Quand on veut tuer un haut dignitaire ou provoquer une révolution, il vaut mieux bien prévoir son coup. Déjà parce que ça maximisera les chances de réussite du projet, ensuite parce que sinon on sera arrêté et jugé (et bien souvent tué) pour rien, nada. Est-ce que 25 ans de prison pour avoir échoué à tuer quelqu’un, ça vaut le coup de les vivres ? Pas sûr. Sans compter la postérité du ridicule, qui ne s’arrête pas à sa propre vie.

Le complot de Giuseppe Fieschi contre Louis-Philippe

Z’avez déjà entendu parler de la machine infernale ? Il s’agissait d’une construction unique permettant à un seul individu d’actionner en même temps 25 fusils pour mitrailler sévère le roi. C’est Giuseppe Fieschi qui en est l’auteur. Avec le droguiste Théodore Pépin, ils imaginent un attentat perpétré contre Louis-Philippe pour rétablir la République. Le 28 juillet 1835, Louis-Philippe est attendu pour inspecter les troupes de la garde nationale sur les grands boulevards. Tout est prêt : la machine infernale est placée sur une fenêtre donnant sur la rue du boulevard. Puis elle explose au lieu de marcher. Ça tire de partout, mais mal. Il y a bien 18 morts et 42 blessés, mais le roi va bien, merci pour lui. Fieschi, blessé par l’explosion, est arrêté puis exécuté. Et Louis-Philippe en profite pour faire passer un paquet de lois répressives.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Parisette

L'attentant raté de Georg Elser contre Hitler

Hitler n’aimait pas beaucoup le changement ni la nouveauté. C’était un homme d’habitude. Tous les 8 novembre, il se rendait donc dans une brasserie de Munich pour y fêter son putsch raté de 1923. Autant c’était pas fastoche d’approcher Hitler à Berlin, autant dans une brasserie, c’était quand même plus facile.

Elser est un simple menuisier, mais il ne porte pas les nazis dans son coeur. En 1939, il prépare son coup seul pour être sûr de ne pas être trahi : il se rend tous les jours dans la brasserie pour en devenir un habitué et, un soir, s’y fait enfermer pour planquer une bombe de sa fabrication. Tic tac, plus qu’à attendre.

Hitler vient bien dans la brasserie, comme prévu, le 8 novembre. Il fait son discours, comme prévu. Mais le discours est plus court que prévu. Et Hitler se casse à 21h07. Quand la bombe explose, à 21h20, le local s’effondre et 8 personnes trouvent la mort.

Elser s’est enfui vers la Suisse, mais il est arrêté, torturé et envoyé à Dachau en attendant ce qui devait être un grand procès après la guerre. Faute d’issue heureuse pour les nazis, Elser sera exécuté le jour même de la mort d’Hitler, sur son ordre direct.

L'Opération Grand Saut

S’agissait-il vraiment d’un projet ou bien d’une oeuvre de propagande soviétique ? C’est difficile à dire. Toujours est-il que les nazis nourrissaient le projet de flinguer tout à la fois Staline, Roosevelt et Churchill quand ceux-ci se rencontreraient. Parce qu’il leur serait fatalement nécessaire, à un moment de se rencontrer. A la demande de Staline, qui ne voulait pas s’éloigner à plus d’une journée de Moscou, c’est Téhéran qui est choisie pour accueillir la rencontre en 1943. 3000 agents du NKVD se déplacent avec Staline : autant dire que ça fait du monde pour assurer la sécurité. D’autant que des militants pro-nazis iraniens sont arrêtés et exécutés arbitrairement peu avant l’arrivée des dirigeants (l’Iran a longtemps soutenu l’Allemagne avant de se ranger du côté des Alliés). Débarquement par sous-marin, parachutage, les Allemands envisagent tous les scénarios.

Avant d’annuler comme des merdes, parce que c’est trop dur. D’autant que le NKVD a eu connaissance du projet depuis de longs mois. Raté.

Crédits photo (Domaine Public) : Knutux

Néron, assassin en carton

Néron avait un gros problème dans la vie : sa mère. Agrippine, la bien nommée, ne cessait de l’emmerder en donnant son avis sur tout et en cherchant à gouverner à travers lui. Une fois empereur, Néron se décide à se débarrasser de la sangsue. Mais il ne peut pas la buter frontalement sans déclencher des discussions à n’en plus finir. Il veut que ça ressemble à un accident. Dès lors, il tente tout. Ses trois tentatives d’empoisonnement foirent. Le plafond qu’il a fait installer dans sa chambre pour qu’il s’écroule sur le lit de sa mère itou ; le bateau truqué sur lequel elle s’embarque et voué à sombrer en pleine mer met trop de temps à couler et Agrippine s’en tire.

Increvable, la vieille.

