Même s’il n’a pas que des potes, Quentin Tarantino est considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands réalisateurs de sa génération. Avec neuf films à son actif (et des déclarations comme quoi il s’arrêterait à dix), il a travaillé plusieurs genres cinématographiques au cours de sa carrière. Passionné de cinéma depuis qu’il a bossé dans un vidéo-club (là où il a construit sa culture assez imposante), ses films sont extrêmement référencés, bourrés de clins d’œil mais aussi d’anecdotes de tournages assez intéressantes.

La guitare de "Hateful Eight"

Cette anecdote est assez connue à présent, mais pour les gens qui l’ignorent elle vaut le coup d’être racontée. Dans cette scène, Jennifer Jason Leigh interprète une chanson avec une vieille guitare, et Kurt Russel lui enlève des mains avant de l’éclater en morceaux (3,24 minutes dans la vidéo). Le problème c’est que cette guitare était une pièce de collection datant de 1870 gracieusement prêtée par les luthiers « Martin & Co ». L’originale devait être remplacée par une copie avant que Russel ne l’éclate mais celui ci l’ignorait. Vous pouvez donc voir la réaction totalement authentique de Jennifer Jason Leigh qui se tourne même vers l’équipe dans un gros moment de panique.

La scène de torture de "Reservoir Dogs"

Deux choses intéressantes sur cette scène désormais culte dans laquelle Michael Madsen torture un flic après avoir dansé sur le titre « Stuck in the middle with you ». Tout d’abord la danse est totalement improvisée comme l’a révélé l’acteur dont le script à suivre se résumait à « Mr blonde danse de façon maniaque ». La scène est assez choquante et lors de ses premières projections Tarantino comptait le nombre de personnes qui quittaient la salle pendant celle-ci (le record étant 33 personnes lors de la même projection). Même le réalisateur Wes Craven (Freddy, Scream) était parti au cours de cette scène. Tarantino aurait alors dit à l’acteur Steve Buscemi que le nombre de personnes qui partaient était un bon moyen de calculer le succès d’un film.

Le cas "True Romance"

Si « Reservoir Dogs » est la première réalisation de Tarantino, True Romance est le premier script qu’il a écrit avant que Tony Scott ne se charge de le réaliser. Très fier de son scénario et de l’adaptation de Scott, il a déjà décrit le film comme « le seul film sur une histoire d’amour que j’ai écrit ». Il y a une scène particulière qui vaut vraiment le coup d’oeil, il s’agit de l’interrogatoire de l’acteur Dennis Hopper par le mafieux sicilien interprété par Christopher Walken qui se targue de savoir quand les gens mentent. Tarantino a déjà dit que c’était la scène dont il était le plus fier en terme d’écriture, mais il a aussi déclaré qu’elle était potentiellement la scène la mieux jouée de toute l’histoire du Cinéma.

La série "Fox Force Five"

Lors de la scène du diner de « Pulp Fiction » où Mia Wallace (Uma Thurman) et Vincent Vega (John Travolta) sont en train de discuter avant de danser, Mia explique qu’elle a passé un casting pour une série appelée « Fox Force Five » qui n’a malheureusement pas dépassé le stade d’épisode pilote. C’est la description de scénario qui est assez intéressante : il s’agit d’une équipe de cinq femmes agent secrètes composée d’une japonaise, d’une française, d’une blonde, d’une afro-américaine et du personnage de Mia, une experte du combat au couteau. Ces cinq personnages si vous n’avez pas encore deviné sont les cinq tueuses du diptyque Kill Bill.

Les cinq minutes de combat de "Kill Bill"

Lors du premier épisode de « Kill Bill », Beatrix Kiddo (Uma Thurman) affronte O-Ren Ishii (Lucy Liu) dans un combat à l’esthétique magnifique. Mais avant que ces deux rivales ne se battent, O-Ren dit à Béatrice qu’elle « ne tiendra pas cinq minutes dans un combat contre elle ». Bien sûr, malgré le fait qu’elle se la raconte, l’héroïne finit par sortir victorieuse du combat et la tuer. Cependant, si vous chronométrez depuis le signal musical du début du combat jusqu’au terme de celui ci, votre chronomètre affichera très exactement quatre minutes et cinquante-neuf secondes. Bien joué.

Le trophée de danse de "Pulp Fiction"

Cela prend place après la scène de danse de Mia et Vincent dont nous parlions plus haut, on les voit rentrer chez Mia avec le trophée en comprenant qu’ils ont gagnés le concours (et quand on voit la danse on se dit que c’est mérité). Eh bien en réalité, si vous faites attention, on entend à la radio plus tard dans le film qu’un trophée a été volé pendant le concours de danse. Pas si bons joueurs finalement ces vilains personnages.

