On rigole devant une bonne comédie absurde et on réalise parfois après coup qu’il y avait un véritable message (pas forcément caché) en filigrane. C’est pas le cas de la majorité des films drôles mais certains ont eu la bonne idée d’utiliser l’humour pour véhiculer une idée, dénoncer quelque chose ou tout simplement éveiller les consciences en disant « vous riez, mais est-ce que finalement c’est vraiment drôle ? ». Du coup on va parler de certaines de ces bonnes comédies qui en plus étaient intelligentes ou qui voulaient parler d’un sujet sérieux, même discrètement.

Don't look up (2021)

Sans surprise le film d’Adam McKay trouve sa place dans ce top parce que tout le monde l’a plus ou moins compris : ce film n’est pas forcément Armageddon version comique. Les vrais trucs importants qu’essaie de dénoncer le film c’est la capacité que nous avons à ignorer les sonnettes d’alarmes des scientifiques sur tout un tas de sujet comme le réchauffement climatique mais aussi de classe politique aveuglée par ses propres intérêts et sa course pour le succès.

Idiocracy (2006)

Beaucoup plus absurde que Don’t look up, ce film de Mike Judge (à qui on doit également la bonne série Silicon Valley) nous montrait à travers les yeux d’un homme et une femme qui sortent de cryogénisation au bout de 500 ans de sommeil que le monde était devenu proprement stupide. Si l’oeuvre est vraiment très (très) absurde, elle dénonçait pas mal de trucs : surconsommation, mercantilisme, niveau intellectuel en baisse, pollution… Et imaginait un avenir bien sombre pour la planète tout en étant drôle. Ça fait peur quand on voit les preuves que l’humanité devient stupide en vrai.

Very bad cops (2010)

Deuxième film d’Adam McKay a trouver sa place dans ce top après Don’t look up, comme quoi le mec est drôle et engagé. Very bad cops (ou The other guys dans la langue de Shakespeare, le Molière anglais) est une comédie sur deux flics un peu loosers qui se retrouvent à enquêter sur une affaire de corruption. Si plusieurs messages sont distillés dans le film c’est surtout le générique de fin qui arrive sans prévenir et donne de véritables chiffres effarants sur l’évasion fiscale, les arnaques financières et les scandales financiers comme la crise des subprimes.

The invention of lying (2009)

Dans un monde où le mensonge n’existe pas et où les gens sont obligés de dire la vérité tout le temps, un homme arrive un beau jour à mentir pour la toute première fois. Et qu’est-ce qu’il se passe ? Il invente (plus ou moins malgré lui) de beaux mensonges comme la vie après la mort et ce genre de choses qui donnent de l’espoir aux gens. Si on peut voir le film différemment selon ses croyances, il est intéressant sur plusieurs aspects, comme sur la façon qu’il a de montrer comment on peut convaincre les gens en leur disant finalement ce qu’ils veulent entendre.

Le dictateur (1940)

Tout en restant une comédie à la Chaplin (même s’il s’agit du premier film parlant de l’acteur), Le dictateur touchait à des sujets relativement sérieux, d’autant qu’il a été réalisé avant l’entrée des États-Unis dans la 2ème guerre mondiale. En montrant les dérives de la dictature et sa menace pour plusieurs populations le film a fait évoluer l’opinion publique américaine en faveur des gouvernements européens qui se levaient contre le nazisme outre-atlantique. Et c’est déjà beaucoup pour une comédie.

Docteur Folamour (1964)

Sur le papier faire une comédie sur la bombe atomique et la guerre nucléaire c’était pas complètement gagné. Pourtant Kubrick a tenté l’expérience et le film est encore considéré comme une très bonne comédie, en premier lieu grâce à son acteur principal Peter Sellers. Un général complètement paranoïaque qui balance la bombe en pleine guerre froide c’était pourtant un sujet tendu à cette époque mais la satire montrait évidemment avec absurdité l’effort de l’armée et du gouvernement américain pour justifier l’armement nucléaire.

Invasion Los Angeles (1988)

Entre SF et comédie, ce film de l’excellent John Carpenter nous montre un homme ordinaire qui trouve des lunettes de soleil qui lui font voir les messages cachés par des extra-terrestres dans les publicités et la télévision pour nous contrôler. Un concept génial que le film exploite à merveille tout en n’hésitant pas à taper à gros coups de poings sur le capitalisme, la publicité, la surconsommation et l’abrutissement de masse. Rien que ça.

Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy (2004)

Une bonne comédie bien débile sur des présentateurs de journaux télévisés masculins prêts à tout pour garder leur place, quel pourrait être le message derrière ? Eh bien justement il s’agit de la place des femmes dans le milieu journalistique. En jouant continuellement sur le fait que le personnage joué par Christina Applegate est rabaissé au rang de « seconde » et n’aurait pas la capacité à assumer un journal tv seule parce que c’est une femme, le film fait passer un message anti-sexiste plutôt inédit sur ce milieu particulier.

Madame Doubtfire (1993)

On rigole bien devant ce film où l’on voit l’excellent Robin Williams se déguiser en femme pour rester proche de ses enfants, sauf qu’en fait c’est super dramatique. Ça parle de l’éclatement d’une famille suite à un divorce, de grandir loin d’un de ses parents mais surtout des problèmes liés à la garde des enfants en jouant sur des gags liés au déguisement du père de famille. Derrière le comique il y a surtout un homme perdu prêt à tout pour garder un semblant de contact avec ses gamins, même si pour ça il doit les voir en se faisant passer pour quelqu’un d’autre. Vu sous cet angle le film est super triste.

Ricky Bobby : roi du circuit (2006)

Encore une comédie plutôt débile avec l’excellent Will Ferrell, la troisième dans ce top. S’il ne s’agit clairement pas du meilleur film de l’acteur, il y a quand même un sujet super important abordé dans celui-ci : la vision de l’homosexualité dans le sport professionnel. S’il le fait d’une manière un peu débile (c’est le ton du film), le fait qu’il aborde ce sujet et termine par la réconciliation de Ricky Bobby clairement homophobe et de Jean Girard qui lui est homosexuel, c’est une manière assez indirecte de traiter d’un sujet généralement laissé de côté dans ce milieu par le cinéma.

Et si vous voulez juste rire sans forcément avoir de message vous pouvez aller voir les meilleures comédies françaises de tous les temps ou les trucs qui se passent tout le temps dans les comédies françaises, et ça c’est grave.

Sources : Ranker, IMDB, Film School Rejects.