L’art ça rime avec le lard. Pourtant ça n’a rien à voir puisque les lardons, si on en vole, c’est pas très grave au pire on finit avec une petite garde à vue dans le magasin, au mieux avec une bonne omelette à la maison. Alors que l’art, si on le vole ça fait scandale. Pourtant, certains chapardeurs se sont frottés à de tels actes et ça donne souvent des histoires étonnantes.

"La Joconde" de Léonard de Vinci

Il faut pour cela remonter en 1911 quand le peintre Vincenzo Peruggia qui est alors un ancien employé du musée du Louvre, s’empare du tableau emblématique pépouze et se casse l’air de rien du musée puis galope jusqu’en Italie où il cherchera à revendre l’oeuvre deux ans plus tard à Florence. Evidemment, c’était pas très malin parce que son authentification a dévoilé le vol. Mais bon Vincenzo Peruggia s’est quand même défendu en expliquant le motif de son vol par un sens aigu du patriotisme, en effet il voulait juste rendre le tableau à son pays d’origine.

Crédits photo (Domaine Public) : Leonardo da Vinci

"Le Cri" de Edvard Munch

Alors déjà je vais vous apprendre (peut-être) qu’il n’existe pas une mais bien cinq versions du Cri. L’une d’elle a ainsi été volée en 1994 alors qu’elle était exposée dans la galerie nationale d’Oslo. Les receleurs demandent trois mois plus tard une rançon (1.2 millions de dollars) au gouvernement en échange du tableau. Bien sûr on leur fait un gros doigt d’honneur et ils seront finalement retrouvés par la police britannique en collaboration avec le Getty Center. Le truc fun c’est que dix ans plus tard en 2004 c’est au tour de gangsters danois de voler une autre version du tableau en faisant carrément un hold-up à mains armées dans le musée Munch. Les gars repartent à l’aise et ne se feront capturer que deux ans plus tard.

Crédits photo (Domaine Public) : Edvard Munch

"L'enfant à la bulle de savon" de Rembrandt

Cette histoire de vol est plutôt mignonne. Trop mignonne. Tellement mignonne qu’on aimerait bien sortir avec elle et lui payer un restau. L’oeuvre actuellement au musée de Draguigan a été volée en 1999 et il faudra attendre 15 ans pour remettre la main dessus. Le receleur s’est rendu de lui-même à la police, plutôt sympa, et a donc expliqué son geste. Patrick Vialaneix, était en fait un amoureux fou de ce tableau qu’il allait voir régulièrement depuis l’âge de 13 ans. Un jour il s’est dit, « niksamere jle veux pour wam » et s’est donc enfermé dans un placard du musée le soir du 14 juillet profitant des regards détournés sur le feu d’artifice pour procéder à son vol. Le blème c’est qu’après il était frustré de ne pas pouvoir en profiter pleinement (un peu risqué de l’exposer dans son salon). Il a donc fini par rendre le tableau 15 ans plus tard. Comme le délit était prescrit il s’est en tiré avec juste une amande de 20 000 euros et une interdiction d’approcher le musée. C’est con parce qu’avec un abonnement au musée, ça lui aurait sûrement coûté moins cher de le consulter tous les jours plutôt que de s’en emparer mais bon, il devait pas être très bon en maths.

"L’Adoration de l'Agneau mystique"

Ce polyptyque achevé en 1432 de peintres primitifs flamands réside depuis 1986 dans une chambre forte dans la cathédrale Saint-Bavon de Gand tellement il a été l’occasion de vols multiples. Notamment son panneau inférieur gauche qu’on appelle aussi « Les Juges Intègres » et qui a été volé en 1934. Bon alors on triche un peu parce que dans l’absolu, ce panneau n’a jamais été retrouvé, mais on l’a remplacé en 1945 par une copie de Jef Vanderveken. SAUF QUE des analyses menées en 2010 tendent à montrer que cette copie soit aussi vieille que le reste du polyptyque. Bon là je vous avoue je suis un peu perdue.

Crédits photo (Domaine Public) : Jan van Eyck

"Les choristes" de Edgar Degas

C’était il y a pas si longtemps figurez-vous ! Volé le 31 décembre 2009 à Marseille, ce tableau impressionniste aura finalement été retrouvé début 2018 dans la soute d’un bus en Seine et Marne, le truc improbable quoi. Forcément aucun passager du bus ne s’est déclaré comme propriétaire, du coup le Musée d’Orsay a récupéré sa propriété. Youpi. En revanche, on n’a pas la main sur le coupable.

Crédits photo (Domaine Public) : Edgar Degas

"L'Olympe" de Magritte

L’histoire de ce tableau est trop triste. C’est même la lose incarnée. Il a d’abord été volé il y a deux ans au musée Magritte de Jette. Mais il a finalement été rendu… parce que les voleurs n’avaient pas réussi à vendre cette vieille croûte. Bien sûr les voleurs n’ont pas été jusqu’à se rendre aux autorités et n’ont pas été retrouvés à ce jour, en revanche ce serait bien de les prévenir que quand même la vieille croûte vaut environ 1 million d’euros. Le truc con.

"L'Odalisque au Pantalon rouge" de Matisse

Le truc marrant c’est qu’on ne connait pas exactement la date du vol. On la situe entre 1999 et 2002 au musée d’art contemporain de Caracas. Le tableau a été délicatement remplacé par une copie qui n’a été repérée qu’en 2003, d’où la confusion. On a toutefois fini par retrouver l’oeuvre originale en 2013 dans une chambre d’hôtel à Miami. A moins qu’elle aussi ne soit une pâle copie… à 3 millions d’euros.

"Garçon au gilet rouge" de Cézanne

Il aura fallu attendre 4 ans avant de remettre la main sur ce tableau volé à Zurich lors d’un hold-up spectaculaire à mains armées. Estimé à 80 millions d’euros, il a finalement été retrouvé en Serbie. En revanche les voleurs s’étaient emparés de quatre tableaux, deux toiles ont été retrouvées quelques jours plus tard mais une toile reste encore perdue dans la nature « Ludovic Lepic et ses filles » d’Edgar Degas si jamais vous la voyez kekpart, ce serait sympa de nous dire.

Crédits photo (Domaine Public) : Paul Cézanne

Le portrait de mon chat au fusain

L’autre jour je ponds un portrait de mon chat Balek tranquillou sur une feuille double de petits carreaux, et puis après je le colle dans le hall de mon immeuble parce que franchement je trouve que c’est grave beau et qu’on manque un peu d’œuvres dans les parties communes. ET bah dans la journée, BIM le tableau il a disparu. Y’a vraiment des voleurs qui n’ont pas d’âme.

Si toi aussi tu aimes voler des tableaux, partage ton expérience avec nous !

Source :

L’Express

Society n°81 mai 2018