Le bandit manchot, Jesse James, Billy the kid, Buffalo Bill, les diligences, l’or… Quasiment 200 ans plus tard, la conquête de l’Ouest continue de faire rêver (et de convaincre des producteurs d’investir de la thune dans des films qui en parlent). Entre 1850 et 1920, il s’en est passé, des choses. Et parfois des choses assez drôles.

Black Bart, le braqueur poète

Charles Bolles, dit Black Bart, était un braqueur d’un genre nouveau. Né en Angleterre, il participe à la conquête de l’Ouest américain au mitan du XIX° et s’adonne à une activité très florissante de braquage de diligences. Instit’ au civil, il se met à 40 ans un sac en lin sur le visage et, avec force politesse, menace de son colt les voyageurs égarés pour leur prendre leur bourse. C’est après avoir eu un conflit avec la Wells Fargo qu’il a décidé de mettre du beurre dans les épinards. Il se fait rapidement un nom, parce que les bandits polis ne sont pas légions dans la Californie du Nord. Et quand il a fini, il laisse un petit poème pour signer son méfait.

Au total, Black Bart aura braqué une cinquantaine de diligences et ne fera que 4 ans de prison après avoir été trahi par une étiquette de blanchisserie. Un petit poème pour finir ? « Longtemps j’ai peiné pour du pain, pour l’honneur et pour la richesse, mais vous m’avez trop marché sur les pieds, jolis fils de putains. »

La véritable histoire de Buffalo Bill

Buffalo Bill, de son vrai nom William Cody, n’est pas à proprement parler un héros de la guerre ni rien du tout. C’est plutôt un acteur. S’il a effectivement participé à la guerre de Sécession et aux guerres indiennes en tant qu’éclaireur, s’il a effectivement fait partie de l’aventure du Pony Express, il doit sa légende à un écrivain de ses amis qui s’est mis à coucher ses aventures (plus ou moins romancées), sur papier. Profitant de cette publicité, Buffalo Bill décide de mettre en scène sa vie. Pendant 20 ans, de 1882 à 1912, il se fait Bartabas de la légende de l’Ouest et parcourt le monde, Europe comprise, pour donner à voir le spectacle de ses exploits. Sa légende nous est familière car le spectacle s’est donné à Paris à de nombreuses reprises, avec un succès énorme. Il attirera même 3 millions de spectateurs au pied de la tour Eiffel. En réalité, Buffalo Bill est surtout l’inventeur d’un fantasme, celui du Far West.

Crédits photo (Domaine Public) : Burke-Koretke Photo Chicago

L'histoire du cadavre d'Elmer McCurdy

Elmer McCurdy n’a pas marqué l’histoire de l’Ouest. Bandit de petite envergure, il attaquait des trains dans l’Oklahoma jusqu’à ce qu’une attaque tourne mal et qu’il finisse les pieds devant. En revanche, son cadavre, lui, a eu une postérité autrement plus importante : comme personne ne réclame le corps, le croque-mort chargé de s’en occuper décide de l’embaumer et de le vendre à une troupe itinérante. Il est exhibé partout dans l’Ouest comme « l’homme qui refusait de se rendre ». Ensuite, le corps de McCurdy est passé de main en main, notamment dans le milieu du cinéma où il servait d’accessoire. Jusqu’à terminer dans un parc d’attraction où, en 1976, une équipe de télé se rend compte que le mannequin pendu dans le train fantôme est en fait un vrai cadavre.

Crédits photo (Domaine Public) : W. G. Boag

Comment s'amusaient les chercheurs d'or ?

Déjà, ils s’amusaient pas souvent : chercher de l’or c’était pénible, on avait mal au dos, il faisait froid, on s’emmerdait et on n’avait pas un rond. Bref, quand on rentrait le soir, on espérait se divertir. Raison pour laquelle des petits malins se sont mis à organiser des spectacles pas bien compliqués pour capter l’attention des prospecteurs : il s’agissait tout simplement de combats sur lesquels on pouvait parier entre un ours et un bison. Les organisateurs attachaient donc un bison pas loin d’un grizzli et attendaient de voir ce qu’il se passait dans une avalanche de paris. Et c’était tout le temps, partout, tous les jours. Comme TPMP mais en moins vulgaire.