La scène du bar dans "Django Unchained"

Lorsque le personnage de Django (Jamie Foxx) arrive chez le vendeur d’esclaves interprété par Leonardo DiCaprio, il assiste à une scène de combat entre esclaves. Il s’accoude à un bar et dialogue avec un autre homme. Il lui demande son nom et le protagoniste répond « Django, le « d » est silencieux » (d’après ma propre traduction de la scène en anglais) ce à quoi l’autre répond « Je sais » et disparait de l’intrigue du film. Ok, rien de très intéressant à première vue, sauf que ce personnage est joué par l’acteur Franco Nero et que celui ci à joué le rôle titre des films « Django » (1966) et « Django strike again » (1987). Un petit caméo comme ce passionné de cinéma qu’est Tarantino aime en proposer.

La scène de "Sin City"

Le réalisateur Robert Rodriguez est un grand ami de Quentin Tarantino et ils ont d’ailleurs réalisés ensemble le dyptique « GrindHouse » (Planet Terror / DeathProof). Plusieurs anecdotes sont intéressantes sur le duo : Tarantino a écrit le scénario de « From Dusk Til Dawn », ce après quoi Rodriguez à réalisé une scène de Pulp Fiction dans laquelle Tarantino est à l’écran. Rodriguez a d’ailleurs fait la bande originale du film pour 1$ et plus tard, pour le remercier, Tarantino est venu réaliser la scène suivante de « Sin City » pour le même prix. Classe.

La coupure de DiCaprio dans "Django Unchained"

Lors de la scène tendue du dîner chez lui, le personnage de DiCaprio finit par se méfier de ses invités lorsque le personnage interprété par Samuel L. Jackson lui apprend que quelque chose ne tourne pas rond. Il frappe alors son poing sur la table assez violement, explosant au passage un verre. Le truc c’est que ce n’était pas forcément prévu, et la coupure à la main ainsi que les saignements sont authentiques. L’acteur a d’ailleurs continué la prise, tellement à fond dans celle ci, et l’équipe lui a fait une standing ovation à la fin de celle avant qu’il n’aille se faire recoudre.

Le segment de "Four Rooms"

Réalisé par quatre personnes, le film « Four Rooms » demeure assez méconnu alors qu’il est assez original (bien qu’inégal). On y suit la soirée catastrophique d’un groom interprété par Tim Roth dans un hôtel pendant le réveillon du nouvel an. Il passera notamment par quatre chambres, quatre petits courts-métrages, qui composent le film. Les deux premières chambres ont été écrites et réalisées par Allison Anders et Alexandre Rockwell et les deux dernières par Robert Rodriguez et Tarantino qui clôture le film. Dans sa scène, l’acteur Bruce Willis joue avec lui et avait accepté de prendre le rôle gratuitement. Cependant il s’exposait ainsi aux règles du studio et aurait pu être poursuivit. L’acteur a donc accepté de jouer non seulement gratuitement dans la scène, mais en plus de ne pas être crédité dans celle ci. Il voulait vraiment jouer dedans quoi.

Bonus : Les trois univers de Tarantino

Les fans le savent, tous les films de Tarantino sont liés. Ainsi Vic Vega (Reservoir Dogs) est le frère de Vincent Vega (Pulp Fiction), le Donowitz d’Inglorious Basterds est le père du Donowitz de True Romance, les marques Kahuna Burger et Red Apples apparaissent dans presque tous les films, le nom de famille de Mr White (Reservoir Dogs) est Dimmick, le même nom de famille que le personnage joué par Tarantino lui même dans Pulp fiction… Bref, des listes des liens ont déjà été dressées et je vous laisserai vérifier par vous même. Cependant, il existe en tout trois univers différents. Le premier que je viens de décrire est le « vrai univers », car l’histoire des gens est commune et on retrouve par exemple des liens familiaux entre les films. Ensuite vient « l’univers des films » qui correspond aux films que pourraient voir au cinéma les personnages du premier univers et qui inclut Kill Bill, Tueurs Nés et Une nuit en enfer. Le troisième univers lui ne concerne que le film Jackie Brown puisqu’il s’agit du seul film que Tarantino n’a pas écrit, il est l’adaptation d’un roman que l’un des personnages lit d’ailleurs dans une scène. Voilà vous savez tout.

Le cinéma de Tarantino est extrêmement riche et il essaie toujours de se surpasser. En réalité il « se donne un mal fou à rester au niveau » d’un autre réalisateur et ami à lui, Paul Thomas Anderson, dont je vous invite à regarder la filmographie. En attendant vous pouvez aller voir les meilleurs films de Tarantino ou les théories sur les films de Tarantino.

Sources : TeddyFeed, Listverse.