En 2012, les BB Brunes chantaient « Tu me plaques comme une affiche au mur » et ils ne parlaient clairement pas des affiches dans le métro car il arrive très souvent que plusieurs d’entre-elles soient interdites. Et oui, ça fait sûrement partie des trucs que vous ignoriez sur le métro parisien, la censure y est aussi présente. Justifiée ou pas, on vous laisse y répondre, nous on a un métro à prendre.

Une une du magazine Têtu avec Bilal Hassani

En ce mois de novembre 2021, le chanteur Bilal Hassani vient d’être sacré « Personnalité de l’année » par le magazine Têtu. L’occasion de faire de la publicité pour la une sur laquelle figure la star. Sauf que cette une n’a pas eu l’air de plaire à tout le monde puisque la société Mediatransports, qui gère les pubs de la RATP et de la SNCF, a décidé de l’interdire : selon eux, la mise-en scène de Bilal Hassani est « trop confessionnelle » et pourrait « choquer certains voyageurs ».

Une publicité de la Fédération des chasseurs

En 2018, les chasseurs ont tenté une approche moderne pour faire leur pub. Suite à un sondage réalisé pour l’émission « Les Grandes Gueules », la Fédération des chasseurs a réalisé des affiches affirmant que les chasseurs seraient les premiers écologistes de France (partant de là, on peut aussi dire que CNews est un média de divertissement pour gauchos). Cette affirmation n’a pas trop plu à la RATP qui a demandé à faire modifier l’affiche, sans quoi elle serait retirée, car il n’y avait pas assez de preuves pour étayer ces propos selon l’ARPP (l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité). Du coup les chasseurs ont râlé un bon coup et ont rajouté un point d’interrogation. On n’est toujours pas sûrs de la crédibilité de cette affiche mais écoutez, si ça leur fait plaisir.

Une publicité du Collectif contre l'islamophobie en France

En 2012, une campagne du CIF (Collectif contre l’islamophobie en France), à ne pas confondre avec le sif, s’est fait refuser d’affichage par la RATP. En effet, Mediatransport a jugé que l’utilisation du mot « nation » dans la phrase « Nous aussi sommes la nation » était politique et n’avait donc pas sa place dans la neutralité du service publique.

Une une de Courrier International sur Nicolas Sarkozy

En 2008, Métrobus, la régie publicitaire de la RATP, a censuré la une du journal Courrier International sur laquelle on pouvait lire « Vu de Madrid : Sarkozy, ce grand malade ». L’hebdomadaire publiait en effet, à l’époque, quatre articles de journalistes européens et ces mots étaient donc la traduction du titre de l’un de ces articles, rédigé par Lluis Bassets, directeur adjoint de la rédaction du journal espagnol El Pais. Ne souhaitant pas être accusé de diffamation, Metrobus a même refusé la changement pour « maladie de l’égo ». Un peu frileux sur la politique quand même.

L'affiche du film "Gainsbourg, vie héroïque"

En 2010, une affiche avec l’acteur Eric Elmosnino, incarnant le chanteur, a été placardée dans le métro avant d’être très vite retirée. En cause, la fumée qui sortait de la bouche de l’acteur. Eh oui car la Loi Evin interdit l’apologie directe ou indirecte de la cigarette, c’est pourquoi la RATP a décidé d’interdire l’affiche même si on ne voyait pas réellement de cigarette. Une autre affiche, sans fumée, a ensuite été publiée. Nous, on pense que ça pouvait être à cause du chaud-froid cette histoire de fumée, mais bon…

L'affiche du film "Coco avant Channel"

En 2009, encore à cause de la loi Evin, l’affiche du film Coco Channel s’est attirée les foudres de la RATP à cause de la cigarette tenue par Audrey Tautou. Les producteurs ont refusé de présenter une nouvelle affiche et le film n’a donc pas connu de publicité dans le métro (et c’est bien dommage parce qu’Audrey Tautou a beaucoup trop la classe sur ces images).

