BASTON GÉNÉRALE ! Voilà le mood dans lequel les Français sont près de neuf mois sur douze (surtout quand on nous parle de réforme des retraites). Et pour crier notre mécontentement, quoi de mieux qu’une bonne manifestation accompagnée d’une petite grève des familles ? Si vous n’êtes pas un habitué des pancartes et banderoles de manifs, pas de panique, on vous a préparé un petit lexique pas piqué des hannetons pour tout comprendre au vocabulaire de la manifestation avant de partir chanter des slogans gauchistes. Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?

Brav-M

Aussi appelée « les volants », la Brav-M signifie tout bêtement Brigade de répression de l’action violente motorisée. Elle est appelée uniquement lors de rassemblements pouvant dégénérer dans les grandes villes (notamment Paris) et fonctionne par binôme de deux sur une moto. C’est un peu les shérifs des forces de l’ordre car ils sont chargés d’agir lors d’émeutes, de violences urbaines, de troubles, etc. Et le rôle de shérifs, ils le prennent bien à cœur car ils sont souvent à l’origine de violences policières, comme en 2019 lors du mouvement des gilets jaunes (mais bon, si c’étaient les seuls…).

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Domenjod

LBD

C’est le truc que vous n’avez vraiment envie de voir face à vous. LBD veut dire littéralement Lanceur de Balles de Défense, donc comme vous pouvez l’imaginer, c’est un mec qui vous lance un projectile dessus dans le but de te dissuader ou de te neutraliser. On appelle aussi ces armes de force intermédiaire « Flashballs » (du nom de la marque qui les commercialise). Elles n’ont pas pour but de rentrer dans le corps humain, contrairement à une balle de pistolet, mais en vérité, si un flashball est tiré à une distance trop courte, il peut être mortel. Entre 2004 et 2019, 23 personnes ont perdu un œil et une est décédée à cause d’un tir de LBD. Ça fait pas du tout plaisir.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Alternative libertaire from France

Grenades de désencerclement

Cette grenade à main que vous n’avez pas envie de croiser sur votre trajectoire est utilisée par les forces de l’ordre pour repousser les manifestants. Contrairement aux grenades explosives qu’on voit dans les films, les grenades de désencerclement ne contiennent pas des morceaux de métal mais des petits plots de caoutchouc qui sont propulsés de façon incontrôlée. La grenade peut aussi contenir du gaz au poivre. Et croyez-moi vous n’avez certainement pas envie d’être la cible d’un des bouts de caoutchouc car les grenades de désencerclement peuvent provoquer de graves blessures comme la perte d’un membre.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Chaoborus

CRS

Les CRS, pour Compagnies républicaines de sécurité, font partie d’un groupe spécifique de la police dédié au maintien et au rétablissement de l’ordre public. Contrairement à la Brav-M, les CRS ne sont pas mobiles et sont normalement là pour contenir et encadrer le cortège en manifestation, et non pas pour dissiper les foules comme les unités à moto. Notez le « normalement » dans ma phrase précédente.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Domenjod

Nasse

Aussi appelée encerclement, la nasse est une technique policière pour contenir une manifestation. Elle consiste tout simplement pour les forces de l’ordre à réaliser un cordon tout autour des manifestants (ou d’un groupe en particulier) pour les contenir et les immobiliser pendant un certain temps. Évidemment, il y a eu des débordements car des manifestants pacifiques et des spectateurs ont été retenus contre leur gré dans ce nassage. Suite à cela, le Conseil d’État a finalement jugé illégal la pratique de la nasse en France, sauf circonstances particulières. Mais bon, c’est pas pour ça qu’on ne la voit pas dans toutes les manifs hein !

ACAB

On pourrait croire que ça veut dire « All Cats Are Beautiful » (« Tous les chats sont beaux ») mais en vérité, ça veut dire « All Cops Are Bastard » (« Tous les flics sont des connards ») qui est un acronyme très utilisé en manifestation, notamment par les anti-police. En tout cas, c’est clairement pas un truc à dire à un CRS qui vous interpelle.

1312

C’est le nombre qui remplace parfois l’expression « ACAB » en manifestation, car les chiffres correspondent à la position des lettres dans l’ordre alphabétique. C’est plus subtil mais tout aussi efficace.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Valeria Rojas Bruna

Lacrymo

On utilise le mot « lacrymo » pour parler des gaz lacrymogènes employés sous forme de grenades par les forces de l’ordre uniquement pour disperser les émeutes car il irrite fortement les yeux et les voies respiratoires. Si vous souhaitez en faire l’expérience, prévoyez un mascara bien bien waterproof (on déconseille évidemment). Pour aller en manif, rien ne vaut un bon foulard et des lunettes de soleil pour ne pas se faire avoir.

Crédits photo (CC BY 2.0) : David.Monniaux

Cortège

C’est le nom qu’on donne au groupe composé de manifestants qui défilent sur la voie publique. On parle de tête et de queue de cortège pour évoquer les manifestants qui leadent et qui ferment la marche. En avant toute !

