Si les César passionnent de moins en moins de monde, l’édition 2020 promet d’être savoureuse. L’annonce des nominations a été pour le moins polémique puisque notre bien aimé Roman Polanski, se trouve nommé dans pas moins de 12 catégories. Alors forcément, comme il est accusé de viol par un certain nombre de femmes, ça pose un tout petit peu problème. Mais ce n’est pas la première fois qu’un réalisateur est sujet à polémique lors d’une récompense. Petit tour d’horizon des réalisateurs les plus polémiques (ou Paul et qui vous voulez).

Attention on parle de polémiques diverses, il ne s’agit aucunement de mettre ces différents réalisateurs sur le même plan mais plutôt de relayer les polémiques qui ont été associées à la sortie de certains films ou aux accusations dont les réalisateurs ont fait l’objet. VOILA, ON PRÉCISE.

Roman Polanski nommé 12 fois au César 2020 pour son film J'accuse

La sortie du film J’accuse avait fait l’objet de nombreuses critiques (mais aussi de nombreuses critiques positives de la presse, ouch) car on commence à mal prendre le fait qu’un homme accusé de viol par une douzaine de femmes trouve un aussi bel accueil au cinéma (ou n’importe où d’ailleurs). Ça aurait pu s’arrêter là, mais la cérémonie des César en remet une couche en nommant le film dans 12 catégories, ce qui ressemble un gros doigt d’honneur.

Abdellatif Kechiche, récompensé au festival de Cannes 2013 pour La vie d'Adèle mais vivement critiqué pour les conditions de travail sur ses tournages

Alors qu’il reçoit la Palme d’or pour la mise en scène de La vie d’Adèle (conjointement avec les deux comédiennes principales), le réalisateur est aussi critiqué pour sa tyrannie professionnelle. Le film enregistre pas moins de 750 heures de tournage et les techniciens publient un communiqué l’accusant de harcèlement moral. Quelques temps plus tard, c’est au tour des comédiennes de critiquer les méthodes de Kechiche, puis l’auteur du roman graphique dont le film a été adapté Julie Maroh… Il a par la suite expliqué qu’il regrettait que le film sorte dans ces conditions.

Abderrahmane Sissako qui remporte 7 César en 2015 pour Timbuktu est accusé d'avoir volé des images d'un journaliste

Après le succès du film de nombreuses accusations sont tombées sur le réalisateur à commencer par le fait d’être un proche conseiller culturel du chef d’état mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz ce qui lui aurait permis d’être alors dans les petits papiers du pouvoir pour réaliser son film, en échange de ne pas dénoncer l’esclavage auquel le pays est en proie. A ceci s’ajoutent de nombreuses critiques, comme le fait qu’il a fait jouer une petite fille issue d’un camp de réfugiés pour une somme ridicule…

Bryan Singer, multi-oscarisé et multi-Goldenglobisé pour Bohemian Rhapsody a été accusé d'agressions sexuelles sur mineur

Et si ces accusations étaient connues depuis longtemps, c’est le succès phénoménal du film qui les a ravivées. Certes le réalisateur n’est responsable que des 2/3 du film puisqu’il a été viré avant la fin du tournage et remplacé in extremis par Dexter Fletcher. Il n’empêche que c’est Bryan Singer qui est crédité à la fin du film.

(Feu) Jean-Claude Brisseau honoré par la Cinémathèque Française lors d'une rétrospective en son hommage alors qu'il a purgé un an de prison en 2005 pour harcèlement sexuel sur deux comédiennes

Une troisième actrice a rajouté sa plainte un an plus tard… Les films concernés étaient Noce blanche et L’Ange noir. Notons toutefois que la programmation de la cinémathèque a finalement été reportée.

Café Society de Woody Allen en ouverture du festival de Cannes (2016) alors que son fils Ronan Farrow venait de prendre publiquement position en faveur de sa sœur accusant le réalisateur d'attouchements

Et la double-tacle de Laurent Lafitte, maître de la cérémonie, n’est pas passée inaperçue : « C’est très bien que vous ayez filmé tant de films en Europe, même si vous n’êtes pas condamné pour viol aux États-Unis ».

