes diffusent de fausses images pour vous escroquer. Les utilisateurs font simple : ils récupèrent des vidéos dramatiques d’un ancien conflit ou exercice militaire, doublent le son, rajoutent des bruits d’explosion ou de fusillade, lancent une diffusion en direct, et appellent par la suite à des dons. À la mi-mars, un de ces comptes troll avait attiré 30 millions de vues, grâce à des images extraites d’une vidéo Youtube, présentant un entraînement militaire ukrainien en 2017. Faites attention à la réutilisation d’images.

Le voyageur temporel

@radianttimetraveller est connu sur Tiktok comme étant un « voyageur temporel de 2671 ». Eno Alaric, de son vrai nom, utilise son compte pour « prévenir des événements futurs » et propose à 8 de ses abonnés de voyager avec lui dans le futur, pour prendre conscience du chaos qui nous attend. Ai-je vraiment besoin de vous expliquer pourquoi ce n’est pas ultra-fiable comme discours ?

Des personnes infectées par la variole du singe qui se baladent dans le métro de NYC

L’intox a commencé à circuler et à prendre de l’ampleur cet été, après que les images d’une femme, filmée à son insu dans le métro de New York et présentant des boutons sur les jambes, aient été diffusées sur la plateforme. Les éruptions cutanées étant un symptôme de la variole du singe, les différents utilisateurs ont rapidement fait le lien (à tort) entre le virus et ces images.

La femme, sur la vidéo, c’est Lilly Simon, une trentenaire new-yorkaise atteinte d’une neurofibromatose de type 1 : une maladie générique qui provoque la croissance de tumeurs au niveau des terminaisons nerveuses. En plus d’avoir généré une psychose dans le métro de la ville américaine, ces images, relayées sans aucune assurance de quoi que ce soit, ont mis sur le devant de la scène une jeune femme malade, qui, depuis l’âge de huit ans, est déjà continuellement pointée du doigt. C’est ce qu’elle a elle-même expliqué dans une vidéo, en réponse aux accusations à son encontre. À l’heure actuelle, sa maladie (non contagieuse, soit dit en passant), ne connaît aucun remède.

(Source)

@lillysmallsz

#stitch with @fuckinfrass i have taken screen shots of the comments will be posting them…everyywhereee. For those of you who were kind thank u. Youre fine. When someone does a background search/google search on yall… theyll see who you really are.do you talk to your colleagues like this? Your patrons?#nf1warrior💚💙 #nf1awareness #nf1fighter #bodyshaming #bodypositivity #streetharrassment

♬ Oh No - Kreepa

Vous l’aurez compris : restez vigilants face à ce que vous pouvez lire, voir ou entendre sur cette plateforme. Et bien entendu, évitez AUSSI de suivre les tendances les plus dangereuses de Tiktok !