ATTENTION, loin de nous l’envie de contribuer à la défiance ambiante envers les laboratoires pharmaceutiques. On s’est récemment immergé dans l’actuelle série passionnante Dopesick dispo sur Disney + qui nous plonge dans le terrible scandale sanitaire aux Etats-Unis. Il n’en fallait pas plus pour piquer notre curiosité sur d’autres scandales du même genre. Je vous rassure, on parle de cas relativement rares, c’est quand même bien pratique les médocs dans l’ensemble (et je n’ai pas été payée en boîtes de Doliprane par des lobbies pharmaceutiques pour vous le dire, promis).

OxyContin ou la terrible histoire des opiacés aux Etats-Unis

On vous le disait, on est à donf sur la série Dopesick, crée par Danny Strong et basée sur le livre de Beth Macy Dopesick: Dealers, Doctors, and the Drug Company that Addicted America. Elle raconte une enquête de deux décennies sur l’anti-douleur OxyContin, commercialisé par Purdue Pharma. Le médicament se présentait comme non addictif malgré la présence d’opiacés. Evidemment, il n’en était rien et ces petites pilules se sont répandues comme une traînée de poudre chez les Américains, devenus littéralement accro à cette substance. Purdue Pharma a finalement plaidé coupable d’étiquetage et de qualification mensongère en 2017, a à dû payer une des plus grosses amendes de l’histoire des scandales pharmaceutiques.

Mediator, le coupe-faim qui entraînait des problèmes cardiaques

Encore un scandale extrêmement bien résumé dans le film d’Emmanuelle Bercot La Fille de Brest. Le Mediator, ça n’a rien à voir avec l’objet chelou qui sert à jouer mal de la guitare. C’est aussi un antidiabétique qui a été utilisé massivement comme coupe-faim. Vendu par les laboratoires Servier depuis 1976, il aurait ainsi causé quelques centaines de morts et des millions de complications cardiaques entraînant des hospitalisations. C’est à la pneumologue Irène Frachon que l’on doit la découverte de cette entourloupe, le biopic de Bercot raconte cette histoire de David contre Goliath à travers son combat pour faire retirer ce médicament du marché.

Le Levothyrox, un changement de formule qui fait mouche

Ce médicament sert à soigner l’hyperthyroïdie chez plus de 3 millions de personnes en France. Jusqu’en 2017 tout allait bien, puis on a mis sur le marché le même médicament avec une nouvelle formule sans en informer vraiment les patients. Malgré les plaintes, Agnès Buzyn en personne alors ministre de la Santé déclare « Il n’y a aucun scandale ». MOUEF. Il se trouve que cette nouvelle formule a eu pas mal de conséquences auprès de milliers de patients (rien de dramatique fort heureusement). Il faudra attendre 2020 pour que le laboratoire allemand Merck soit condamné à verser 1000 euros pour chacun des plaignants.

Dépakine, les femmes enceintes traumatisées

Ce médicament mis en vente dans les années 60 par Sanofi servait d’antiépileptique. Le problème c’est qu’il avait des conséquences sur les femmes enceintes : un risque élevé de malformations du foetus qui entraîneraient des troubles physiques et moteurs chez quelques milliers d’enfants. En 2020 le groupe pharmaceutique a carrément été mis en examen pour « homicides involontaires ».

Le distilbène, ou comment troquer une fausse couche pour des malformations

Encore un scandale sanitaire concernant les enfants. Cette hormone de synthèse commercialisée en 1948 était censée prévenir des fausses couches. Sauf qu’à la place, ce traitement a surtout provoqué des malformations chez les foetus (sans empêcher les fausses couches par ailleurs). Toutefois il faudra attendre 1977 pour qu’elle soit définitivement retirée du marché.

Le Stalinon

Avec un nom pareil on aurait pourtant dû se douter qu’il y avait une couille dans le pâté. Le scandale du Stalinon ne date pas d’hier. Commercialisé en 1953 pour soigner la furonculose (typiquement le genre de maladies dont on n’a pas envie de faire une recherche sur Google Images) on lui impute 102 décès et encore une centaine de patients qui ont fini lourdement handicapés. Le produit a été rapidement retiré des ventes en 1954 mais beaucoup de mal avait déjà été fait.

Le Vioxx, un anti-douleur pas si chouette

Encore une sombre histoire d’anti-douleur qui vire au drame. Commercialisé par le laboratoire Merck dans les années 2000, cet anti-inflammatoire se présente comme le produit idéal pour les patients atteint d’arthrose et de rhumatismes. Problème, on se rend vite compte que le traitement augmente considérablement le risque d’infarctus. Officiellement on ne recense aucune victime en France (malgré 500 000 patients soumis à ce traitement) mais quelques affaires aux Etats-Unis ont suffi a faire retirer ce produit du marché en 2004.

Diane 35, le traitement anti-acné utilisé comme pilule contraceptive

A la base Diane 35 est un traitement contre l’acné. Commercialisé par les laboratoires Bayer, ce traitement a rapidement été détourné de sa fonction d’origine pour servir de pilule contraceptive durant plus de trois décennies, alors qu’il entraînait des risques de thromboemboliques (quand il était utilisé pour des raisons contraceptives). La pilule a été retirée du marché en 2013 avant d’être rapidement réintroduite mais uniquement pour traiter l’acné.

La chimiothérapie 5-FU qui dans certains cas s'est avérée toxique

La chimio sauve des vies, aucun doute là dessus. Mais ces dernières années une enquête a montré que cette chimio en particulier pouvait être très dangereuse chez certains patients souffrant d’un déficit de l’enzyme « DPD ». Il suffit donc d’un test sanguin au préalable avant de pouvoir administrer ce traitement. Je vous rassure, depuis 2018, c’est ce que recommande la Haute Autorité de Santé sauf qu’en attendant, au moins 1500 personnes auraient souffert d’effets indésirables et 133 auraient perdu la vie entre 2005 et 2015.

Le Lucentis, un médoc hors de prix pour soigner la DMLA

Eh oui parce que dans les scandales pharmaceutiques il n’y a pas que des problèmes de santé, il y a aussi des abus financiers. L’affaire Lucentis a ainsi révélé que le laboratoire Novartis avait mis en vente un traitement contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge trente-trois fois plus cher que son produit concurrent. C’est quand même un peu fort de café.

Sans oublier les médicaments qui ont le plus fait polémique en France…

Source : Le Monde, LCI, Usine Nouvelle