Il arrive parfois que des films d’anticipation se trompent quant à leurs prédictions futuristes. Mais là, il est question d’autre chose : nous ne cherchons pas à savoir si Blade Runner ou Bienvenue à Gattaca offraient une vision juste ou du moins crédible de l’époque actuelle mais plutôt à voir comment le cinéma, en anticipant le monde de manière relativement précise, s’est parfois planté en n’allant pas assez loin dans sa vision de la technologie en usage. La faute à l’époque et aux limites des effets spéciaux, évidemment. Mais voir que même la SF n’allait pas assez loin dans ses prédictions donne à réfléchir sur le caractère inimaginable de nos outils technologiques aujourd’hui.

Total Recall : les écrans cathodiques de partout

Alors attention, les écrans sont incrustés dans les murs donc c’est quand même pas mal impressionnant, mais bon ça reste des bons gros écrans cathodiques. Le plus drôle, ce sont les taxis automatisés : évidemment, K. Dick puis Verhoeven avaient vu juste en prédisant le Uber sans chauffeur, mais c’est marrant de voir qu’ils se sont sentis obligés de faire apparaître un robot chauffeur sans pouvoir penser la robotisation autrement qu’à visage humain.

Videodrome : la mainmise de la télévision câblée sur le monde

Dans ce film de Cronenberg, la télévision câblée est devenue tellement puissante qu’elle a désormais la mainmise sur nos pensées et nos envies. Au point de pouvoir nous influencer dans nos choix, nos votes, nos ambitions… Bien vu David, mais tu as raté un élément : Internet. La télé est en train de crever et de se transformer en éditeur de contenus multimédias, et plus en diffuseur. Désormais, c’est Internet qui a pris la main sur nos vies grâce à des algorithmes formant bulle : « vous avez aimé, vous aimerez » et autres choix préétablis dans le fil des réseaux sociaux. Les technologies ont largement dépassé la réalité de la prédiction.

Strange Days : la technologie minidisque

Le film de l’excellente Kathryn Bigelow avait anticipé l’aide technologique à la mémoire et notre capacité (bientôt plus si futuriste) à télécharger une partie de notre activité cérébrale dans une machine. Mais ce qui fait tiquer aujourd’hui, c’est de voir que ces données sont téléchargées directement dans un minidisque. Le film passe à côté du cloud en n’arrivant pas à penser la volatilité de la data et notre capacité sans faille à dire OK sans lire à ceux qui veulent pouvoir profiter de nos données persos au mépris de l’idée même de propriété.

Star Wars qui s'est légèrement planté aussi sur nos capacités technologiques

Alors OK, c’était il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine et non pas dans notre galaxie dans un futur proche, mais ça reste (on ne va pas se mentir pour se mentir) un film d’anticipation technologique. Et quand on regarde les premiers, entre gros boutons rouges, écrans bicolores façons Minitel et surtout hologrammes moisis à faire rigoler Mélenchon en meeting, on peut dire que Lucas (la faute aussi à des technologies pas forcément au point niveau CGI) était un peu en deçà de la réalité.

Batman Forever : la télé qui prend le contrôle des esprits

Jim Carrey s’emmerde à manufacturer un produit à grande échelle qui se place sur la télé et permet de s’immiscer dans les pensées des téléspectateurs pour leur voler leur matière grise en leur faisant croire qu’ils seront immergés dans le programme qu’ils regardent. Bien vu, c’est à peu près ce que fait Internet aujourd’hui avec l’accord tacite donné pour l’utilisation de notre data. Mais la technologie présentée par E. Nygma (quel nom énigmatique) est beaucoup plus tarabiscotée et voyante que celle en oeuvre aujourd’hui. Bien vu mais pas bien vu.

Matrix : les téléphones ridicules

Les cellulaires utilisés dans Matrix font peine à voir aujourd’hui. Le banana phone de Nokia avait le mérite, dans la trilogie, de permettre à Neo, Morpheus et Trinity de communiquer entre la matrice et le monde réel sans se faire intercepter. En réalité, ces téléphones futuristes et indétectables sont largement en deçà des possibilités de chiffrage aujourd’hui offerts par des applis de communication comme Telegram. Cela fait partie des nombreuses questions qu’on se pose sur Matrix.

La 3D dans Retour vers le futur 2

Un requin en 3D qui fait peur à tout le monde ? C’était sans compter sur l’échec relatif de la 3D au ciné qui aura en tout et pour tout permis à tout le monde de connaître le prix d’une migraine carabinée, à savoir 11,90 euros plus la location des lunettes au ciné. Mais bon, c’est pas grave ça ne nous empêche pas d’adorer et d’avoir la collection des objets Retour vers le futur.

On peut pas non plus tout le temps tout prévoir.