Les humains sont ce qu’ils sont. A travers les siècles, quelle que soit leur position sociale, quelle que soit la portée de leur nom, ils ne sont rien d’autres que des petits lutins possessifs qui ne détestent rien tant que de perdre un truc qui leur appartenait. On veut récupérer son ex, parce que, par principe, si on se fait larguer, on veut gagner à la fin. Personne ne déroge à la règle.

Verlaine

Verlaine était marié mais amoureux de Rimbaud. Les deux étaient violents et un peu dingues – saoul à l’absinthe, Verlaine a quand même frappé et violé Mathilde, sa femme, pour donner une idée. Or, Rimbaud menait sa petite vie et n’en pouvait plus des atermoiements permanents de Verlaine. Incapable de se passer de son amant, Verlaine le rejoint à Londres en 1872 et comprend que Rimbaud va le quitter. Ca va pas fort, de son côté. Alors, pour essayer de le récupérer, il fait un truc qui n’est ni très recommandé, ni très recommandable : il lui tire dessus le 10 juillet 1873 à Bruxelles et le blesse à la main.

Il est incarcéré et sort en 1875. Et là, il refait un truc particulièrement ridicule : il essaie de récupérer Mathilde, en l’implorant à genoux de revenir avec lui. Peine perdue. Les deux divorcent.

Crédits photo (Domaine Public) : Otto Wegener

Adèle Foucher

Adèle Foucher était l’épouse de Victor Hugo, qu’on aurait probablement surnommé « Vito le queutard » si on avait été vulgaire à l’époque. Parce qu’en plus d’Adèle, il avait un grand amour, dans sa vie, Juliette Drouet. Et ça, Adèle avait forcément du mal à le supporter. Sauf que Hugo était insatiable : il s’est aussi entiché d’une jeune romancière, Léonie d’Aunet. Et là, c’est la passion : les deux amants sont surpris par une patrouille de police alors qu’ils couchent ensemble dans une impasse, en pleine rue. Hugo est libéré car il est pair de France, mais la petite Léonie termine en prison.

Et c’est là qu’Adèle Foucher est maligne : elle n’a pas peur du tout de Léonie d’Aunet ; en revanche, Juliette Drouet… Elle va donc voir Léonie en à la prison Saint-Lazare et commence à s’occuper d’elle en mode BFF, l’aidant à publier ses bouquins et à subvenir à ses besoins de façon à la rendre plus importante aux yeux de son mari que Juliette Drouet et s’attirer la sympathie de Victor Hugo du même coup.

Et c’est en bonne copine qu’Adèle Foucher dissuadera cette même Léonie de rejoindre Hugo en exil à Guernesey. Bien ouej.

George Sand

Alfred de Musset et George Sand, c’était « it’s complicated » sur Facebook. Pour vous donner une idée de l’ambiance, dans les années 1830, ils partent en Italie en amoureux, Musset tombe malade et George Sand se met à sortir avec le médecin qui le soigne. Pas hyper classe. Bref, Musset l’a mauvaise, mais quand ils rentrent à Paris, ils se remettent ensemble. Et c’est à nouveau le bordel absolu, engueulade de tous les côtés. Musset n’en peut plus, et il largue George Sand en 1834.

Et alors là, George Sand pète un câble. Elle inonde Musset de lettres auxquelles il ne répond pas. Alors, ne sachant plus quoi faire, elle fait n’importe quoi : elle se coupe les cheveux à ras et fout toutes les mèches dans une enveloppe avec un mot de menace de suicide.

Et ça marche : Musset fond en larmes et recontacte George Sand en janvier 1835. Et c’est reparti, on remet une pièce dans la machine. George Sand est ravie. Pour 3 mois. Parce qu’en mars 1835, c’est elle qui largue définitivement Alfredo.

Napoléon

Le 1er janvier 1807, alors que les troupes napoléoniennes occupent le territoire polonais, Marie Walewska rencontre l’Empereur. Pour les Polonais, l’arrivée de Napoléon, c’est Noël : ils vont pouvoir se défaire de l’emprise conjointe des Russes et des Prussiens. Et Napoléon flashe sur la jeune fille, qui est une fervente militante de l’indépendance polonaise. Et c’est là qu’elle est maligne : elle demande l’accord de son mari pour devenir la maîtresse de Napoléon et part avec lui pour une petite escapade en Prusse. Et genre Napoléon est TROP content. Comme un gosse qu’on dépucèle. C’est là que Marie va bien jouer ses pions : elle menace de revenir auprès de son mari. Et que fait Napoléon ? Il crée le Duché de Varsovie pour faire plaisir à Welweska. En réalité, c’est très inférieur aux attentes des Polonais, mais il prend le risque de déplaire au tsar en prenant cette décision.

