Quand la CGT en arrive à séquestrer des cadres dirigeants d'une entreprise, on sent que le traitement médiatique est timoré : les employés sont "retenus", "cloitrés", mais jamais "otages" ou "détenus". Le poids des mots semblent compter pour des journalistes ayant parfois des confrères retenus en otage dans des zones de guerre et hésitant à faire le parallèle avec ces mouvements sociaux qui dérapent un peu. Et il est vrai qu'être retenu en otage dans son bureau, c'est quand même un peu plus sympatoche que de l'être au fond d'une grotte au fin fond de l'Afghanistan.

  1. Vous pouvez profiter de cette détention pour vous avancer dans votre boulot
    Une liquidation, c'est beaucoup de paperasse. Et si vous étiez en banlieue de Bagdad, dans une cave, aux mains de terroristes complètement tarés, vous ne pourriez pas faire grand chose de productif, à part compter les jours en gravant des bâtons au mur. Là, vous avez quand même l'imprimante à portée de main, et surement un peu de classement à faire.
  2. La rançon n'est pas demandée à votre famille, et elle est négociable
    On ne parle pas d'un sac rempli de petites coupures dont les numéros ne se suivent pas, ni d'un hélicoptère ou quoi que ce soit. On vous libère quand vous êtes disposé à discuter du montant de la rançon, sachant que ça va quand même chercher dans les 70 000 à 180 000 euros par salarié de la boite. Ce n'est pas donné, mais c'est un peu moins brutal qu'un cinglant "1 million de dollars si tu veux revoir ton comptable!"
  3. La détention ne compte pas comme des vacances ou des RTT
    Alors que ces jours "off" ont bien lieu dans le cadre de votre travail. Quelques jours à ne rien glander aux frais de la princesse. Si vous n'êtes pas trop con, vous pourrez même rappeler à vos employeurs ce que vous avez subi pour eux le jour où ils vous vireront aussi. Et ça dans une rupture conventionnelle, ça fait au moins 1000 euros de plus dans la proche. Prends ça Al Qaida.
  4. Vous risquez moins de vous prendre un missile américain balancé par un drone dans le coin de la gueule
    Les forces militaires US n'interviennent que très rarement sur la zone d'Amiens-Nord donc peu de chance de vous ramasser un tir ami dans la ganache. Au pire vous allez voir Sarkozy débarquer et ceinturer lui-même les dangereux syndicalistes qui vous retiennent prisonnier dans la salle de réu.
  5. On a la chance de plutôt pas mal manger des les cantoches d'entreprise françaises
    Demandez à Aubenas combien de fois elle a pu bouffer un menu "champignons à la grecque (ou salade piémontaise), rognons en sauces, kiri, mandarine". Peut-être une fois, deux fois à tout casser durant sa détention. La séquestration oui, mais on est pas des bêtes.
  6. Vous n'avez aucune chance de souffrir du syndrome de Stockholm
    Le syndrome de Stockholm survient quand l'otage prend fait et cause pour son preneur d'otage, parce qu'il comprend son combat. Mais quand vous êtes cadre chez Goodyear, vous avez fait une école de commerce, et vous êtes vacciné contre ce genre de phénomène : est-ce qu'on peut vraiment avoir de la compassion pour un gars qui sent la pipe et qui ressemble à Yves Duteil quand on a un MBA?
  7. Les preneurs d'otages de la CGT ont des loisirs plus abordables
    Si vous êtes otage des FARC, vous pouvez être amené à faire un foot avec vos geoliers. Et les Colombiens, on les a déja vu exécuter un joueur qui avait marqué contre son camp. Avec des CGTistes, vous aurez davantage l'occasion de jouer au baby dans la salle de pause, voire de faire le quatrième à la belote. Ceci dit, ne soyez pas con, laissez les gagner.
  8. On ne vous balance pas à la tronche que "vous n'aviez qu'à pas foutre les pieds dans cette zone à risque"
    A priori, vous alliez juste au boulot ce matin-là. C'est vrai que la machine à café était toute proche de la salle CGT, et vous aviez déjà fait remarqué ce risque là à la direction, mais ça s'arrête là. Vous n'avez rien d'un grand reporter qui prend des risques, vous êtes juste un gars avec un pull discutable qui aime un peu trop le café.
  9. On ne vous prend jamais en photos avec le journal du jour pour prouver que vous êtes en vie
    On le sait que vous êtes en vie, les caméras sont partout et les preneurs d'otages sont publics. Et question journal, vous pouvez lire l'Equipe tous les matins, c'est royal. Vous avez même réussi à vous faire passer du saucisson Justin Bridou et des Babibels envoyés par votre famille inquiète et reclue juste à l'extérieur de la grille de l'usine.
  10. Les gens de la CGT tranchent rarement la gorge de leurs otages "en guise d'exemple"
    C'est peut-être arrivé une fois ou deux, avec un directeur des ressources humaines vraiment obtus, mais soyons honnêtes, ça reste rarissime.
  11. Quand vous vous en sortez, Marine le Pen ne vous soupçonne pas du syndrome Homeland
    "Ces images m’ont laissée dubitative M. Bourdin... Les cadres de Goodyear portaient des pulls-camionneurs et des moustaches, ça mérite peut-être quelques explications de leur part, ça a laissé je crois une impression étrange aux Français...".

Et vous, vous préférez être enfermé en Colombie ou en Picardie ?