La géo-ingénierie c’est un peu la SF de demain (si demain il y a). C’est un ensemble de techniques visant à manipuler le climat et l’environnement. Bref, des trucs qu’on peut évidemment pas manipuler à grande échelle même si on met toute la bonne volonté du monde. Ces techniques déjà mises en place ou qui sont encore à l’étude sont souvent critiquées car elles ont tendance à entraîner une forme d’inertie chez les gouvernements qui se disent qu’avec la géo-ingénierie on peut dormir sur nos deux oreilles et polluer autant qu’avant. Alors bien sûr, nous on ne va pas jeter la pierre à ces chercheurs qui bûchent sévère pour trouver des solutions d’avenir… Mais quand même, il y a parfois des idées qui ressemblent davantage au prochain scénar’ de Roland Emmerich qu’à des solutions réalistes pour sauver nos miches.

Balancer des miroirs dans l'espace pour renvoyer le rayonnement solaire

Bon a priori on parle pas de miroir ondulé comme ceux qu’on trouve à Ikea mais plutôt de petits disques bien mastoc. Assez mastoc pour qu’on les envoie en orbite autour de la terre. Génial comme idée ? Mais bon sans casser vos espoirs, même si on parvenait à mettre en place un tel procédé, cela ne réfléchirait que 1 % du rayonnement solaire. Pas ouf. Sans compter que si jamais les miroirs se cassent la gueule et qu’on se retrouve d’un coup avec un gros coup de chaleur ça risque de faire un effet micro-ondes et j’ai pas envie d’être là pour voir ça.

Passer un coup d'aspirateur de CO2 de l'atmosphère

Ces usines d’aspirations géantes existent déjà. On en trouve en Islande, en Italie et en Suisse. Leur boulot c’est de capturer le CO2 dans les airs et de le re-balancer dans le fin-fond de la terre à quelques centaines de mètres de profondeur. Même si Bill Gates a mis des billes dans cette industrie, pas sûr que ce soit vraiment une solution, ça coûte une blinde et il y a fort à parier que mettre une charge de CO2 dans le sol ait des conséquences pas tellement chouettes.

Injecter du fer dans les océans pour les fertiliser

Attention, quand on parle de fertiliser les océans, cela n’a rien à voir avec une séance de masturbation collective et universelle pour répandre notre semence dans les océans. Je vous rassure. Enfin, si ça se trouve je vous rassure pas, peut-être que vous étiez chaud pour faire ça. Bref le concept c’est donc de balancer une bonne dose sulfate de fer dans les océans afin de générer du phytoplancton. ce qui marche mais à très petite échelle, en réalité le sulfate de fer va avoir beaucoup plus de conséquences destructrices sur le phytoplancton donc l’idée est totalement foireuse. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce procédé est désormais interdit.

Propulser du soufre dans la stratosphère

Le volcan a été une belle source d’inspiration pour ce projet dingolito (carrément). En effet le dioxyde de soufre (qu’on trouve aussi dans nos dentifrice) pourrait limiter nos exposition aux rayons solaires, comme lors d’une éruption volcanique. Problème : le soufre peut être toxique pour nos petits poumons. Du coup on s’est penché sur le carbonate de calcium. Le projet est d’envoyer un gros ballon dans les cieux rempli de ce divin élixir mais il est toujours en attente d’autorisation. Si le volcan a inspiré cette solution hypothétique c’est parce que l’éruption du Mont Pinatubo en 91 a eu pour conséquence de réduire la température mondiale de 0.5°C durant un an. Après, comme pour tous les projets de géo-ingénierie, ça coûte bonbon. Dix milliards de dollars par an. Mais une somme assez peu élevée par rapport au véritable coût que représente de dérèglement climatique qui s’évalue à environ 500 milliards de dollars chaque année.

Dessaler l'eau de mer

Cette pratique existe déjà et rencontre même un fort succès. 17 000 usines de dessalement se trouvent aux quatre coins du monde. C’est vrai qu’on pourrait se dire que dessaler l’eau de mer pour pouvoir la boire, c’est une super idée. Oui mais en fait non. Parce que ça coûte cher. parce que ça pollue. Et surtout parce que la saumure (eau chaude très chargée en sel) extraite des eaux de mers est rebalancée dans la mer. Le truc con. Du coup plutôt que piquer de l’eau aux océans, on les pollue encore plus.

Repeindre tous les toits en blanc

Jetez vos climatiseurs par la fenêtre bande de démons. Pour réduire la chaleur, il vaut mieux passer au blanc. Selon l’ex-secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, cette technique permettrait même de réduire la température intérieure des maisons de 7°C. C’est ce qu’on appelle le cool roofing. On a ainsi testé le projet à Ahmedabad dans le nord de l’Inde où l’été il peut faire jusqu’à 50°C. 3000 toits ont ainsi été peints en blanc. L’expérience s’est avérée concluante, mais malheureusement elle sera difficile à généraliser. En effet, son efficacité dépend du matériau des toits. En Californie, par exemple, la plupart des bâtiments sont en métal ou en béton : deux matières qui retiennent la chaleur à l’intérieur et que même un toit blanc ne parviendra pas à réguler. Par ailleurs, cette technique est recommandée pour les pays chauds mais à éviter dans les pays froids puisqu’elle entraînerait certainement une augmentation de chauffage durant les hivers, ce qui serait assez contre-productif.

Changer la météo, tout simplement

Figurez-vous qu’il existe en Chine le Bureau des modifications météorologiques de Pékin. Une véritable division qui s’occupe comme son nom l’indique de changer la météo. Un programme qui coûte 168 millions de dollars et qui consiste à balancer dans les nuages des fusées chargées d’iodures d’argent afin qu’ils pleuvent avant d’arriver au dessus de la ville. Une solution qui était très pratique pour gérer les JO de 2008. En ce qui concerne la gestion du climat sur le long terme, on est moins convaincus.

On vous parlait il y a peu des trucs qu’on nous a fait passer pour écologiques alors qu’ils ne le sont pas du tout, là on explore davantage les grands projets scientifiques planétaires dont l’efficacité est malheureusement aussi mise en doute.

Sources : Geo, Slate, Vice, Nouvel Obs, La Tribune