Lénine

Exilé à Paris, Lénine rencontre Inès Armand en 1910 dans les milieux révolutionnaires russes. C’est l’amour tout de suite, même si les deux amants n’ont rien à voir : Lénine est chiant comme la pluie, passe son temps à travailler et à écrire ; Inès Armand aime sortir, les hommes, s’amuser. Pour autant, elle n’est pas frivole : elle a la cause des femmes chevillée au corps. En tout état de cause, Lénine ne quitte pas sa femme. Comble pour un révolutionnaire : il est trop attaché à son confort petit-bourgeois avec bobonne qui lave le linge.

La révolution arrive, puis c’est la guerre civile. En 1920, la Russie est à feu et à sang. Depuis plusieurs années, Lénine traite très mal Inès Armand, l’envoyant effectuer des missions extrêmement périlleuses, lui demandant de traduire des correspondances sans jamais la rétribuer, l’envoyant chier quand elle lui demande de quitter sa femme (alors même que celle-ci a proposé plusieurs fois à Lénine de divorcer). Bref, c’est la merde et Inès Armand en a marre, d’autant qu’elle est malade.

Du coup, Lénine fait un truc qu’on appellerait aujourd’hui de l’abus de bien social. Il fait installer un téléphone à Inès (un luxe absolu, en 1918) et utilise le commissariat populaire pour prendre de ses nouvelles et essayer de la faire soigner. De peur qu’elle ne le quitte, il lui interdit d’aller se faire soigner à Paris. Et… Elle meurt, évidemment.

Pas très soviet, tout ça.

Crédits photo (Domaine Public) : Auteur inconnuUnknown author

De Beaumont et Henri IV

Henri IV aussi était assez porté sur la bricole. Parmi ses maîtresses, on compte Charlotte Des Essarts, une jeune noble à la la jambe légère et intrigante comme pas deux. Henri IV la repère et lui fait deux gosses. Mais Riton n’est pas le seul homme de la vie de Chacha, qui entretient des liaisons multiples, notamment avec M. de Beaumont, un gentilhomme de la cour. Et Beaumont n’est pas content du tout du tout d’être cocufié avec le roi.

Du coup, pour mettre un terme à la liaison royale, il fait un move qu’on pourrait qualifier de suicidaire : il fait porter à Henri IV les lettres enflammées que Charlotte lui a envoyées, histoire de bien montrer c’est qui qui domine.

C’était un coup à se retrouver embastillé. Au lieu de ça, le roi a envoyé Charlotte au couvent et tout le monde avait perdu.

Madame de Pompadour

Favorite de Louis XV, auprès de qui elle exerçait une grande influence politique, Madame de Pompadour sentait le vent tourner. Elle avait perdu sa fraîcheur d’antan et, quitte à ne plus baiser avec le roi, elle voulait contrôler qui la supplantait pour ne pas se retrouver gros jean comme devant et perdre toute influence politique. Elle a donc demandé à certains proches du roi de repérer des jeunes filles à même de plaire à Loulou pour ensuite loger celles qui lui paraissaient convenir dans le pavillon de chasse dédié au ministère des affaires sexuelles.

En gros, la nana a organisé de manière industrielle la tromperie royale pour ne pas se faire larguer. Puissant.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : François Boucher

Catherine de Médicis

Catherine de Médicis est totalement délaissée par son mari, le roi Henri II, qui lui préfère Diane de Poitiers – et de loin. L’idylle entre Diane et Henri va durer 20 ans ; 20 ans d’enfer pour Catherine de Médicis, larguée de fait mais qui a tellement peur de se faire larguer officiellement qu’elle met en place une stratégie maligne pour rester auprès du roi.

Elle prend Diane de Poitiers comme dame de compagnie et fait en sorte de conserver de bonnes relations avec elle. Son but ? Que Diane de Poitiers dise du bien d’elle au roi : et ça marche ! Peu à peu, grâce à l’appétit sexuel retrouvé d’Henri II auprès de sa maîtresse, il recouche avec sa femme légitime. En douze ans, Catherine de Médicis accouche 10 fois. C’est gagné, c’est gagné !

Gauguin

On peut d’une certaine manière dire que Mette Sophie Gad a été légèrement trompée sur la marchandise en épousant Gauguin. A l’époque, il était agent de change et très aisé… avant de décider de se lancer dans la peinture et de baiser à tout va. Obligé, en raison des dettes accumulées, de rentrer au Danemark avec sa femme, Gauguin se fait royalement chier et finit par abandonner femme et enfant. Il voyage, part notamment aux Marquises et devient ce qu’on appelle un vieux dégueulasse : il couche avec des filles de 13 ans, c’est sale sale sale. Puis il rentre à Paris, couche avec tout ce qu’il trouve alors même que son corps est rongé de maladies et peint et baise et peint et baise.

Pendant ce temps-là, Mette a refait sa vie au Danemark. Mais Gauguin ne lâche pas l’affaire : il ne cesse de lui écrire des lettres pathétiques en lui demandant de l’attendre.

Les lettres ne racontent pas qu’il couche avec des filles de 13 ans.

Crédits photo (Domaine Public) : Paul Gauguin

Il faut apprendre à lâcher prise.