Les dictateurs, ce n'est malheureusement pas ce qui manque. En revanche, au sein même de la grande communauté des mecs réélus avec 98% des voix, il y a des zinzins, des moins zinzins et des super zinzins. C'est le cas de ces sept bonshommes qui ont légèrement perdu pied en arrivant au pouvoir et qui ont tous en commun d'aimer beaucoup l'argent et pas beaucoup les journalistes. Des mecs sympas, un peu comme notre copain Kim Jong-un qui, même si nous n'avons pas de certitudes, semble selon les rumeurs lui aussi un peu toc-toc.

  1. Yahya Jammeh, président de la République de Gambie
    Arrivé au pouvoir suite à un coup d’État, il a été réélu à trois reprises avec des scores qui laissent présager une démocratie toute relative. Outre le fait qu'il a décidé en mars 2014, sans demander son avis à personne, de changer la langue officielle du pays de l'anglais à l'arabe, Yahya Jammeh est connu pour s'être autoproclamé marabout de Gambie et se balader un peu partout avec une baguette magique. Selon ses dires, il sait soigner grâce aux herbes le SIDA, l'asthme et l'hypertension artérielle (le tout avec une seule dose de son traitement magique). Et comme c'est un mec sympa, Yahya Jammeh a aussi déclaré en 2008 que tous les homosexuels devaient quitter le pays immédiatement, et que ceux qui les protégeaient s'exposaient à de graves conséquences.
    Crédits photo (Domaine Public) : Official White House Photo by Lawrence Jackson
  2. Islom Karimov, président de l'Ouzbékistan
    Réélu le 23 décembre 2007 avec 88,1 % des voix (contre trois autres adversaires qui soutenaient aussi son parti), Islom Karimo est considéré par Newsweek comme le 9e plus grand dictateur de la planète. Il est notamment réputé pour disperser les manifestations pacifiques à coup de mitraillettes, faire bouillir les gens qu'il n'aime pas trop, torturer les journalistes et foutre en taule les mecs qui distribuent des prospectus sur le VIH car c'est contraire aux bases morales de la société ouzbek. Ses filles Gulnara et Lola sont ambassadrices de l’Ouzbékistan, respectivement à l’ONU et à l’Unesco, et défendent avec ardeur la réputation de leur père. En 2005, l’Union européenne avait décrété un embargo sur les ventes d’armes à l’Ouzbékistan suite au massacre de centaines de manifestants, mais face à l'absence de soutien international l'embargo avait été levé en 2009. Il faut dire que le pays est très riche en gaz naturel, minerais et pétrole, et a priori ça n'a pas rien à voir avec la choucroute.
    Crédits photo (CC BY 4.0) : Russian Presidential Press and Information Office
  3. Mswati III du Swaziland
    Soixante-septième fils du roi Sobhuza II, Mswati III a été couronné le 25 avril 1986, à 18 ans seulement. Il est officiellement le dernier monarque absolu d'Afrique et s'oppose assez logiquement à la démocratie. Proche de son peuple - qui pète la forme puisqu'environ 26 % des habitants du Swaziland ont le SIDA et que 60% d'entre eux vivent avec moins de 2$ par jour -, il est connu pour collectionner les voitures de luxe. En 2012, sa petite fête d'anniversaire avait coûté à l'Etat 293.000 euros, et c'est que dalle comparé aux fortunes dépensées tous les ans pour la fête des roseaux, durant laquelle entre 30.000 et 80.000 jeunes vierges viennent danser seins nus devant le monarque. A part ça, il interdit le port de la mini-jupe et du pantalon taille basse pour lutter contre le viol, enlève de temps à autre une minette pour l'épouser et contrôle évidemment tous les médias du pays. Aux dernières nouvelles, il avait 14 épouses et 24 enfants mouflets.
    Crédits photo (Domaine Public) : U.S. Department of State
  4. Gurbanguly Berdimuhamedow, président du Turkménistan
