C’est pas parce qu’on a vu une fois le film Mémoires d’une Geisha qu’on est vraiment calé sur le sujet. Pas du tout même. Le cinéma est bien sympathique mais de la même façon qu’il véhicule des idées reçues sur les samouraïs ou des clichés sur le Far West, il raconte pas mal de bêtises sur les geishas.

Commençons par la base : what is une geisha ? Ce sont des dames de compagnie dont la vie entière est consacrée à la pratique d’un art traditionnel japonais (donc pas l’art de cuisiner une ratatouille et encore moins l’art de tricoter des strings), d’ailleurs « geisha » signifie « femme qui excelle dans l’art ». Elles sont employées par des gens v’la riches (comptez en moyenne 1000e pour une prestation comprenant la performance, le repas, et très certainement un·e traducteur·ice). Les geishas sont concentrées dans la ville de Kyoto, même si on n’en compte de moins en moins de nos jours.

NDRL, ce top reprend des éléments de différentes sources citées en conclusion mais personnellement je n’ai pas fait de thèse sur les geishas, et je n’ai pas non plus de cousine geisha donc si votre niveau de connaissances surpasse le mien, vos enrichissements sont les bienvenus.

Elles n'avaient pas de jolies dents toutes blanches

Longtemps a persisté au Japon la coutume de l’Ohaguro qui consistait à se noircir les dents avec de la poudre de métal et du vinaigre (bonjour le détartrage) du Xe au XIXe siècle puis par influence occidentale, cette tradition a progressivement disparu. Bon alors je pousse un peu en disant que toutes les geishas avaient les dents noires comme de l’ébène mais en tous les cas elles n’avaient certainement pas toutes les blanches comme des colombes.

Crédits photo (Domaine Public) : Tsukioka Yoshitoshi (Japan, 1839-1892)

Et pas :

Les geishas ne sont pas des prostituées

EH NON. Bien que leur fonction de dames de compagnie les rapproche du travail d’escort dans l’imaginaire occidental, ça n’a rien à voir. Leur profession consiste avant tout à pratiquer un art traditionnel et le maîtriser à la perfection. Depuis un décret 1779, il leur est même interdit d’avoir un rapport avec leur client (seules les prostituées ont ce droit). S’il a pu arriver que les geishas aient des rapport avec leur client, ce n’est en rien systématique, ni attendu et cela relève de leur choix individuel comme pour n’importe quel métier en fait.

Si la confusion n’existe pas auprès des Japonais, c’est beaucoup moins clair pour les Occidentaux qui ont entretenu ce fantasme orientaliste à travers de nombreux récits et témoignages. D’autant plus que de nombreuses japonaises prostituées durant le Seconde Guerre Mondiale se maquillaient à la façon des geishas pour les soldats américains qui n’ont pas vu de différence.

Les premières geishas étaient des hommes

Ah oui ça vous en bouche en coin ! Eh bien sachez que les premières maisons de thé en 1712 ont donné naissance au métier de taikomochi, sorte de bouffons ayant pour mission de divertir avec des chants et de la musique. Ce sont les ancêtres des geishas. Il en existe encore aujourd’hui mais on peut les compter sur les doigts d’une main.

Les geishas ne sont pas spécialement jeunes

Au contraire si l’on en croit la durée de leur formation qui leur demande un certain niveau d’expertise, elles ne commencent à pratiquer leur art qu’après de nombreuses années d’étude. D’autant plus qu’une geisha âgée sera préférée car on estime que son expérience aura davantage de valeur qu’une jeune blanc-bec.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Japanexperterna

La chevelure des geishas n'est pas aussi chouette qu'elle en a l'air

Des geishas on retient souvent la somptueuse coiffe et son chignon magnifiquement élaboré, mais ce résultat nécessite une certaine part de souffrance : les cheveux sont tirés jusqu’au sommet du crâne, à tel point qu’au bout de quelques années certaines parties de leurs crânes sont chauves. Si cette calvitie partielle est plutôt un honneur pour les geishas car elle est la preuve de leur ancienneté et donc de leur qualification, elles tendent de plus en plus à utiliser des perruques aujourd’hui.

Crédits photo (CC BY-SA 2.5) : Daniel Bachler

Les boules de geisha n'ont rien à voir avec les geishas

C’est d’ailleurs cette appellation qui a participé à sexualiser cette profession. En réalité les boules de geisha viennent du tantrisme et du taoïsme et n’ont de geisha que le nom.

On ne rencontre pas une geisha en claquant des doigts

Ne pensez pas débarquer à Kyoto et avoir tout simplement à sortir quelques billets (beaucoup de billets) pour vous offrir une compagnie aussi prestigieuse. Pour engager une geisha, il faut être recommandé par quelqu’un, le plus souvent une personne déjà cliente et habituée de leurs services.

On ne paie rien sur le moment

Ce serait peu trop trivial de parler pognon donc si vous avez le prestige inestimable de recevoir la compagnie d’une geisha, sachez que vous ne paierez rien sur le moment mais recevrez la facture quelques jours plus tard (et ce sera salé).

Sources : ranker, wikipédia, Japon-fr, Planète découverte