La bonne fortune d'Oliver Martin

Ce chercheur d’or a eu la première chance de survivre à une crue soudaine tandis qu’il dormait avec ses compagnons dans une cabane pendant une campagne de prospection. Mais c’est surtout son sens des conventions qui lui a rapporté gros : souhaitant offrir à l’un de ses potes qui n’avait pas eu la même chance que lui une sépulture décente, il s’est mis en tête de lui creuser une tombe pas loin de leur campement. Et c’est là, la pelle à la main, qu’il a découvert la plus grosse pépite d’or jamais découverte jusqu’alors en Californie. Une pépite dont la valeur, aujourd’hui, avoisinerait les 600.000 dollars.

L'inflation de dingue pendant la ruée vers l'or

Pendant la ruée vers l’or, il y avait deux phénomènes conjoints : une arrivée massive de chercheurs d’or vers l’Ouest et le Nord ET une création de richesse importante lorsqu’un péquin quelconque découvrait une mine. La première conjoncture a créé une forte demande pour des denrées de premières nécessités et donc leur raréfaction ; la deuxième une logique et nécessaire inflation monétaire. Les deux, conjointement, ont généré une inflation absolument incontrôlable et totalement dingue : à l’époque, un paquet de café pouvait coûter jusqu’à 1200 dollars et une douzaine d’œufs une centaine de dollars.

La légende du seau bleu

C’est l’histoire d’un convoi de voyageurs qui se perd dans l’Oregon. Les passagers sont tenus de descendre et de monter un campement. Les gosses courent un peu partout et se jettent à la rivière la plus proche : étonnamment, celle-ci scintille de plein de petites pépites dorées. Les gosses remplissent un seau entier desdites pépites et leurs parents, trop occupés à préparer la suite du voyage, n’y prêtent pas attention. Le convoi repart, sans le seau. Une semaine plus tard, un type trouve de l’or dans l’Oregon. Les voyageurs se rendent compte qu’ils viennent de passer à côté d’une jolie petite occasion d’être riches à millions. Ils se mettent en quête de l’endroit où ils avaient campé et de ce satané seau bleu. Il n’a jamais été retrouvé.

La supercherie d'Edgar Allan Poe

Edgar Allan Poe avait horreur des chercheurs d’or et espérait bien mettre un terme à cette aventure qu’il jugeait probablement très vulgaire. Pour ce faire, il s’est mis en tête de faire un canular littérairo-journalistique en racontant la légende de Von Kempelen, un scientifique bien réel, lui, à qui il décide d’attribuer la découverte de la pierre philosophale par laquelle il est possible de transformer le plomb en or. Poe espérait qu’une telle nouvelle dérouterait tous les prospecteurs de l’Ouest. L’article sort dans un journal national, et Poe écrit maintes lettres à ses potes pour se vanter de son petit effet, prévoyant la fin immédiate de la ruée vers l’or. ERREUR 404. Tout le monde s’en est foutu et la ruée a repris de plus belle.

La vraie histoire de la fusillade d'O.K. Corral

La fusillade est devenue emblématique de la conquête de l’Ouest après que le cinéma s’en est emparé pour la mythifier. Pourtant, la tuerie d’O.K. Corral n’a guère fait que trois morts dans la ville de Tombstone, ce jour d’octobre 1881. En gros, voilà l’histoire : les frères Earp, dont l’aîné, Virgil, était marshall du comté, avaient eu le malheur d’arrêter deux cow boys pour un vol de diligence. Là, les frères des cow boys (les McLaury et leurs potes) ont débarqué en ville avec des flingues à la ceinture, menaçant les Earp. Finalement, ces derniers ont préféré prévenir que guérir et se sont débarrassés des nouveaux arrivants à coup de plomb. Une fusillade a éclaté, les frères McLaury et un de leur pote sont morts.

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Le plus grand massacre d'Indiens

Le Massacre de Bear River constitue sans nul doute le moment-clé de la guerre menée par l’armée américaine contre les populations indiennes. En 1863, les indiens Shoshone y ont fait les frais d’une expédition punitive contre leur chef de guerre. Au total, sur les 300 guerriers indiens présents à la bataille, 250 trouvent la mort. L’armée américaine a fait preuve d’une immense cruauté ce jour-là : après avoir tué tous les hommes, les soldats ont violé les femmes indiennes et massacré leurs enfants, avant de mettre le feu au camp indien. Une véritable horreur qui valut au commandant américain, le colonel Connor, de l’avancement.

Crédits photo (Domaine Public) : Kõan

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