En cette Journée Mondiale contre la peine de Mort, on va apporter un peu d'eau au moulin des opposants aux décisions irréversibles, comme par exemple trancher des têtes. La justice peut parfois se tromper, et si la justice reconnait parfois ses erreurs, mais ce n'est pas toujours le cas. Depuis 1945, "seulement" 7 erreurs judiciaires ont été reconnues. "Seulement", oui, car il y en a eu d'autres et ça, ça a tendance à faire peur. Voici les ratés les plus célèbres de la justice française.

  1. Affaire Jean Rayne : En 1364 (un bout de temps donc), des salopiots jaloux de son parcours professionnel ont eu la bonne idée de balancer une rumeur l'accusant de filouter la vente de son grain. La sentence : être pendu sur le champ. Le corps devait même rester suspendu jusqu'à ce qu'il se détache par pourriture ou qu'il soit gloutonné par des charognards. Par la suite, son fils Lambert décide de porter l'affaire devant le conseil du roi. Charles V reconnait l'erreur judiciaire. Ça lui fait une belle jambe, à Jean.
  2. Affaire Calas : Une joyeuse histoire de meurtre en famille, agrémentée d'un soupçon de torture et de religion. Le fils ainé des Calas est retrouvé pendu et donc (déduction logique) la famille est accusée de meurtre. Encore plus quand le conseil municipal se laisse convaincre par des voisins un tantinet commères, que le défunt voulait se convertir au catholicisme (la famille était majoritairement protestante). En 1762, le père, Jean Calas, est déclaré coupable sans aucune preuve valable et est soumis au supplice de la roue, une joyeuseté qui consiste à être ficelé sur une roue et à se faire exploser les membres par un bourreau. Histoire d'être glauque jusqu'au bout , on l'achève en l'étranglant. Pour s'assurer qu'il est bien mort, on le brûle aussi. Il n'en fallait pas moins. En 1765, Jean Calas et sa famille sont réhabilités grâce à l'acharnement de leur fils Pierre. Voltaire aussi y est un peu pour quelque chose.
  3. Affaire du Courrier de Lyon/Joseph Lesurques : Un fait divers criminel pas tout jeune non plus puisqu'il s'est déroulé en 1796. Une diligence postale contenant pas mal de pognon est attaquée par une bande de malfrats. Les deux responsables de la poste sont tués à coups de poignard. Victime de sa ressemblance malheureuse avec un des malfaiteurs, Joseph Lesurques est déclaré coupable et condamné à être guillotiné. Son innocence a été reconnue en 1800, une fois les véritables coupables arrêtés. Depuis 1867, une loi porte son nom. Elle permet de réhabiliter les condamnés innocents.
  4. Affaire de La Roncière : Lieutenant de cavalerie dans l'armée, Emile de La Roncière a été accusé de viol par la fille du Général de Morell. Cette saligote était en réalité amoureuse de lui et n'a pas digéré qu'il refuse ses avances. Elle aurait pu se contenter du traditionnel "les mecs, tous des connards !", mais non. Un petit scandale c'est tellement plus simple. Emile de la Roncière a été condamné à 10 ans de prison en 1835. Sa famille l'a fait libérer en 1843 et 4 ans plus tard, il était réhabilité. Tout portait à croire que sa carrière militaire serait foutue. Que dalle, il devient par la suite administrateur colonial. Dans l'os la p'tite Morell.
  5. Affaire Dreyfus : Une des affaires les plus célèbres et qui a divisé l'opinion publique pendant une dizaine d'années. Français de confession juive, le Capitaine Dreyfus a été accusé en 1895 d'avoir refilé en douce des documents secrets à l'Empire Allemand. Même un an plus tard, lorsque le coupable est démasqué, Dreyfus est toujours considéré comme le vilain gros traitre. Il ne sera réhabilité qu'en 1906. Une histoire qui transpire l'antisémitisme.
  6. Affaire Roland Agret : Accusé à tort d'avoir commis un meurtre en 1970, Roland Agret a passé 7 ans en prison. Pour obtenir ce qu'il veut (sa liberté entre autres), il entame une grêve de la faim, se coupe deux phalanges, avale des manches de fourchettes et se tire une balle dans le pied. Aaaah ça, il fait pas dans le léger le Roland. Et il a raison. Il est libéré par grâce présidentielle en 1977 pour raisons de santé et acquitté en 1985 après la révision de son procès.
  7. Affaire Patrick Dils : En 1989, Patrick Dils est soupçonné du meurtre de deux jeunes enfants et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Les responsables de l'enquête sont convaincus de sa culpabilité et ne prêtent pas attention à certains détails. C'est vrai que la présence de Francis Heaulme sur les lieux du crime le soir du meurtre n'avait pas de quoi inquiéter les enquêteurs...même pas un petit peu. Patrick Dils aura donc poireauté en prison pendant 17 ans avant d'être acquitté en 2002.
  8. Affaire Rida Daalouche : En 1991, un dealer est assassiné dans un bar marseillais. Rida Daalouche est rapidement suspecté. Il s'emmêle dans ses explications, notamment à cause de son état de santé (toxicomane). Il est condamné à 14 années de prison en 1994. Sa famille retrouve un certificat médical prouvant qu'il était en cure de désintox le jour du crime. Daalouche est libéré en février 1997
  9. Affaire d'Outreau : En 2001, 18 personnes sont impliquées dans une sombre histoire d'abus sexuels sur mineurs. Elles sont placées en détention provisoire en attendant d'être jugées et y restent entre 1 et 3 ans. Après de multiples rebondissements et deux procès, 13 personnes sont finalement déclarées innocentes en 2005. 4 d'entres elles ont cependant reconnu les faits. Cette affaire a été qualifiée de "naufrage judiciaire".
  10. Affaire Christian Ranucci : En 1974, le jeune homme d'une vingtaine d'années avait été accusé de l'enlèvement et du meurtre d'une fillette dans la région de Marseille. Jugé coupable, il a été condamné à mort. Valéry Giscard d'Estaing, alors président, refuse de lui accorder sa grâce. Christian Ranucci est guillotiné le 28 juillet 1976. Plus de trente ans après son exécution sa culpabilité fait encore polémique. Des incohérences au niveau des preuves demeurent, et accessoirement, un prédateur d'enfant du nom de Michel Fourniret de passage dans la région au moment des faits attise la curiosité.

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Sources : wikipédia.fr. et affaires-criminelles.com