Le baccalauréat a toujours alimenté de nombreux fantasmes, devenant un symbole de l’échec et de réussite selon les résultats obtenus. Si chacun peut penser ce qu’il veut de ce fameux examen, l’histoire nous a prouvé que le rater n’était pas du tout un signe de manque d’intelligence et qu’un esprit brillant pouvait tout à fait évoluer dans notre société sans celui-ci. Après tout c’est juste un diplôme. Voici d’ailleurs une liste d’écrivains célèbres qui n’ont jamais eu leur bac et qui s’en sont très bien sortis, genre que nous avons étudiés pour le bac alors qu’eux ne l’avaient pas.

Jean Giono, forcé d'abandonner les études

Fils unique, c’est lorsque son père tombe malade que Giono est obligé d’abandonner ses études à 16 ans pour travailler et subvenir aux besoins de la famille. Passionné de lecture, il continue néanmoins sur son temps libre de dévorer des livres et se constituer une culture littéraire conséquente qui le poussera à commencer à écrire. Il ressort traumatisé de la première guerre mondiale et pour cause, il participe aux batailles les plus marquantes de celle ci (Verdun, Chemin des dames, la Somme…) après lesquelles il deviendra un écrivain encore plus engagé. Bon il avait quand même une bonne raison d’abandonner les études, on va pas se mentir, mais pas de bac pour Giono.

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Jean Cocteau, deux échecs au bac

Ce fameux poète était ce qu’on pourrait appeler un élève distrait et turbulent, pas forcément happé par les cours, il n’apprécie pas vraiment ses heures passées en classe. Il est même renvoyé de son école à cause de ses absences répétées avant d’entrer dans une autre où il finira ses études par deux échecs au bac avant d’abandonner complètement. S’ensuit une carrière prolifique et variée où il écrira tour à tour des poèmes et des scénarios, réalisera ou jouera dans des films… Bref, une vie artistique bien remplie pour quelqu’un sur lequel les enseignants n’auraient probablement pas parié à l’école et au collège. Aujourd’hui plusieurs établissements scolaires portent d’ailleurs son nom ce qui est un joli doigt d’honneur à retardement.

Crédits photo (Domaine Public) : Agence de presse Meurisse

Jean Genet, bad boy des belles lettres

Et là vous commencez à vous demander si ce top n’est pas un top des gens qui s’appellent Jean, n’est-ce pas ? Pour Genet, il est intéressant de voir son évolution d’une enfance particulièrement difficile à son envol. Genet est abandonné par sa mère assez jeune et ne connaitra pas son père. Il grandit dans la rue où il commence à voler, fuguer de ses familles d’accueil et commettre quelques petits crimes. Il est finalement incarcéré une première fois à l’adolescence et il passera une fois adulte près de quatre ans en prison pour des vols variés. C’est là qu’il écrira ses premiers textes. Du coup jamais de bac ni de grandes études pour Genet qui voulait simplement écrire malgré un départ difficile dans la vie.

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Émile Zola, deux échecs au bac

Celui qu’on appelle le « Zola de la littérature » a raté son baccalauréat à deux reprises. Bon, il faut dire qu’il avait commencé à écrire son premier roman en sixième donc il était quand même prédisposé à devenir écrivain. D’ailleurs il n’a pas échoué aux épreuves écrites du bac, mais à l’oral, avant de se représenter l’année suivante à l’examen scientifique qu’il n’obtiendra pas non plus. Après une vie de bohème dans laquelle il enchaine de petits boulots et s’éprend d’une prostituée, il est engagé chez Hachette où il commence à baigner dans le monde de l’édition et à rencontrer de nombreux écrivains avant de se lancer pleinement dans l’écriture lui-même. La suite, vous la connaissez, il est devenu président des États-Unis. Non, il est devenu écrivain, évidemment.

Crédits photo (Domaine Public) : Émile Zola

Régine Deforges, l'injustice et la vengeance

Alors qu’elle est élève dans une institution religieuse, on lui vole à l’âge de 15 ans un carnet (un genre de journal intime) dans lequel elle confie son attirance pour d’autres femmes. Raillée par ses camarades, frappée dans la rue, insultée par les élèves (et leurs parents) elle est finalement renvoyée de son école et obligée de brûler ses cahiers. « J’ai obéi, jeté dans le poêle ce qui me tenait le plus à cœur. Ma vie intime s’envolait en fumée. J’ai décidé que je me vengerai, sans savoir comment. » Sa vengeance sera de devenir la première éditrice de France après la création de sa propre maison d’édition et de devenir l’auteure de plusieurs romans à succès. Contrainte de quitter injustement l’école elle n’aura donc jamais passé le bac.

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André Malraux, celui qui se vexe facilement

Sans forcément être un mauvais élève, Malraux rêve de grandeur, de classe et de bagnoles de luxe (faux) ce qui le pousse à vouloir passer le bac dans le lycée Condorcet à Paris. Lorsqu’il s’y voit refuser l’entrée, il décide d’envoyer chier tous ces cons et d’abandonner les études sans passer le bac. Bon, après il est devenu ministre de la culture et a même obtenu le prestigieux prix Goncourt, donc franchement pas de quoi rougir pour cet intellectuel qui aura marqué l’histoire bien au delà de sa littérature. Peut-être juste un peu trop d’orgueil mais bon, on ne peut pas dire qu’il ne pouvait pas se le permettre.

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Sacha Guitry, incapable de passer la sixième

Sacha Guitry est un cas d’école, sans mauvais jeu de mots, puisqu’il a redoublé dix fois sa sixième. Dans les faits c’est parce qu’il a été expulsé de 11 établissements différents qu’il a recommencé autant de fois la sixième puisqu’en son temps l’arrivée dans un nouveau lycée vous faisait automatiquement recommencer la classe dans laquelle vous étiez au moment de votre expulsion. La principale cause de ces renvois était son comportement, Guitry était un cancre puisqu’il a quand même foutu le feu à l’un de ses bahuts. Alors qu’il est encore en sixième à 18 ans (quand même) il décide de se tirer sans continuer ses études et de garder une amertume contre les lycées qu’il appelle des prisons : « On devrait punir les architectes qui construisent de pareilles horreurs ». Ouais le Sacha fallait pas trop le chatouiller.

Crédits photo (Domaine Public) : Agence de presse Meurisse

Guillaume Apollinaire, la malchance à l'examen

Concrètement, le cas d’Apollinaire tient plus de la malchance que d’un dégoût face à l’éducation nationale. Considéré comme l’un des meilleurs élèves de son collège, il a une scolarité assez exemplaire jusqu’à son passage au bac qu’il rate sans qu’on ne sache trop pour quelle raison. Il décide de ne pas se représenter à l’examen et de continuer son chemin qui le fera devenir l’un des poètes les plus importants de notre beau pays. Comme beaucoup d’autres personnes de ce top, au moins un lycée français porte son nom, ce qui reste la plus belle revanche à avoir sur un échec scolaire.

Crédits photo (Domaine Public) : InconnuUnknown

Bon, ça fait un peu relativiser. Vous pouvez aller voir les écrivains célèbres qui étaient de belles enflures et les écrivains qui n’aiment pas leur œuvre la plus célèbre, comme Shakespeare qui détestait sa comédie musicale Roméo et Juliette par exemple.

Sources : Figaro Étudiant, Un monde littéraire, Bibli Obs.