Du coup, Néron ne s’emmerde pas. Un esclave est envoyé par sa mère pour le voir ? Il décide de faire comme si celui-ci portait un couteau. Il pousse des cris d’orfraie comme quoi môman a essayé de le tuer et hop il envoie des assassins pour la punir et bye-bye Agrippine.

Gao Jianli, bon musicien mais tueur tocard

On est en 220 avant Jésus-Christ. Qin Shi Huang est empereur, mais il est victime de tentatives d’assassinat pénibles. Du coup, il traque absolument tous ceux qui ont trempé de près ou de loin dans des complots qui le visaient. Parmi les personnes impliquées, il y a un type qui change de nom et qui se fait désormais appeler Gao Jianli. Il voulait se ranger, Gao : un boulot chez un caviste et surtout une passion, le luth. Il jouait du luth H24 et tout le monde se pâmait devant la qualité de son crincrin, ce qui fait que l’empereur lui-même le convia à la cour.

Et là : patatras, alors que Gao joue devant l’empereur, il est reconnu. Mais il joue tellement bien que l’empereur lui pardonne à condition qu’il devienne son musicien attitré. Chassez le naturel, il revient au galop. Après quelques mois à jouer du luth, Gao Jianli se dit qu’il pourrai profiter de la situation pour tuer l’empereur, rapport au fait qu’il a envie de le tuer. Il lui jette le luth à la gueule, mais rate son coup.

Couic sera le dernier son entendu par Gao Jianli.

Fidel Castro, l'homme invincible

600. C’est à la fois le nombre de poils qu’il y avait dans la moustache de Fidel Castro et le nombre de tentatives d’assassinat auxquelles il a échappé. Et la CIA s’est montrée extrêmement imaginative : cigare piégé, chaussures contenant du poison, stylo à bille empoisonné, moules piégées et tout le toutim. Et il a fini par mourir de lui-même. Bien ouej.

La Conspiration des poudres

Remember, remember the fifth of november… Si Guy Fawkes et ses potes ont inspiré V pour Vendetta, ils ne constituent pas un modèle de conspirateurs. Voilà l’histoire : catholiques de province, ils étaient quelques un à vouloir dire adieu à Jacques Ier d’Angleterre, en 1605. Pour seul plan, ils avaient prévu de faire sauter la Chambre des communes lors de l’inauguration du Parlement. Dans le même temps, on mènerait une insurrection paysanne avec une reine de 9 ans désignées. Tout est paré, sauf que le complot est révélé par une lettre anonyme au roi. On perquisitionne la Chambre des Communes et KIKOO Guy Fawkes, qui attend seul-tout devant 36 barils de poudre. On arrête 8 personnes, et on les écartèle, tout simplement.

 

Crédits photo (Domaine Public) : Crispijn van de Passe the Elder

Lynette Fromme essaie de tuer le président Gerald Ford

En 1975, Gerald Ford, président dont tout le monde se fout des Etats-Unis, est en visite à Sacramento. Dans la foule, une fille, Lynette Fromme, l’attend. Elle a prévu son coup toute seule et son but est d’attirer l’attention des médias sur sa cause : le danger environnemental. Ah. C’est aussi une adepte de Charles Manson. Vous voyez le genre. Elle est toute proche de Ford quand elle essaie de tirer sur lui : sauf que son flingue s’enraye. La tuile. Maîtrisée et arrêtée, elle est sortie de prison en 2009.

Crédits photo (Domaine Public) : Ricardo Thomas

L'Attentat du Pont-sur-Seine

Si vous avez aimé l’attentat du Petit-Clamart, vous allez adorer l’attentat du Pont-Sur-Seine : mêmes acteurs, même scénario, mais encore plus mal fait. L’idée était la suivante, pour Jean-Marie Bastien-Thiry et ses poteaux de l’OAS : installer une bombe sur le parcours de la bagnole de De Gaulle entre Paris et Colombey et la planquer sous un tas de sable. Tout se passe exactement comme prévu : sauf que la bombe foire et que l’humidité en a largement diminué la puissance. Elle fait poum et y’a du feu sur les arbres, mais la DS n’a rien de rien. Les 6 auteurs de l’attentat sont arrêtés. De Gaulle, invincible.

L'Incident de Toranomon

Le 27 décembre 1923, un partisan communiste essaie de flinguer Hirohito, prince régent du Japon. Il prend un tout petit pistolet et tire une toute petite balle. Manqué. C’est Daisuke Namba qui est l’auteur de la tentative. Il clame qu’il est sain d’esprit, mais on préfère faire comme si il était dingue pour dépolitiser son geste. Jugé fou, il est tout de même exécuté en 1924. L’incident eut également pour effet un durcissement de l’autorité de l’empereur au Japon. Contre-emploi.

La prochaine fois, faudra réfléchir davantage.

Sources : Cracked, Wikipédia