L’humain aime bien posséder des trucs : des bagnoles, des fringues, des maisons, des tables basses en acajou, des porte-clés à l’effigie de Jean-Luc Reichmann, des piles LR06, et aussi des territoires. Ouais, il aime ça, posséder des territoires, comme si c’était normal d’arriver dans un endroit et de dire : « Vous voyez, de là à là ? Ben, c’est à moi maintenant. » C’est comme ça qu’aujourd’hui tous les endroits du monde appartiennent à des États. Enfin, presque tous.

Les eaux internationales

On appelle ça aussi la haute-mer, et ça correspond à 64% de la surface des océans, soit à peu près la moitié de la surface mondiale. En gros, quand un État a des littoraux, il possède la surface qui s’étend jusqu’à 370,4km de la côte. C’est sa « Zone Économique Exclusive ». Tout ce qui est au-delà de cette distance de 370,4km n’appartient à personne, c’est les eaux internationales. On peut y faire à peu près tout ce qu’on veut tant qu’on respecte les conventions internationales. Bien sûr, là je vous ai fait la version simplifiée parce que je ne suis pas encore devenu un spécialiste du droit international, mais ça vous donne une idée quoi.

Crédits photo (Creative Commons) : B1mbo

Le Bir Tawil

C’est une petite région désertique d’environ 2000km2 qui se trouve entre le Soudan et l’Égypte mais qui n’a été revendiquée par aucun des deux États. D’ailleurs, c’est plutôt le contraire : le Soudan – qui réclame à l’Égypte un territoire appelé le triangle de Hala’ib – considère que le Bir Tawil appartient à l’Égypte, et l’Egypte, de son côté, considère que le Bir Tawil appartient au Soudan. Bref, personne ne veut de ce petit bout de terre. Enfin si : en 2014, un Américain a décidé de se proclamer roi de ce territoire, mais ça n’a aucune valeur et tout le monde s’en fout.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Lencer

La terre Marie Byrd

Sept pays ont des revendications territoriales sur l’Antarctique et se tirent la bourre pour posséder ses terres. C’est honnêtement un peu le bordel, puisque certains de ces pays reconnaissent les revendications des autres, mais pas tous, donc difficile de dire si le continent « appartient » ou non à des États. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que la terre de Marie Byrd, une région de 1 610 000 km2 dans l’Ouest de l’Antarctique, n’appartient à personne, pour la simple et bonne raison qu’aucun pays ne l’a jamais revendiquée. Personne ne veut d’elle (un peu comme moi quand on fait les équipes de foot).

Crédits photo (Domaine Public) : NASA/Michael Studinger

L'espace et les corps célestes

Le Traité de l’espace, qui est un traité international, interdit aux États de s’approprier l’espace en dehors de l’atmosphère. Concrètement, aucun pays ne peut revendiquer de posséder un bout d’espace, une planète ou un satellite naturel. C’est mort de chez mort. Et en même temps, c’est mieux comme ça, parce que ça nous a probablement évité une guerre ouverte entre les États-Unis et la Russie qui auraient tous les deux voulu posséder la Lune. Enfin j’imagine.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Egres73

Quelques zones de la rive droite du Danube

Le Danube est un fleuve qui marque, entre autres, une frontière naturelle entre la Croatie et la Serbie. Problème : avec le temps, le cours du Danube a changé, et ça fout le bordel, parce qu’on pourrait se demander si les frontières doivent elles aussi être modifiées. C’est ce que pense la Serbie, alors que la Croatie souhaite garder l’ancien cours du Danube comme frontière. Du coup, les deux pays revendiquent tous les deux certains territoires qui les arrangent, mais ils considèrent aussi que certaines zones appartiennent à l’autre pays. Ces zones (de quelques kilomètres carrés), situées sur la rive droite du Danube, ne sont donc plus revendiquées par personne. Ne cherchez pas à aller y fonder une micro-nation, des petits malins s’en sont déjà chargés.

Tenez, je vous ai mis une carte : en jaune, c’est les territoires revendiqués par les deux pays, et en vert, les territoires que les deux pays veulent se refiler. On comprend mieux pourquoi la Croatie aimerait garder l’ancien cours du Danube comme frontière. Pas cons les mecs.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Tomobe03

Rockall

Rockall, c’est un petit rocher de 25 mètres de large à l’Ouest de l’Écosse qui est revendiqué par le Royaume-Uni, l’Irlande, le Danemark et l’Islande. À la base, le Royaume-Uni voulait le posséder pour agrandir ses zones de pêche, mais le rocher est trop petit pour avoir sa propre Zone Économique Exclusive (vous vous rappelez, on en a parlé plus haut). Du coup, la seule raison pour laquelle ces pays se disputent ce petit bout de terre, c’est pour pouvoir exploiter son sous-sol. À l’heure actuelle, Rockall fait encore l’objet de disputes entre les pays qui le revendiquent, mais ça ne nous empêchera pas de dormir.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Andy Strangeway

L'Île Hans

Le Canada et le Danemark se disputent la propriété de l’Île Hans, un îlot de 1,3 km² situé entre le Groenland et l’extrême Nord du Canada. Depuis 2013, comme les deux pays n’arrivent pas à se mettre d’accord et que son statut n’est toujours pas clair, l’association Hans Insula Universalis tente de faire de l’île une « Terra nullius », un endroit qui ne pourrait appartenir à personne. Le but, ça serait d’empêcher qui que ce soit d’exploiter le pillage pétrolier de la zone le jour où les glaces auront fondu, donc c’est plutôt une bonne chose (pour peu qu’on aime notre petite planète).

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Toubletap

Alors vous allez revendiquer quelle terre vous ? Moi, ça sera le Poitou-Charente. Sinon il existe aussi des îles à vendre si jamais vous voulez vous prendre pour des rois.

Sources : Wikipedia, The Culture Trip, Travel Triangle