Qui sait ce qu’il aurait fait sous l’occupation allemande ? Une question que les profs d’histoire et de philo se posent probablement dans la salle des profs entre deux instants à bitcher sur un élève très con et très chiant. À part ceux qui y étaient, c’est dur de savoir comment agirait tout un chacun, mais dans la longue liste des résistants de France on retrouve quelques personnalités de l’époque, ces ancêtres des influenceurs qui étaient connus généralement pour avoir un peu de talent. On vous propose donc d’en voir quelques-uns dans cette liste non exhaustive où se mêlent auteurs, acteurs et musiciens.

Joséphine Baker

Joséphine Baker n’était pas seulement une artiste et une figure de l’antiracisme, elle chantait également pour les soldats au front avant de devenir dès 1939 espionne au service de la France. Elle a aidé à escorter des gens hors du territoire, transmettre des messages importants (qu’elle cachait parfois dans ses partitions) et à cacher des microfilms importants pour les remettre aux généraux de la France Libre. Véritable héroïne de guerre elle a été décoré de la légion d’honneur et de la médaille de la résistance française, le tout en étant chanteuse, danseuse et actrice. Une grande dame.

Crédits photo (Domaine Public) : Studio Harcourt

Jean Gabin

Alors qu’il vivait aux États-Unis et aurait pu rester bien planqué, Jean Gabin est revenu en France en 1943 pour s’engager dans l’armée et plus précisément dans les forces navales. Il a lutté contre l’armée allemande jusqu’à la fin de la guerre en participant à plusieurs opérations, en devenant par exemple chef de char puis en participant à la reconquête de l’Allemagne par les Alliés. Après la guerre il a repris son activité d’acteur vu qu’il était très doué, mais on remarque facilement à l’image qu’il est physiquement marqué par les deux ans et demi de combat.

Crédits photo (Domaine Public) : Italia Produzione / Francinex (Mondadori Publishers), published in Bolero magazine

Jean Marais

L’acteur Jean Marais en partie révélé par Jean Cocteau a été une première fois appelé « résistant » après avoir cassé la gueule d’un journaliste collabo. Il s’est cependant toujours défendu en nuançant cette information en disant qu’il l’avait fait pour défendre Cocteau des critiques bien dégueulasse du dit gratte-papier. Plus tard il s’est bien engagé dans l’armée où il s’occupait de ravitailler les soldats dans les chars en carburant et en nourriture au volant d’une Jeep. Les autres soldats n’hésitaient pas à saluer sa bravoure car il est l’un des seuls conducteurs a être resté dans sa voiture pendant un bombardement, un acte qu’il a encore une fois nuancé par la suite en disant qu’il était juste resté au chaud pour manger de la confiture. Modeste en plus le mec.

Crédits photo (Domaine Public) : Carl van Vechten

Greta Garbo

Greta Garbo, l’actrice suédoise devenue américaine s’est engagé à plus d’un titre pour profiter de sa notoriété afin d’aider les Alliés, notamment auprès du Roi de Suède Gustave V. Dans un premier temps elle a aidé à sauver le physicien danois Niels Bohr, en demandant l’appui de Gustave V, puis elle a réitéré sa demande auprès du roi quelques temps plus tard mais cette fois-ci pour lui faire accepter d’accueillir près de 8000 juifs persécutés au Danemark (soit 95% des juifs du pays à l’époque). On considère aujourd’hui que c’est principalement grâce à elle si ces personnes ont été sauvées.

Crédits photo (Domaine Public) : Clarence Bull - studio photographer (per source information)

Ernest Hemingway

Hemingway et la France c’est une histoire d’amour, l’écrivain avait déjà combattu pendant la première guerre mondiale pendant laquelle il avait découvert le Ritz à Paris (c’est important pour la suite). Revenu pour couvrir le débarquement en Normandie (en tant que journaliste) il s’est dirigé ensuite vers la capitale avec pour idée de la libérer, mais surtout de libérer le Ritz. Il est alors arrivé dans l’hôtel arme à la main prêt à casser du nazi mais ils étaient déjà partis. Sans se laisser abattre il a décidé de boire 51 dry martinis dans le bar de l’hôtel qui porte aujourd’hui son nom. Il aimait vraiment Paris, l’alcool et le Ritz, comme il l’écrivait lui-même : « Lorsque je rêve de la vie après la mort, l’action se passe toujours au Ritz à Paris. »

Crédits photo (Domaine Public) : Lloyd Arnold

Romain Gary

L’écrivain Romain Gary a répondu à l’appel du 18 juin du Général De Gaulle en s’engageant dans les forces aériennes Françaises libres. Il a malheureusement attrapé le typhus et est resté alité pendant six mois, mais à peine sur pieds il est retourné au combat où il s’est illustré avec plusieurs faits d’armes. C’est d’ailleurs au cours de la guerre qu’il a décidé de changer son nom de famille en Gary (il s’appelait Kacew) parce que ça voulait dire « brûle » à l’impératif en Russe et qu’il bombardait sec du haut de son avion, ce qui lui a d’ailleurs valu d’être nommé capitaine à la fin de la guerre.

René Char

Le poète René Char s’est engagé dès le début de l’occupation dans la résistance où il se faisait appeler Capitaine Alexandre ou Hypnos, le Dieu grec du sommeil qui veille sur les endormis, un nom qu’il réutilisera pour nommer son recueil de poèmes écrit pendant la guerre « Les feuillets d’Hypnos ». À la tête des résistants de la Section Parachutage il a mené et participé à de nombreuses opérations jusqu’à la fin de la guerre où il sera décoré de la Médaille de la Résistance. En dehors d’actions « physiques », les poèmes de Char de cette époque qu’il écrit presque comme un journal intime livrent un regard sur la Résistance et la guerre qu’on considère aujourd’hui comme une oeuvre importante de la littérature française.

Crédits photo (Domaine Public) : Habitant de Céreste anonyme 1941

Robert Desnos

L’écrivain poète Robert Desnos a été lui aussi très engagé pendant la guerre. Il a tout d’abord décidé de s’engager dans le réseau résistant AGIR où il a fabriqué de faux papiers pour certains de ses compagnons et pour des juifs. Il a participé par la suite à plusieurs opérations plus ou moins violentes sans quitter le réseau même en sachant qu’AGIR avait été infiltré. Il a publié certaines poésies de son vrai nom ou sous un pseudonyme dans lesquelles on peut décoder des tracts résistants.

Il a finalement été arrêté par la gestapo et déporté dans un camp de concentration et il est mort du typhus le 8 mai 1945, le dernier jour de la guerre. Juste avant de s’engager dans la résistance Desnos avait envoyé une lettre à sa femme dans laquelle il la prévenait qu’il avait décidé d’agir pour la liberté et dans laquelle on trouve cette célèbre phrase : « J’ai décidé de retirer de la guerre tout le bonheur qu’elle peut me donner : la preuve de la santé, de la jeunesse et l’inestimable satisfaction d’emmerder Hitler. » Un très grand monsieur.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Menerbes

Et si vous voulez voir la deuxième face de la pièce ou une photo de Coco Chanel vous pouvez aller regarder les célébrités qui ont sympathisé avec le nazisme, c’est moins reluisant.

Sources : L’Alsace, Télé Loisirs, Le Parisien.