C’est désormais (plus ou moins) officiel : comme Rome, le déconfinement ne se fera pas en un jour mais prendra la forme d’un processus long et chiant au cours duquel certaines personnes seront habilitées à sortir et pas d’autres, puis d’autres personnes et pas d’autres encore, puis d’autres et ainsi de suite jusqu’à retour final à une vie normale. Mais quelles sont les stratégies envisagées par le gouvernement pour exercer pareille discrimination progressive ? On a notre idée.

Option 1 : tout le monde est déconfiné sauf les Parisiens partis à la campagne

Faut pas déconner non plus, les mecs ont cherché à se faire saquer en jouant les petits malins. En plus ce sera facile de les repérer avec leur plaque en 75 ou en 92. On pourrait d’ailleurs en profiter pour faire une saisie massive sur les maisons de campagne histoire de redistribuer un peu les richesses, non ? Enfin on dit Paris, mais on aurait pu citer toutes les villes désertées par le confinement.

Option 2 : on fait ça par ordre alphabétique

Jean Alesi sera content, du moins plus que Mark Wahlberg. Mais ce qui prévalait pour l’appel en classe peut tout à fait s’expérimenter sur un déconfinement à grande échelle. Et puis l’avantage c’est que si on n’est pas pris dans l’équipe des forts, c’est pas parce qu’on est nul, c’est parce qu’on a un nom nul – nuance.

Option 3 : toutes les personnes qui se sont laissé pousser la moustache ne sont pas déconfinées dans un premier temps

Le temps pour elles de réfléchir à ce qu’elles on fait. Valable aussi pour tous ceux qui se sont teint les cheveux en blond. Au sein même du groupe moustache, une nouvelle discrimination pourra être exercée sur ceux qui ont choisi le bouc. Parce qu’ils ont besoin de plus longtemps pour réfléchir aux conséquences de leurs actes, eux.

Option 4 : les personnes qui n'applaudissaient pas à 20 heures restent confinées

Parce que bon hein s’ils aiment pas les soignants et refusent de les féliciter histoire de leur donner du baume au coeur et ainsi remplacer l’Etat qui ne sort pas une thune de sa poche pour l’hôpital depuis 40 ans, c’est qu’ils ne sont pas de bons Français. Cela dit, je préfère rester confiné que d’être libre dans un pays où on applaudit les gens plutôt que de leur accorder des moyens. La situation de l’hôpital en France est dramatique, rappelons-le.

Option 5 : on n'autorise pas les personnes qui pensent que le virus a été créé en laboratoire à sortir

Mais genre jamais. On ne les autorise plus à sortir. Et d’ailleurs on leur coupe Internet. Ou plutôt on réduit leur bande passante de façon à ce qu’Internet plante à chaque fois qu’ils essaient de commenter un truc d’un ton de sachant. Et tout à coup le monde deviendra autrement plus vivable. A la limite, déconfinement ou pas déconfinement, on peut quand même faire ça. Parce que les complotistes du coronavirus sur Facebook, c’est insupportable.

Option 6 : on déconfine en priorité les gens bloqués dans un petit appart avec des gosses qui crient

Et ils obtiennent en sus un droit à des vacances sans les gosses d’un an, comme une reconnaissance tacite de leurs souffrances. Un jour, il y aura des lois étatiques pour reconnaître le statut des victimes du confinement, et ceux-là seront les premiers indemnisés.

Option 7 : le déconfinement se terminera par tous ceux ayant fait des jeux de mots sur le confine de canard

Ce n’est pas tant qu’ils présentent une menace pour la santé physique de la société mais pour sa santé mentale. On pourra étendre pareille mesure aux brandisseurs de « cons finis du confinement » et autres « ça confine au ridicule » en statut Facebook. Une stratégie de rééducation consisterait à ne leur permettre d’accéder depuis leur maison qu’à des sketchs de Raymond Devos et des émissions avec Jean Roucas.

Option 8 : on condamne les auteurs de journaux du confinement à la résidence surveillée à vie

En les obligeant à écrire chaque jour un nouveau chapitre de leur malheur bourgeois sans intérêt pour que ces pages soient ensuite lues mal par d’ex-actrices pornographiques sur C8 à deux heures du mat. Y a une maison d’édition dédiée à monter sur pareille projet. Avis aux entrepreneurs de tout poil qui ont la gagne et veulent redresser la France.

Option 9 : on ne déconfine pas ceux qui ont prononcé le mot "grippette"

On pourrait d’ailleurs aussi expérimenter les vaccins sur eux. Après tout, ils ne risquent pas grand’chose à se voir inoculer le virus, puisque c’est une « toute petite grippe ».

Option 10 : on tire au sort ceux qui ont le droit de sortir

On peut même coupler ça avec la Française des jeux. Il faut acheter un ticket sur Internet et si ton numéro sort, tu as droit à 3 heures de promenade dans les rues sans te faire emmerder. Franchement, ce serait rentable un loto où le gain c’est de retrouver sa liberté. Idée remplissage des caisses de l’Etat pour Bercy. Ne me remerciez pas les gars (les gars c’est Nono Le Maire et Gégé Darmanin).

On n’est pas bien chez nous ?