Le contrôle d’Hollywood par le gouvernement américain ne date pas d’hier, à l’époque de la prohibition le gouvernement avait déjà demandé aux producteurs d’arrêter de faire des films où les gangsters et les mafieux étaient les héros, il fallait plutôt mettre en avant la police et les détectives en créant les personnages d’enquêteurs « hard boiled » (dur à cuire). Historiquement de nombreux films ont été remaniés, dirigés ou censurés par les hautes sphères de l’État américain et aujourd’hui on vous propose de voir ceux qui ont carrément été fait conjointement avec la CIA, ce qui existe aussi avec les séries.

Les films

Argo

Couronné aux oscars en tant que meilleur film de l’année, Argo racontait comment une équipe de la CIA s’était fait passer pour une équipe de tournage afin de sortir plusieurs otages d’Iran. Le tournage du film a non seulement été largement accompagné par la CIA, dans le sens où on a même demandé à Affleck de changer un peu la réalité historique : par exemple on a complètement supprimé de l’histoire le rôle pourtant capital du gouvernement canadien dans l’opération. Mais pour le remercier on l’a laissé tourner des scènes dans les vrais bureaux de la CIA (une première en 15 ans) et il a eu un oscar, donc vendre son âme à Hollywood c’est cool.

Top Gun

Le tout premier film Top Gun était en réalité une immense opération de recrutement pour l’armée en donnant une image super cool des pilotes de chasse. Le Pentagone a donc eu plus qu’accès au scénario, il en a édité presque chaque phrase, prêté abondamment les véhicules, décors et tout l’équipement des soldats pour que le film puisse donner une image positive voire starifiée des pilotes. L’opération a été un succès puisqu’on a enregistré une montée d’enrôlement massive dans la NAVY après la sortie du film. Pourquoi se gêner quand ça marche, encore un truc qui était de la propagande et on le savait pas.

La chute du faucon noir

Pour le coup l’exemple de La chute du faucon noir est à double tranchant : la CIA a vraiment voulu raconter l’un des plus gros échecs de l’armée américaine post-Vietnam en donnant les moyens aux acteurs de suivre les entrainements et d’étudier les plans d’action pour comprendre ce qu’ils allaient jouer à l’écran. Du point de vue historique on est presque sur une adaptation fidèle de la réalité, mais c’est sur les personnages qu’on a un peu trop enjolivé les choses. Par exemple le personnage joué par Ewan McGregor a complètement changé de nom vu que celui dont il s’inspire a terminé en prison pour viol d’enfant, faudrait pas que quelque chose de négatif n’entache le film…

La Guerre selon Charlie Wilson

Comment rendre un personnage historique réel sympathique sans trop se fouler ? Donnez son rôle à Tom Hanks, les deux tiers du boulot sont faits. Quand le véritable Charlie Wilson a monté un plan pour financer les armées Afghanes et les aider à combattre l’invasion russe dans les années 80 il ne savait probablement pas que tous ces équipements et cet argent servirait plus tard à organiser les attaques du 11 septembre. Le scénario de base devait se terminer avec Wilson qui apprenait les attentats du 11 septembre en réalisant son erreur, mais la CIA est passée par là et a demandé à ce qu’on enlève complètement cette partie, vous savez, vaut mieux une fin heureuse.

La somme de toutes les peurs

Comme pour Top Gun, La somme de toutes les peurs était une fiction et non un film basé sur un évènement réel, mais quand les employés du Pentagone ont lu le scénario qui était très patriotique et montrait les États Unis se battre pour empêcher une troisième guerre mondiale avec la Russie ils ont tout simplement adoré au point de filer une énorme ristourne pour acheter tout l’équipement militaire pour faire le film. Bon, en contrepartie fallait bien s’assurer que les États-Unis étaient les gentils et les Russes les gros méchants de l’histoire mais ça c’était pas compliqué à montrer.

Zero Dark Thirty

Quand Kathryn Bigelow a fait son film Démineurs, la CIA est venue la trouver pour lui dire que ce serait cool qu’elle fasse un film sur la traque de Ben Laden. Si elle acceptait d’avoir accès à des tonnes de documents classifiés pour préparer le dit film, elle devait par contre renvoyer la balle en montrant que les scènes de tortures étaient capitales dans l’enquête pour traquer les terroristes et ne pas du tout les montrer de façon négative. La réalisatrice a accepté et le film a été fait avec l’accès à beaucoup d’informations classifiées mais aussi avec la CIA qui regardait au dessus de son épaule pour supprimer ou changer tout ce qui ne leur plaisait pas. Encore tout plein d’oscars pour ce film.

Les séries

The Americans

Cette série nous plonge dans le quotidien d’un couple américain qui semble tout à fait normal dans les années 80, sauf qu’en réalité il s’agit de deux espions du KGB implantés sur le sol de l’oncle Sam. La série a été écrite par Joe Weisberg qui était lui même un agent de la CIA, et c’est principalement pour cette raison que la CIA avait un droit de regard absolument complet sur tout le scénario, tout était vérifié et approuvé après changement par l’organisme pour ne pas qu’on révèle trop d’évènements ou méthodes qu’on voulait garder secrets.

Alias

La série dans laquelle Jennifer Garner joue une agent sous couverture de la CIA a eu beaucoup de succès aux États-Unis. Au départ un représentant de la CIA venait sur le plateau pour vérifier que tout se passait bien (qu’on ne montrait pas la CIA sous un mauvais jour) puis avec le succès grandissant de la série les liens se sont renforcés au point que l’organisme participait concrètement à l’élaboration des scénarios. Oh, et Jennifer Garner a même accepté de filmer une vidéo promotionnelle pour recruter de nouvelles personnes dans la CIA, c’est sympa de sa part.

Alors, vous avez envie de vous engager ? Moi oui, je suis en train de remplir les papiers.

Sources : CheatSheet, The Atlantic, Open Editions, Spyscape.