Connais-tu ton groupe sanguin ? Si oui, tu sais bien que ton groupe sanguin en dit LOOOOONG sur ta personnalité. Et tu sais aussi à qui tu peux donner ou ne pas donner ton sang. Et tu sais aussi si tu te fais plus ou moins piquer par des moustiques. Mais tu ne sais pas si tu as de la chance ou pas. Alors on te le dit.

AB+

Sur l’air d’une chanson de dessin animé.

AB+ / universel receveur / tu es le plus beau mais tu n’es pas le sauveur / OH / AB+ / receveur universel / pour recevoir y’a du monde mais pour donner pas de zèle / AB+ / tu es un gros égoïste / tu ne donnes rien en retour, prends le sang comme un pompiste / OH / AB+ / tu rends tout le monde jalmince / les A les B les O- parce que tu es une grosse pince / OH (ad lib)

Eh ouais, t’as le meilleur sang. Jamais tu te retrouveras en dèche de transfusion puisque TOUT LE MONDE peut te donner. En plus tu peux dire « j’ai un groupe sanguin rare ». Mais tu sais quoi ? Personne ne t’aime et tu es un sale type.

AB-

Comme tu peux recevoir des AB-, des B-, des A- et des O-, on ne va pas non plus te plaindre. Mais avec ton rhésus négatif tu es un genre de nouveau riche qui crâne sans savoir ce que c’est que d’avoir de l’argent. Alors ta BM est très belle, on ne va pas dire le contraire, mais il se trouve que j’ai justement sur moi un pied de biche avec lequel je vais me faire un plaisir de la rayer, ta BM. Tu comprends ce que je veux dire ? Rayer ta BM ? Ouais, c’est pas la métaphore la plus claire du monde, je reconnais, mais ce qui est sûr c’est que si tu es AB- il y a toutes les chances pour que tu meures l’année de tes 47 ans.

A+

Bon. On ne va pas se le cacher, tu es le mec le plus normcore que la terre ait jamais portée. Plus d’un tiers de la population est A+. C’est pas mal, hein, ça permet de recevoir de tes congénères, de tes sous-fifres les A-, des O+ et des O-, on ne va pas te plaindre. Mais ce que tu es chiant… On dirait un panel Ipsos. Tu votes exactement comme le reste de la population française et tu gagnes précisément le salaire médian. Tu n’es pas un humain, tu es une idée de l’humain, une projection humaine, dépourvue de sentiment et de singularité. Je suis sûr que ton film préféré, c’est Bienvenue chez les Ch’tis.

B+

Salut B+. Ça va ? Ah bah non ça va pas, comme d’habitude, je sais bien. Ça va jamais B+. Tu te sens singulier, c’est ça, pas comme les autres – et pourtant tu as le sentiment que personne, à part toi, ne se rend compte de ta singularité. Ta vie s’écoule dans une frustration permanente et contenue. Au lycée, tu étais là, assis au premier rang à prendre sagement les notes pour ne pas même finir premier de la classe. Te voilà, moyen aux yeux des autres et génial à ton goût sans avoir les outils pour le prouver au monde. Regarde : tu fais même des alexandrins sans que personne ne s’en rende compte. Console-toi en pensant à tous ceux qui peuvent te filer leur sang (tout ce qui est B-, O-, O+ est à ta merci) et dis-toi que tu règnes sur eux comme le chef de la bande des nuls au lycée régnait sur son empire d’acné et de calculatrices Texas Instrument.

A-

HAHAHAHAHAHA. Déjà que les A sont TRISTES mais alors là tu es A- c’est-à-dire que tu es un A sans ami. Un peu comme si tu étais d’une famille très riche et très puissante et que tout le monde avait hérité sauf toi parce que personne ne t’aimait. Avec tes idées arrêtées sur les choses, tu avais tout pour réussir dans le monde mais force est de constater que tu n’as pas réussi. Te voilà prototype de l’esclave qui consent : tu rates tout tout en trouvant le monde génial. Tu m’apporterais un café avant d’aller donner ton sang à des gens mieux lotis que toi ?

O-

Bon, on ne va pas se mentir : tu as toutes les chances de mourir si un jour tu as besoin d’une transfusion de sang. MAIS MAIS MAIS MAIS MAIS, faut reconnaître que tu es SUPER SYMPA. Super serviable. Et ça, personne ne pourra dire le contraire. Toujours là aux déménagements, jamais un mot plus haut que l’autre, jamais à se plaindre, toujours dispo pour rire aux blagues des autres même quand elles concernent la taille de ton micropénis (on n’est pas là pour se prendre au sérieux, m’enfin !). Bref mon grand tu es une bonne poire mais ça fait de toi un bon camarade et à défaut de réussir ta vie tu pourras aider les autres à réussir la leur et ça si c’est pas beau c’est que je m’y connais pas en beauté.

B-

Ah t’es là toi ? Non, je dis ça parce que personne te voit. Personne ne te voit jamais. Jamais. Comme invisible. Un jour, j’ai entendu parler d’un type qui avait arrêté d’aller bosser du jour au lendemain en Espagne parce qu’il avait le sentiment que son travail ne servait à rien. Et bah tu sais quoi ? Il a fallu plus de 20 ans et un hasard pour que ses employeurs s’en rendent compte. Et bah il était B-. Promis, j’ai vérifié.

O+

Que te dire puisqu’on n’a rien à se dire ? Ah si, un conseil : reste bien pote avec les O-, ce sont les seuls qui peuvent te donner du sang si un bus a le malheur de te rouler dessus parce qu’il ne t’a pas vu. Tu es un peu comme le B-, sauf que toi tu n’es pas rare. On te voit partout, tout le temps, sans jamais te voir. Vous êtes quasi 40% de la population, les 0+, et personne ne fait attention à vous. Vous êtes là : bonjour, au revoir, bonne journée, oublié. Un jour, vous vous soulèverez et vous serez des millions.

On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille, on choisit pas non plus son groupe sanguin. C’est une version alternative de la chanson de Maxime le Forestier.