Lars Von Trier, l'abonné aux polémiques

Dans la série des réalisateurs les plus polémiques, Lars Von Trier revient tellement souvent que ce serait une polémique qu’il ne fasse pas une nouvelle polémique. Déjà, ses films ont tendance à diviser fortement. Par ailleurs on l’accuse de misogynie dans le film Antichrist ce à quoi il répond être le meilleur réalisateur au monde (argumentation légitime). Il évoque ensuite son intérêt pour « l’esthétique nazie » en conférence de presse pour le film Melancholia et balance surtout la phrase choc « Je comprends Hitler. Je pense qu’il a fait de mauvaises choses, absolument, mais je peux l’imaginer assis dans son bunker à la fin » avant de rajouter « Bien sûr, je ne suis pas pour la seconde guerre mondiale, je ne suis pas contre les juifs. Je suis avec les juifs bien sûr, mais pas trop… Parce que Israël fait vraiment chier ». Bon cela dit, ces propos lui ont valu d’être exclu du festival de Cannes pendant 7 ans. Mais c’est pas fini, puisqu’en 2017, il est accusé (indirectement) de harcèlement sexuel par Björk (accusations qu’il nie en bloc).

Pedro Almodovar, président du festival de Cannes en 2017 malgré une pétition de 20 000 signatures contre lui pour son goût prononcé pour la corrida

Certes, il fait partie des (rares) réalisateurs à ne pas être accusés d’agressions sexuelles ce qui en fait d’ores et déjà un héros des temps modernes. Sur ce coup, on l’attaque pour une de ses passions : la corrida. C’est ainsi qu’une pétition contre sa présidence au festival de Cannes a été lancée mettant en cause son amour pour ce spectacle de maltraitance animale. Bon au final il est quand même resté président du jury. Pedro 1 – Taureau 0.

Elia Kazan récompensé aux Oscar pour l'ensemble de son oeuvre en 99 alors qu'il a activement participé à la "chasse aux sorcières" contre les communistes

Il a ainsi participé dans les années 50 à la Commission des activités antiaméricaines et a dénoncé tous les acteurs communistes qu’il connaissait. Bon, à sa décharge, il n’y a en a pas beaucoup qui ont refusé de participer à cette dénonciation générale par pur héroïsme. Mais bon, c’est pas une raison. Vilain Elia. Bouh.

Jean Cocteau, sacré en 1965 président d'honneur du festival de Cannes à vie après sa mort (alors qu'il avait une petite tendance collabo)

Si son passé dans les années 40 reste plutôt mystérieux, de nombreux résistants l’ont accusé de collaboration avec les Allemands notamment parce qu’il a écrit pour un journal collabo qui portait le doux nom de « La Gerbe » et adorait Arno Breker, un des sculpteurs officiels du IIIe Reich. Bref, des broutilles.

Bernardo Bertollucci, dont on ne retiendra malheureusement qu'une scène de sodomie forcée dans Dernier tango à Paris

Il a beau avoir réalisé des films incontournables, les révélations de Maria Schneider sur la fameuse « scène du beurre » de Dernier tango à Paris ont mis le réalisateur (et l’acteur Marlon Brando) au cœur d’une polémique scandaleuse : la comédienne n’était pas prévenue de cette scène qu’elle a vécu comme un viol (même si le rapport sexuel était simulé).

Tonie Marshall qui a raflé 3 César en 2000 pour Vénus beauté alors qu'il y avait certainement un homme qui aurait pu les gagner à sa place

Genre Luc Besson pour Jeanne d’Arc qui était aussi nommé dans les catégories du meilleur film et du meilleur réalisateur. En plus, si on parle du meilleur réalisateur c’est bien parce que c’est pour les hommes et non pour les femmes. Bah oui enfin. Ah les femmes, j’vous jure, dès qu’elles peuvent tirer la couverture sur elles…

Hâte de voir le discours de Polanski sacré meilleur réalisateur !

Source : Libération, France TV Info, Vanity fair