Dernier rempart, chef d’équipe et sauveur possible, il est aussi le premier responsable des buts qu’il prend. Tout seul, là, à jouer avec ses mains, dans le froid, au fond, loin des actions tranchantes, il joue à la fois pour et contre son camp, puisqu’il n’est mobilisé qu’aux moments chauds pour son équipe. Mais pourquoi choisir ce poste ? Et qu’est-ce qu’ils foutent quand ils ne font pas des arrêts ?

Est-ce qu'on peut vraiment être forts sur les pénos ?

Oui et non. En temps normal, un tireur sachant tirer n’a AUCUNE chance de rater son tir, quelle que soit la qualité du gardien. Mais. Mais on peut faire plusieurs choses : on peut anticiper parce qu’on connait bien les habitudes de tir du mec en face ; on peut aussi reculer doucement pour paraître plus grand. On peut aussi distraire le tireur en lui foutant une pression monstre, en paraissant sûr de soi, en jouant l’intox. Et puis on peut avoir du cul. Et tout le monde n’est pas capable de faire ça.

Est-ce qu'on s'emmerde les trois quarts du temps ?

La solitude du gardien de but. Y’a même un bouquin qui raconte ça. C’est un poste solitaire : si tout se passe mal, on se fait chier dessus, si tout se passe bien, on s’emmerde pendant trois heures et on a froid. Et quand on sauve l’équipe, cela ne compte pas comme un but. Autant dire, donc, que c’est un poste ingrat. Et que l’on préfère, paradoxalement, que l’équipe adverse ait des occasions de façon à briller.

Comment on devient goal ?

Il faut avoir le tempérament du gardien. On ne devient pas goal parce qu’on était nul en pointe. On devient goal parce qu’on aime avoir sa propre responsabilité, être manager de défense et dernier rempart, parce qu’on sait manoeuvrer la solitude, qu’on est capable de maintenir une concentration soutenue, parce qu’on a envie de briller mais pas dans le sens du but.

Est-ce qu'on sait jouer au foot quand on est goal ?

Oui. Mais on n’a sans doute pas le niveau de vitesse et de puissance pour jouer ailier ou avant-centre. Mais oui, on sait jouer au foot.

Est-ce que quand tu dois plonger et tomber, ça te saoule ?

Oui et non. Ca peut faire mal si on se prend un poteau ou un adversaire et qu’on crève de douleur ou tout court, comme c’est arrivé au gardien du Celtic de Glasgow en 1931. Donc tu risques de te faire mal, oui, mais tu t’entraînes toute la journée à plonger donc tu sais comment ne pas te blesser en faisant ça. Et en général, tu te poses pas la question : il faut plonger, tu plonges.

Est-ce qu'ils sont forcément bons à la balle au prisonnier ?

Y’a moy’.

Ils font quoi pendant les entraînements ?

Deux choses : d’abord un travail de gammes qui renforce la confiance parce que la psychologie est importante. Ensuite, C’est vrai que la psychologie est une donne très importante à gérer. Ensuite, il faut vraiment s’entraîner à capter des ballons toujours différents, dans des circonstances mouvantes, parce que les trajectoires des ballons sont fluctuantes et qu’il faut développer des réflexes intuitifs.

Pourquoi c'est les seuls à ne pas avoir une coupe de cheveux dégueulasse ?

Ils ont AUSSI des coupes de cheveux dégueulasses. A part Hugo la France.

Pourquoi ils ont des tenus fluo ?

Pour être différenciés des autres joueurs. Parce que, rappelons-le, ils ont le droit d’utiliser les mains, eux. Et pas les autres joueurs. Il faut donc bien les identifier pour ne pas siffler de péno lors des cafouillages dans la surface tout ça parce que le gardien a fait son taf.

Est ce que le goal est grand de base ?

C’est mieux. En Europe, le gardien de grand club le plus petit doit faire 1 mètre 85 ou 86. Il y a quelques années, il était encore possible d’être gardien en faisant 1,76, mais c’est dur. La taille ne fait pas tout, encore faut-il avoir une explosivité et une détente importante. Mais il est vrai qu’à l’heure de couvrir 18 mètres carrés avec sa seule personne, faire 1,90 est un plus.

Llorisque, c’est de jamais avoir le ballon d’or.