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : MHM55

Sérum Phy

Le sérum physiologique, qu’on utilise pour nettoyer le nez des bébés ou les plaies de piercings est le meilleur pote des victimes de lacrymos en manif. Cela permet de bien soulager les yeux lorsqu’on a été en contact avec un gaz incapacitant. D’autres utilisent aussi des médicaments et des lingettes décontaminantes mais le sérum phy sera toujours un allié de premier choix.

Tonfa

Aussi appelé bâton de protection à poignée latérale, le tonfa est une arme dont le port (rien à voir avec les bateaux) est interdit sans autorisation administrative. Elle se différencie de la matraque par sa petite poignée trop pratique pour la tenir en cas de besoin pour frapper les manifestants (oups, je l’ai dit). C’est drôle parce que la police appelle le tonfa « bâton de défense ». Vous voyez l’ironie ou kwa ?

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Original téléversé par Ukulele sur Wikipédia français.

SO

Le SO, pour Service d’ordre, désigne les personnes en premières lignes des manifestations qui sont chargées d’assurer la protection des militants syndicalistes. Chaque centrale syndicale a un service d’ordre censé formé un cordon pour protéger ses manifestants. Mais parfois, il arrive qu’eux-mêmes soient victimes de violences de la part de manifestants car accusés de collaborer avec la police, comme pour la loi travail en 2016.

FDO et GM

FDO (ou même FO) désigne tout simplement les Forces de l’ordre, soit toute personne de la gendarmerie ou de la police pouvant utiliser son autorité pour maintenir l’ordre et appliquer la loi. Le sigle GM désigne quant à lui les gendarmes mobiles, un groupe issu de la gendarmerie nationale qui a pour but de faire régner l’ordre, comme les CRS avec qui ils sont souvent confondus. Ces deux groupes sont d’ailleurs appelés « Unité de force mobile ». On dit que les GM sont mobiles car ils sont très souvent en déplacement pour effectuer différentes missions (battues, protection d’édifices…). Jusqu’en 2016, le métier de gendarme mobile était encore interdit aux femmes.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Claude TRUONG-NGOC

Légal Team

Il s’agit d’un service juridique déployé dans les manifestations pour venir en aide aux personnes qui seraient interpellées ou qui auraient besoin d’une assistance spéciale en cas de problème. Ces conseillers distribuent au début de la manifestation leurs numéros de téléphone sur des tracts pour que les victimes et témoins puissent les joindre facilement en cas de besoin. Ce sont aussi eux qui relèvent autant que possible les interpellations afin d’aider lors de la défense de certains prévenus.

Street médic

Cette expression anglaise désigne les volontaires bénévoles qui portent une assistance médicale aux personnes blessées lors de manifestations par des tirs de LBD, des coups ou encore du gaz lacrymogène. On peut les reconnaître grâce à leurs croix, leurs sacs de premiers secours ou leurs casques. Mais on peut surtout leur dire merci.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Patrice CALATAYU from Bordeaux, France

Sommation

Ce sont les différentes phrases que doit utiliser la police lors d’intervention en manifestation avant d’avoir recours à la force pour disperser les foules. On peut trouver des phrases du genre « Première sommation : nous allons faire usage de la force. Quittez immédiatement les lieux » ou encore « Barrez-vous bande de sacs à merde, on arriiiiive ». Pas très sympa les sommations donc.

Casseurs et Black Blocs

On parle de casseurs pour désigner les manifestants qui s’en prennent volontairement au mobilier urbain pour exprimer leur désaccord. On appelle black-blocs les manifestants qui, par activisme, utilise l’action directe (et notamment la violence) pour défendre une idéologie commune et qui se cachent sous des vêtements noirs et des cagoules pour réclamer la liberté. S’ils existent différents types de black-blocs (même des non-violents, allez comprendre), ils visent en général les lieux de pouvoir ou ce qui a un lien avec le capitalisme (comme les banques).

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Autonome NewsflasherInnen

Mobilier urbain

Globalement, le mobilier urbain désigne tout ce qui constitue des « meubles » de rue, comme des abribus, des poubelles, des panneaux de signalisation, des bancs, des vitrines, des panneaux publicitaires, etc. On en parle beaucoup en cas de dégénération de manif car c’est en général le mobilier urbain qui prend le plus cher en termes de dégradations. On les embrasse.

Petit groupe très mobile

Ce terme utilisé par les forces de l’ordre désigne un petit groupe de casseurs (aussi appelés « mobiles ») qui s’est rassemblé de façon aléatoire et qui se déplace très rapidement et qui est donc difficile à appréhender.

Merguez

L’aliment le plus consommé par les syndicalistes CGT en manif. C’est clairement pour ce met qui succule qu’on fait grève.

Crédits photo (CC BY 3.0) : Claude Villetaneuse

ALLEZ À L’OPÉRA, ON PREND LA BASTILLE, ON FAIT LA RÉVOLUTION !

Sources : Les Inrock, 20 Minutes.