    Élu en 2007, puis réélu en 2012 avec 97,14%, Gurbanguly s'est payé pour ses 56 ans un concert de J-Lo et un feu d'artifice de 20 minutes pour honorer le plus grand président que le Turkménistan ait connu. Obsédé des records à la con, il a fait construire la plus grande roue vitrée du monde, le plus long tapis fait main et le plus haut mât pour porter son drapeau à 133 mètres du sol. Passé pro dans l'art du culte de la personnalité, il a inauguré en février 2012 un musée dédié à son "popa" pour le remercier comme il se doit d'avoir élevé un fils comme lui, à savoir "infiniment fidèle à son peuple". Ah, et évidemment il n'aime pas trop qu'on l'enquiquine, et jette donc en prison tous ses opposants. Prison, dont beaucoup ne reviennent pas trop.
    Crédits photo (CC BY 4.0) : 首相官邸ホームページ
  5. Ramzan Kadyrov, président de la République de Tchétchénie
    A la tête des Services de sécurité de la présidence tchétchène, Ramzan Kadyrov, qui est évidemment soutenu par son bon copain Vladimir Poutine, est connu pour son nationalisme radical et son tempérament, comment dire, plutôt très nerveux. Il est en effet directement impliqué dans plusieurs affaires de meurtres, dont celui de la journaliste russe Natalia Estemirova. Face aux accusations de meurtres, Ramzan Kadyrov a répondu à la presse qu'il était innocent : "Pourquoi Kadyrov aurait-il tué une femme dont personne ne voulait ? Elle n'avait ni honneur ni dignité […] Elle ne racontait que des bêtises". Pourtant cela faisait plusieurs mois qu'il menaçait directement cette journaliste dont il appréciait assez peu les textes. Pour ce qui est de la gestion de son gouvernement, il a récemment expliqué sur son compte Instagram qu'il avait convoqué son ministre des sports sur un ring de boxe pour le punir d'avoir mal entretenu le bâtiment ministériel. Rien de tel qu'un bon crochet du droit pour se remettre les idées en place.
    Crédits photo (CC BY 4.0) : Пресс-служба Президента Российской Федерации
  6. Issayas Afewerki, président de l'Érythrée
    Après s'être battu pour l'indépendance de son pays, Issayas Afewerki est arrivé au pouvoir et à décidé de mettre en place dès le début de son mandat un régime avec parti unique et sans élections. Obsédé par l'autosuffisance, ce brave monsieur a la conviction que le pays peut se maintenir sans l'aide de ses voisins ou de l'occident. Lors de la famine qui avait frappé l'Érythrée en 2009, il avait ainsi expliqué à la BBC qu'il refusait l'aide des associations car "l'aide alimentaire venant de l'étranger diabolise les populations et les rend paresseuses". Résultat : la famine est allée tellement loin que même ses généraux ne pouvaient plus se payer à bouffer. Pour répondre aux menaces de rébellions, il a alors décidé d'embaucher 20 000 mercenaires éthiopiens pour mettre un peu d'ordre dans tout ça et maintenir le calme. Bon, heureusement, ça commence quand même à sentir un peu la merde pour Issayas Afewerki.
    Crédits photo (CC BY 4.0) : Presidential Executive Office of Russia
  7. Hassanal Bolkiah, sultan du Brunei
    Parmi les hommes les plus riches du monde, Hassanal Bolkiah règne en monarque absolu depuis l'indépendance du Brunei du Royaume-Uni en 1984. En 2014, il a tout bonnement et simplement interdit Noël dans son pays, mais c'est un détail comparé à son penchant légèrement obsessionnel pour la gaudriole. S'il a évidemment un harem, le sultan a en effet été accusé de l'enlèvement d'une ancienne Miss USA, Shannon Marketic, qui affirme avoir été utilisé comme esclave sexuelle par ce dernier pendant plus d'un mois. Le sultan a évidemment nié les faits, mais son innocence n'a pas non plus été prouvée. Et apparemment cette obsession du cul est familiale puisque son frère, le prince Jefri, a lui investi 1 million de dollars dans une statue grandeur nature de lui-même en train de s'envoyer en l'air. Un élément de déco à la fois classe et discret.
    Crédits photo : Presidente della Repubblica Italiana

Morale de l'histoire : il vaut mieux éviter les pays en "-stan".

Source : L'Obs, Listverse, ParlonsInfo