Le sable chaud, les plages bleu azur, les cocotiers, le soleil, les soirées arrosées et la liberté de se déplacer de port en port sans obéir aux règles du gouvernement, voici le genre de clichés qu’on peut imaginer sur les pirates. Si certains sont évidemment réels, d’autres sont assez exagérés, et finalement pas toujours crédibles. On vous propose de voir quelques points particuliers de la vraie vie des pirates à cette époque, c’était pas toujours tout rose.

De simple boucaniers à pirates

Les boucaniers étaient tout simplement les gens vivants sur les îles d’Hispaniola et de Tortuga dans les Caraïbes. Leur nom vient des « boucans », des petites maisons où ils faisaient fumer la viande qu’ils chassaient sur l’île. C’est lorsque le gouverneur de la Jamaïque (des Anglais) a commencé à engager les boucaniers pour piller les navires espagnols et faire des raids sur leurs ports que les choses ont véritablement commencé. Lorsque le gouverneur n’a plus eu besoin d’eux, les boucaniers ont continué à voguer et à piller n’importe quel bateau qui semblait chargé de choses de valeur, se retournant même contre les Anglais. Les pirates étaient nés.

Crédits photo (Domaine Public) : Howard Pyle

Il existait un vrai "code des pirates"

Qui dit vivre en marge des lois ne veut pas nécessairement dire vivre sans lois, et pour que cette organisation de la piraterie puisse être prospère, il fallait bien quelques règles. C’est un texte de lois appelé « chasse partie », venant des corsaires, qui deviendra avec le temps l’un des textes officieux du code de la piraterie. C’est d’abord Henry Morgan qui en écrira certaines parties, mais c’est surtout Bartholomew Roberts qui rédigera le véritable code des pirates. À l’intérieur étaient dictées des règles pour savoir comment se conduire sur terre comme sur le navire. Par exemple, si une bagarre éclatait entre deux membres, ils devaient attendre d’être à terre pour la régler sous forme de duel. Les jeux d’argent et les paris étaient également interdits à bord pour éviter toute embrouille sur le navire.

Le code des pirates était beaucoup plus avancé en termes de droits que le code du travail de l'époque

Le texte du code des pirates était très en avance sur son temps : on trouvait dans le code des pirates des mentions variées sur le salaire, les paiements divisés en parts spécifiques, la sécurité de l’emploi, l’égalisation des payes, les primes, la solidarité entre les membres de l’équipage, les élections à main levée, le droit à chaque membre de l’équipage de donner son avis lors d’un choix important, les compensations en cas de blessure ou de handicap, l’autogestion… Bref, des trucs qui n’étaient PAS DU TOUT en place dans le monde du travail de l’époque. Des avant-gardistes ces pirates.

Crédits photo (Domaine Public) : Howard Pyle

Nassau est rapidement devenue la capitale des pirates

Comme les pirates rayonnaient principalement dans les Caraïbes, il fallait bien un « point de chute » pour mouiller au port. Nassau, l’ile de New Providence et l’ile de Tortuga sont devenus avec le temps des endroits privilégiés pour installer les bases de pirates. Il faut dire que Nassau avait été abandonné par le gouvernement anglais et laissé aux mains des boucaniers et autres pirates, du coup c’est assez rapidement devenu la capitale de la « république des pirates ».

Le paradis des laissés pour compte, des abandonnés et des marginaux

Une vieille légende dit que lorsqu’ils dormaient, les pirates ne rêvaient pas qu’ils allaient au paradis, mais retournaient au port de Nassau. En quelques années, la ville a été organisée comme une véritable république avec des gouverneurs et on pouvait y trouver de quoi loger, claquer son argent pour faire la fête et surtout du travail avec les nombreux bateaux qui quittaient le port pour faire un raid. Les conflits étaient assez rares sur l’ile et les pirates se respectaient généralement entre eux, et si bien sûr, il y avait de temps en temps quelques embrouilles, ça restait généralement des incidents isolés.

Crédits photo (Domaine Public) : The Wesleyan Juvenile Offering (1849, Volume VI)

Des raids et des pillages en pagaille

Si l’âge de la piraterie a duré pas loin de 80 ans, entre 1650 et 1730, avec des périodes plus ou moins importantes, le fameux âge d’or de la piraterie aurait, lui, duré une trentaine d’années. Pendant toutes ces années, on compte de nombreux ports et navires pillés par les pirates qui faisaient la loi sur les mers et terrorisaient les navires marchands, les navires transportant des esclaves et les vaisseaux militaires. Il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour que les différents gouverneurs du coin commencent à comprendre qu’il fallait régler le problème de la piraterie, parce que vous comprenez, ça les emmerdait de se faire voler les marchandises qu’ils avaient eux-mêmes volées aux locaux.

Woodes Rogers, l'homme qui arrêta la piraterie

C’est l’homme à qui on attribue la fin de la piraterie, le chasseur qui aura maitrisé et tué un paquet de pirates célèbres. Et en même temps, Rogers avait été engagé pour ça, et on peut dire qu’il a été efficace pour faire son travail. Après une carrière efficace de corsaire, Rogers a été placé au poste de gouverneur royal des Bahamas avec pour mission de mettre un terme au rêve des pirates et après en avoir chassé certains des plus iconiques, il a lancé un ultimatum aux pirates : ceux qui se rendraient avant le 5 septembre 1718 auraient le « pardon du roi » et seraient graciés. Pour les autres, ce serait la traque et la pendaison.

Crédits photo (Domaine Public) : Lobsterthermidor at en.wikipedia

Beaucoup de clichés qui sont vrais, et d'autres un peu faux

Il y a un paquet de clichés sur les pirates et si la plupart sont généralement faux, certains sont quand même bien véridiques. Par exemple, les perroquets étaient bien des animaux « de compagnie » assez récurrents (avec les chats, les singes ou les chiens). Par contre, on ne jetait pas un homme par-dessus bord en le faisant marcher sur une planche quand quelqu’un méritait l’exil : en général, on pratiquait le « marooning » qui consistait à laisser la personne seule sur une ile déserte jusqu’à ce qu’il crève (parfois même avec un flingue chargé d’une balle).

Ils portaient bien souvent des bijoux puisque l’endroit le plus sûr pour garder sa fortune en tant que pirate était de la porter directement sur soi, mais les trésors cachés ont également existé, dont plein d’entre eux n’ont jamais été retrouvés. Les pirates buvaient bien du rhum, mais pas forcément uniquement pour se bourrer la gueule puisqu’ils en ajoutaient à l’eau pour la stériliser. Par contre, les pirates évitaient au maximum les combats et fuyaient ou temporisaient quand cela était possible, parce que vous pouvez imaginer assez aisément que réparer un bateau n’était pas simple.

Et sinon je vous conseille d’aller voir les pirates les plus connus de l’histoire, les vrais de vrais.

Sources : ScreenRant, RMG, Beaches, Thought, Factinate, Nassau, Wikipedia.