Tous les jours, des gynécologues obstétriciens sauvent des vies. Ils opèrent dans l’ombre, au planning familial en France ou ailleurs, certains pratiquent en cachette dans des pays qui condamnent l’avortement, d’autres font progresser la chirurgie obstétricale en faveur des femmes. Bref si on ne cite que huit noms dans cet article, c’est sans oublier tous ceux dont le nom est moins connu mais dont la pratique est tout aussi exemplaire.

Denis Mukwege : des soins pour des femmes violées

C’est l’homme dont on parle en ce moment. Prix Nobel de la paix reçu le 5 octobre 2018. Agé de 63 ans. Ce praticien soigne des femmes violées en république démocratique du Congo tout en luttant pacifiquement contre le président Joseph Kabila mais aussi contre la stigmatisation des femmes violées Yazidies en Irak. On dit qu’il « répare » les femmes. Son existence aura sauvé la vie de nombreuses femmes alors finalement, quelque part, on trouve que c’est un mec plutôt sympa.

René Frydman : le premier "bébé éprouvette"

C’est simple, on lui doit la naissance du premier « bébé éprouvette » mais aussi des bébés français conçus à partir d’ovocytes congelés. Une prouesse scientifique et médicale qui a permis de lutter contre la stérilité. Il a d’ailleurs également créé une fondation : Prévention et lutte contre la stérilité. Et même si on n’aime pas les enfants, c’est plutôt chouette comme projet.

Alice B. Stockman : le plaisir féminin

Alice Bunker Stockham (sympa le blase) a été la 5ème femme américaine à obtenir le statut de médecin au XIXème siècle. On peut dire qu’elle est assez pionnière dans son genre. Du coup, quitte à être pionnière dans le milieu médical, elle a lutté toute sa vie pour l’égalité des sexes et surtout le plaisir au pieu (coucou la masturbation !). Elle s’est opposée au port du corset qu’elle estime non seulement inconfortable mais aussi dangereux pour les femmes et a milité pour la pratique de la masturbation féminine. Elle a pris la défense des femmes divorcées et des prostituées (à l’époque leur statut n’était pas si éloigné) en offrant notamment des séances de gynécologie gratuites. Bref, c’est une meuf qui assure.

Gisella Perl : le planning familial

Gynécologue et déportée juive à Auschwitz. Gisella Perl n’a pas vu des trucs très jolis jolis dans les camps. On peut de toute évidence parler d’une vie de cauchemar dont on ne voit pas comment on pourrait ressortir vivant. Alors qu’elle est affectée à l’hôpital du camp, elle est témoin des horreurs scientifiques qui sont perpétuées sur les déportés par les médecins nazis. Elle tente comme elle peut de faire accoucher ou avorter les femmes clandestinement pour leur éviter les horreurs qui les attendent. Malgré toutes ces horreurs, et après avoir perdu toute sa famille, elle sort vivante du camp à la fin de la guerre et devient pionnière du planning familial aux Etats-Unis. OK. Respect.

Kyusaku Ogino : la méthode de contraception (plutôt contestée depuis)

Vous connaissez peut-être la loi d’Ogino. Ou peut-être pas parce qu’en fait cette méthode de contraception s’est avérée pas si efficace que ça. En gros, Kyusaku Ogino a fait une découverte physiologique : l’ovulation de la femme ne se produit en théorie qu’une fois au cours du cycle menstruel. Donc, si on parvient à repérer cette étape, on peut utiliser la méthode Ogino en guise de contraception. SAUF QUE, cette méthode a été popularisée par un autre gynéco, Hermann Knaus, contre l’avis d’Ogino lui-même qui craignait que ça ne soit pas du tout efficace si on n’a pas un cycle ultra régulier (ce qui est rarement le cas il faut bien l’avouer). Toutefois on ne peut pas jeter la pierre à Ogino qui a tout de même fait une découverte majeure, et malheureusement ce n’est pas de sa faute si on l’a appliqué n’importe comment par la suite.

Agnodice (vers 300 avant J. C) : les femmes dans la médecine

On aura du mal à vous dire qui était la toute première femme gynécologue à exercer sur terre, il y a fort à parier qu’elle bossait en cachette. Toutefois, on connait la première Athénienne à avoir pratiqué cette spécialité alors qu’il était interdit aux femmes grecques (ainsi qu’aux esclaves) d’étudier. C’est donc en se déguisant en homme qu’elle pu commencer sa pratique. De nombreux hommes légèrement agacés par son travail ont tenté de la buter ou de la faire arrêter, mais sous la pression des femmes d’Athènes, elle pu abroger la loi interdisant les femmes d’étudier. YAY.

Émile Papiernik : la lutte contre la mortalité infantile

En 1969, il met au point une technique de prévention contre les naissances prématurées. Ses découvertes lui permettent de réduire grandement la mortalité infantile et surtout de classer la France au premier rang mondial pour la sécurité de la grossesse et de l’accouchement. Il a par ailleurs été à l’origine du congé maternité supplémentaire de deux semaines destinés aux femmes fatiguées ou malades. Et puis tant qu’on y est il a surtout été un des premiers gynécos à ouvrir un service d’IVG après la loi Veil (service dans lequel René Frydman, tiens, tiens, tiens, on le retrouve celui-là, a fait naître le premier « bébé éprouvette » en 1982).

Bernhard Zondek : le premier test de grossesse

Gynéco obstétricien juif en Allemagne. Il se fait virer en 33 alors que les nazis arrivent au pouvoir. Il quitte son pays natal pour la Suède. Et on le connait principalement pour son travail en endocrinologie (la science des hormones) et, et, et, et… le tout premier test de grossesse fiable créé en 1928, YOUHOU !

Sources : Wikipedia, Le Monde,