Une affiche de la radio Mouv'

Une très chouette affiche du Mouv qui partait de plein de bonnes intentions à été interdite par la RATP en 2012 sous prétexte que certains voyageurs n’allaient pas comprendre le second degré. On pouvait y voir la photo en noir et blanc d’un petit garçon tenant une pancarte « On ne veut pas aller à l’école avec des enfants noirs », et sur le côté, le commentaire du Mouv qui disait « Non, ce n’était pas mieux avant ». Enfin je veux dire, si on devait s’arrêter à tous les gens qui ne captent pas le second degré, Topito n’existerait pas et le monde serait très triste.

L'affiche de la série d'Arte "Ainsi soient-ils"

Si l’affiche de cette série Arte a été recalée par la RATP en 2012, c’est à cause de la main aux ongles vernis qui caresse le dos d’un prêtre. La RATP ne voulait pas que cette affiche « choque » les voyageurs. Franchement, moi j’avais du dissolvant, y avait qu’à demander quoi, en plus le rouge c’est pas si laid.

L'image de l'album "J'accuse" de Saez

La RATP a refusé de faire la promotion de l’album de Saez, sorti en 2010, à cause de la photo sur la pochette de l’album. On y voit en effet une femme nue dans un chariot de supermarché. Mediatransports avait estimé que cette photo donnait une « image dégradante de la femme », représentée comme une marchandise malgré l’inscription « J’accuse ». En 2013, l’affiche de l’album Miami avait elle aussi été interdite pour ne pas choquer les usagers car on y voyait en gros plan un cul de meuf tenant une bible. Bon après, c’est vrai que si on peut lutter contre l’hypersexualisation des femmes, nous on dit pas non.

L'affiche du spectacle de Stéphane Guillon

En 2012, l’acteur Stéphane Guillon a dû faire retirer l’affiche de promotion de son nouveau spectacle car la RATP a décidé de les interdire. On pouvait y lire « Stéphane Guillon s’en va aussi », une référence au départ de Nicolas Sarkozy qui quittait l’Élysée à l’époque. Mediatransports souhaitant « s’abstenir de toute communication à caractère politique », l’entreprise a interdit les affiches. Pas sympa en vrai.

Crédits photo : Capture d'écran du site de Stéphane Guillon

L'affiche du film Anges et Démons

L’une des affiches faisant la promotion du film Anges et Démons, sorti en 2009, a été censurée dans le métro. En effet, on pouvait lire l’inscription « Que nous cache le Vatican ? » en haut de l’affiche. Hors, pour la RATP, il s’agissait d’une atteinte à l’État du Vatican et une loi de 1881 interdit de s’en prendre à un dignitaire étranger.

Une affiche pour une exposition sur Jacques Tati

Cette censure de la RATP a été l’une des plus polémiques. En effet, en 2009, alors que devait se tenir une exposition sur le réalisateur à la Cinémathèque, la RATP a demandé à ce que la pipe de Jacques Tati soit remplacée si l’on ne voulait pas que les affiches soient interdites, encore une fois à cause de la loi Evin. La pipe a donc été changée par un moulin à vent d’enfant. Claude Evin, l’auteur de la loi lui-même, a qualifié cette censure de « ridicule » et on est pas mal d’accord avec ce monsieur.

Une affiche du film "Je suis à vous tout de suite"

En 2015, l’une des nombreuses affiches de la comédie Je suis à vous tout de suite a été interdite par la RATP. Cette affiche montrait le personnage d’Anémone, la grand-mère, et on pouvait y lire « Elle aime le tricot le casino et le thé le cannabis ». À cause de l’évocation du cannabis, Mediatransports a donc refusé de diffuser cette campagne publicitaire.

L'affiche du concert des prêtres en 2015

En 2015 également, la RATP a refusé de diffuser une publicité pour le concert du groupe Les Prêtres à cause de la mention « Pour les chrétiens d’Orient ». Metrobus a justifié sa décision en évoquant son principe de laïcité. Suite à la polémique, la RATP a finalement fait marche arrière et les affiches ont pu être conservées telles quelles.

M’enfin, tomber sur ces affiches, c’est toujours mieux que de se perdre dans l’une des pires stations du métro parisien ou de tomber en panne sur l’une des pires lignes du métro de Paris.

Sources : Europe 1, Le Parisien, Libération, France 3, Allociné.