On utilise bien souvent le terme « révolutionnaire » aujourd’hui, comme quand on dit « J’te préviens Catherine, cet extracteur de jus est révolutionnaire » ou « Le PQ triple épaisseur a révolutionné ma vie Didier » ou encore « Les méthodes de Patrice sont révolutionnaires, personne n’aurait osé faire un tire-mon-doigt au PDG avant lui ». Dans le milieu du ciné c’est pareil, dès qu’un film fait un truc original on dit qu’il a révolutionné le genre, mais là on va parler de ceux qui ont vraiment amené une nouvelle pièce à l’édifice du cinéma (liste non exhaustive, je vais pas résumer 120 ans de cinéma en 11 points, calmez-vous).

Le chanteur de Jazz : le premier film parlant

Historiquement, le film musical « Le chanteur de Jazz » est considéré comme le premier film parlant de l’histoire. En réalité il comporte quelques passages où il y a des paroles (chants et dialogues) mais il est majoritairement composé de passages muets. Pour autant c’était une vraie révolution en son temps.

Crédits photo (Domaine Public) : Warner Bros

Georges Méliès : le papa des trucages

Georges Méliès a été littéralement l’inventeur des trucages tant il a été créatif sur plein d’idées de mise en scène à une époque où on ne pensait pas à faire des choses aussi inventives. On le considère aujourd’hui comme le père des effets spéciaux et malheureusement beaucoup de ses oeuvres ont été perdues à tout jamais parce qu’il ne faisait pas du tout attention à ses affaires.

Et si vous voulez en savoir plus sur le bonhomme je ne peux que vous recommander cette pièce géniale « Le cercle des illusionnistes » (oui ok ça se joue à Paris mais elle est souvent en tournée c’est bon criez pas).

Les dents de la mer : le premier (vrai) blockbuster

En plein mouvement du Nouvel Hollywood où une pléiade de réalisateurs talentueux venaient de proposer un cinéma alternatif aux codes vieillissant du Hollywood des années 50, Steven Spielberg est arrivé en mettant un point d’honneur à remettre le spectacle sur le devant de la scène. C’est ce qui est arrivé avec son film Les dents de la mer car la bobine a été envoyée en masse dans tout le pays, là où avant son arrivée on attendait un succès dans une certaine localité pour ensuite faire voyager les copies du film dans d’autres cinémas. C’était donc l’une des premières sorties massives de toute l’histoire en simultané, ainsi que le premier « monster summer movie ».

Le seigneur des anneaux : le premier rôle en motion capture en direct

La motion capture a révolutionné le cinéma mais surtout le jeu vidéo. Le tout premier personnage a avoir été filmé en motion capture est cette saloperie de Jar Jar Binks dans Star Wars : La menace fantôme, mais le tout premier à avoir été filmé EN DIRECT est Gollum dans Le seigneur des anneaux, et c’est vraiment cette nouvelle technologie qu’on continue d’utiliser aujourd’hui, même si avant eux Bill du Bigdil avait tracé le sillon de cette nouvelle voie.

Le tout premier remake : Le Mari de l'Indienne

Si aujourd’hui on trouve qu’il y a beaucoup trop de remakes, sachez qu’historiquement le premier date de 1914, il n’aura donc pas fallu attendre très longtemps pour voir ce principe arriver. Il s’agit de « Le mari de l’indienne » de Cecil B DeMille. Le truc c’est que ce bon vieux Cecil avait réalisé également l’original en 1913 (un an avant donc) et le troisième remake en 1931, donc il aimait vraiment ce scénario. Et croyez-le ou non c’est même pas l’un des films avec le plus de remake.

Crédits photo (Domaine Public) : Famous Players-Lasky Corporation

Cannibal Holocaust : le premier film en "found footage"

C’est toujours le bordel pour savoir quel film est le premier à avoir inventé le principe de found footage : certains estiment qu’il s’agit de De l’autre côté du vent qu’Orson Wells n’a jamais terminé (et qui a été monté bien après la mort du réalisateur) d’autres pensent que c’est Cannibal Holocaust et d’autres encore considèrent Blair Witch comme le premier du genre. Cependant au niveau des dates on garde quand même Cannibal Holocaust comme étant le premier film TERMINÉ qui utilise ce principe. Un film avec une musique magnifique au passage, mais que je déconseille pour un dimanche soir en famille.

Le premier film avec des effets spéciaux numériques : Westworld

Avant d’être une série injustement annulée, Westworld était un roman de Michael Crichton (également auteur de Jurassic Park) et un film de 1973. C’est aussi le tout premier film à avoir utilisé des effets spéciaux numériques. Les effets étant assez rares dans le métrage, on retient surtout le film Tron (1982) pour être celui à en avoir fait une véritable utilisation importante puisqu’il contient près de 20 minutes d’effets spéciaux numériques.

Toy Story : le premier film en images de synthèses

Historiquement, Toy Story a redéfini le film d’animation vu qu’il est le tout premier film intégralement filmé en images de synthèse. Avant sa sortie tout était animé à la main par des gens extrêmement patients, ce qui coûtait quand même moins cher. Inutile de vous dire que ça a complètement changé le monde du cinéma d’animation et projeté Pixar sur le devant de la scène.

Les Muppets le film : la première scène post-générique

Aujourd’hui le principe de scène post-générique se retrouve un peu dans tous les films (coucou Marvel), mais la toute première oeuvre à avoir inventé ce principe est le premier film des Muppets dont la scène post-générique consistait tout simplement à montrer l’un des personnages qui hurlait « rentrez chez vous » aux spectateurs. Comment entrer dans la légende.

Le film qui a ressuscité la 3D : Avatar

Avatar n’était pas le premier film en 3D, on avait déjà vu quelques tentatives proches du relief ou de la 3D mais la technologie n’attirait pas le public en masse. Mais lorsque Avatar est arrivé dans les salles, le monde a été charmé par son univers et la finesse de sa 3D bien détaillée et optimisée pour le film, ce qui a été un véritable carton au cinéma et a remboursé le coût colossal de la production.

Avatar 2 : la voie de l'eau, la question de la haute fréquence d'image

Historiquement, la trilogie du Hobbit est la première à avoir été diffusée en salle en 48 images par secondes (contre les 24 images par secondes traditionnelles) le public a eu un effet étrange, comme si l’image était trop diffuse et donnait un effet « télé » au lieu de donner un effet « cinéma », on appelle ça le « soap opera effect ».

Le problème provient du fait que l’oeil n’est pas habitué à ce genre de fréquence au cinéma, du coup James Cameron a opté pour un hybride qui oscille en 48 images par secondes pendant les scènes d’action et 24 pendant les dialogues (Variable Frame Rate), ce qui va habituer l’oeil plus doucement à cette nouvelle fréquence d’image.

Il est donc fort probable que les prochaines grosses productions commencent à utiliser le VFR car cette technologie permet d’améliorer les détails dans les scènes d’action et d’éviter les saccades ou les mouvements trop flous. Préparez-vous à voir beaucoup de films (enfin, de blockbusters) opter pour cette technique, et qui sait, un jour notre oeil sera suffisamment habitué pour regarder un film intégralement à 48 images par seconde sans subir cet effet dégueu de soap opera. En attendant, plusieurs salles de ciné ont déjà planté en pleine projo d’Avatar 2 parce qu’elles n’étaient pas suffisamment équipées pour diffuser ce film encore un peu trop en avance sur son temps.

Vous aussi vous vous déguisez en Avatar pour aller à un rendez-vous chez votre banquier ?

Sources : Unbelievable, Entertainment, Retromash, Listverse, Goliath, Les inrocks, Allociné.