Sur sa page Facebook, John d’Orbigny Immobilier, une agence immobilière parisienne dont le fondateur est passionné par l’histoire de Paris, publie régulièrement des reportages photo d’archive sur la capitale, son passé, ses grandes mutations. Remarquablement documentés, ils donnent à voir tout le passé de Paris, ce qui est sympathique quand on aime bien la nostalgie. C’est sympa, la nostalgie. Et niveau grands magasins, Paris en a connu des vertes et des pas mûres, comme on aurait dit en 1937 pour avoir l’air cool. L’histoire commence dans les années 1830, quand la colonisation de l’Algérie entraîne l’ouverture de bazars dans les grands villes françaises par imitation et goût de l’exotisme. Le nom grand magasin n’apparaît qu’à la fin du XIX° siècle.

La Belle Jardinière

Développée dans les années 1830, la Belle jardinière disparut en 1972. Spécialisée dans la confection de vêtements pour la classe moyenne émergente, l’entreprise connut un succès considérable et ouvrit plus de 10 succursales. Situé sur le quai de la Mégisserie, sur l’île de la Cité, le magasin est aujourd’hui remplacé par un Conforama.

A la ville de Saint-Denis

Situé à l’angle des rues du faubourg Saint-Denis et de la rue de Paradis, à la ville de Saint-Denis était le premier magasin doté d’un ascenseur pour le public. Il aura vécu près de cent ans, entre 1845 et 1930. Magasin de nouveautés, il connut un incendie en 1908. Des bistrots attenants ont repris le nom, notamment A la ville de Provins, situé près de la gare de l’Est.

A Réaumur

Cet ancien grand magasin vendait des nouveautés rue Réaumur. Ouvert en 1897, le magasin était immense : 2500 m² en 1900 et plus de 6000 en 1930. Felix Faure lui-même s’est déplacé pour inaugurer son ouverture. A Réaumur possédait des succursales dans d’autres grandes villes et proposait ses propres pièces de confection à la vente, notamment par correspondance.

Au Gagne Petit

Située avenue de l’Opéra, le Gagne Petit a été établi en 1878 au moment où l’avenue de l’Opéra a été percée au milieu des anciennes petites rues attenantes. La façade, monument historique depuis 1983, présente un bas relief remarquable. Le Monoprix qui occupe désormais les lieux l’a conservé.

Au Pauvre Jacques

En plein sur la place de la République, Au pauvre Jacques a été créé en 1860. Il s’agissait d’un magasin de toiles, qui deviendra « La toile d’avion » à la fin de la première guerre mondiale, puis Tati au lendemain de la Seconde et aujourd’hui Camaïeu depuis 2002.

Au tapis rouge

Il s’agit d’un des plus anciens grands magasins de Paris. Inauguré en 1784 rue du faubourg Saint-Martin, le grand magasin est détruit sous la commune puis rénové et étendu. En 1910, il devient un marchand de meubles avant d’être racheté par les frères Pathé qui y vendent jusqu’en 1942 des dispositifs techniques. Récupéré par l’Etat à la sortie de la guerre, le lieu sera transformé en centre de congrès et utilisé par Chirac comme QG pour sa campagne de 2002.

Aux Phares de la Bastille

Aujourd’hui remplacé et honoré par le Café des phares, les Phares de la Bastille était un magasin situé sur la place de la Bastille dont la particularité était d’être surmonté de phares qui éclairent toute la place. Très actif jusqu’en 1900, les Phares de la Bastille perdent pied au tournant du XX° siècle. L’immeuble est désormais occupé par une succursale de la Banque de France.

Aux Trois-Quartiers

Fondé en 1829 sur le boulevard de la Madeleine, les Trois Quartiers proposaient près de 27000 m² de magasin aux acheteurs du quartier à partir de 1932, date de leur rénovation. Une surface gigantesque. Le magasin disparaît en 1987, reconverti en bureaux et espaces commerciaux. L’espace est alors séparé entre plusieurs enseignes, dont Marionnaud, Décathlon, et C&A.

Le Bazar Bonne-Nouvelle

Fondé en 1836, le Bazar abritait sur le boulevard de Bonne-Nouvelle plus de 300 boutiques en location. On trouvait là de tout. En 1863, le lieu change de modèle économique et devient un grand magasin unique qui se renomme « A la Ménagère ». Il subsistera jusqu’en 1930, année où il sera incendié. Aujourd’hui, le lieu a été rebâti et appartient à la poste.

Les magasins Dufayel

Ouverts en 1856 sur le boulevard Barbès, les magasins prennent le nom de Dufayel lorsque Georges Dufayel les reprend, en 1888. Pionniers de la vente à crédit de meubles, les magasins rencontrent un énorme succès, à tel point que Dufayel fait construire sur l’entrée principale de la rue de Clignancourt une entrée monumentale avec dôme, phare et tout le toutim. En 1912, les établissements Dufayel sont la plus grande entreprise de ce type du monde. Mais des placements hasardeux et une folie des grandeurs conduiront à leur chute, dès 1930. Récupéré par la BNP après la guerre, les lieux seront pour partie transformés en logements à partir des années 2000 suite à l’informatisation galopante.

Et on va bientôt pouvoir dire adieu à Tati.

Source : John d’Orbigny