Parfois, il peut se passer énormément de temps entre le moment où un type futé invente quelque chose et celui où cette chose trouve son utilité définitive. Et pendant ce temps-là, la chose inventée est utilisée pour des choses très très très étranges, voire totalement choquantes. C’est le cas du phosphore, dont le découvreur espérait tomber sur de l’or, ou de la tronçonneuse, qui servait essentiellement à couper de la jambe.

Les allumettes ont été crées par un mec obsédé par la pisse

En fait, pas tant les allumettes que le phosphore que l’on utilise pour les faire marcher. Le phosphore, il y en a à peu près partout, et on doit son utilisation à un allemand, Hennig Brandt. En 1660, comme tant d’autres dingos, Brandt cherchait à changer n’importe quoi en or. Enfin pas n’importe quoi : des trucs dorés, quand même. Et qu’est-ce qui a une jolie couleur dorée ? La pisse. Il s’est donc démerdé pour en récupérer des hectolitres qu’il a fait cuire pendant des heures en espérant que tout ça allait briller sévère : et c’est ce qui s’est passé, mais ce n’était pas de l’or. Le dépôt de toute cette urine cuite, c’était du phosphore. Eurêka.

Les kleenex comme les serviettes hygiéniques viennent de la grande guerre

L’histoire est connue : pendant la première guerre mondiale, Kimberly-Clark produisait des compresses à balle pour les blessés ainsi que d’autres trucs en coton. Mais quand la guerre s’est terminé, la boîte s’est retrouvé avec des stocks invendables de coton dont elle ne savait pas quoi faire. Du coup, il a fallu trouver comment refourguer tout ça : et c’est là que des gens ont eu une idée. On pourrait en faire des kleenex ? Et voilà comment le truc a été lancé. Et dans le même temps, des infirmières ont commencé à utiliser les compresses pendant leurs règles pour éviter de foutre en l’air leurs fringues. L’idée a fait du chemin.

Le Braille était au début un code secret de l'armée française

Le problème, quand on écrit une lettre, c’est que pour la lire, il faut de la lumière. Or c’est pas toujours fastoche ni très prudent d’allumer une chandelle au milieu d’un champ de bataille. Bref, voilà le genre de problèmes auxquels Napoléon Ier était confronté au début de son mandat impérial, vu que Napoléon, on le sait, la guerre il aimait ça. Du coup, Napoléon a demandé à un ancien pote de cours, Charles Barbier, de réfléchir à une solution pour cette histoire de lecture sans lumière. Et Barbier proposa un système avec des points en surbrillance indiquant les coordonnées d’une lettre. Sauf que c’était super compliqué et que Napoléon a jeté l’idée aux orties. Mais Barbier n’avait pas dit son dernier mot : il est allé dans un institut pour aveugles et leur a appris la méthode pour qu’ils puissent lire, méthode qui a ensuite été récupérée et améliorée par Louis Braille, un des élèves de l’institut.

La tisane "bonne nuit" est issue d'une secte

Vous n’avez probablement jamais entendu parler du Livre d’Urantia, un gros coup d’édition des années 30 ou 40 : le bouquin était présenté comme un héritage de temps anciens dont on ignorait l’origine et qui aurait pu être écrit par des êtres célestes. C’est évidemment un texte religieux, qui explique notamment l’histoire détaillée de Jésus et d’autres conneries de ce genre. Or, en 1969, Mo Siegel, l’un des patrons de l’entreprise Celestial Seasonings, une boîte américaine spécialisée dans les thés, tombe sur le bouquin et décide d’en épouser la religion. Et c’est en suivant les enseignements du bouquin qu’il crée la tisane « bonne nuit ».

La couleur mauve a été créée en essayant de lutter contre la malaria

On avait déjà distingué le mauve du violet autour de 1781 en observant les fleurs, mais on ne savait absolument pas comment produire du mauve. Or, en 1856, le chimiste William Perkin bossait sur un procédé pour produire de la quinine en grosse quantité, rapport au fait que la malaria faisait des ravages avec les allers-retours de colons et que les gens en mouraient grave et que pour éviter d’en mourir, et bah il fallait prendre de la quinine. Et William Perkin n’y arrive pas du tout. En revanche, il réussit à produire un précipité très très jôôôli qu’il appelle mauvéine et qu’il refila plutôt à des teinturiers et des mecs de l’industrie textile. La malaria attendra.

Les tapis de course étaient autrefois des objets de torture

Au XIX° siècle, il ne valait mieux pas être un déserteur. Soit on était fusillé, soit on était capturé et torturé ; et une bonne manière de torturer les gens consistait à les épuiser à la fois physiquement et moralement. Or, les tapis de course étaient assez adaptés à cette mission. Les prisonniers devaient donc avancer sur un tapis pour faire tourner une roue, oui, comme des hamsters. Parfois, la roue en question n’avait aucune utilité, parfois elle permettait l’extraction d’eau ou de maïs. La pratique perdura jusqu’en 1898. Et le tapis de course gagna les salons et les salles de sport encore beaucoup plus tard.

La tronçonneuse servait à découper des os

Croyez-le ou non, mais l’auteur de Massacre à la tronçonneuse n’a pas réellement détourné l’objet tronçonneuse : il l’a plutôt ramené à sa première vocation. La toute première tronçonneuse a été créée en 1830 par un orthopédiste allemand, Bernhard Heine, qui s’en servit non pas pour couper des arbres mais bien pour faciliter ses opérations sur le corps humains (entendez la découpe). Une idée de génie qui fut ensuite standardisée dans toutes les bonnes salles d’opération pendant tout le XIX° siècle.

Les talons hauts avaient au départ pour objectif d'éviter de se pourrir les pieds

Vous savez, le Moyen-âge, tout ça tout ça, une période où on balançait les cadavres et les ordures dans la rue et où les gens marchaient en sabot ? Et bah c’était problématique, cette affaire, parce que marcher en sabots dans la fange c’était pas hygiénique hygiénique. On inventa donc un truc pour éviter aux gens de marcher dans la merde tout le temps : les talons hauts, plutôt du genre compensés qu’aiguilles au départ, et qui n’avaient strictement rien de glamour.

Le tire-bouchon servait à extraire des douilles

L’origine du tire-bouchon remonte aux années 1630 ; or, à l’époque, l’outil ne servait ABSOLUMENT pas à tirer des bouchons, mais bien à tirer des douilles et des cartouches coincées dans les mousquets. C’est en Angleterre, à la fin du XVII°, que des gens se sont dit : « Wahou, mais c’est vachement pratique pour ouvrir des bouteilles de vin, aussi ! » A partir de là, on fabriqua du tire-bouchon à tire-larigot et on perfectionna le système.

Les cymbales

Les cymbales n’ont pas toujours été associées aux batteries – d’autant que les batteries n’ont pas toujours existé. Au départ, les cymbales étaient utilisées par l’armée ottomane et fabriquée par Zildjian à Constantinople : leur but n’était pas non plus musical, puisque les cymbales étaient utilisées par les soldats pour faire un vacarme de tous les diables, paraître plus nombreux et terrifier l’ennemi.

Je n’utiliserai plus jamais un tapis de course.

Sources : Cracked, Whatculture, Huffington Post