Estampillée HBO, la série The Outsider est arrivée sur OCS et c’est une excellente surprise. Qualité de jeu et de réal’, adaptation fidèle d’un des meilleurs livres de Stephen King, casting impeccable… Si vous en doutez, on essaie de vous en convaincre sans jamais glisser de billet dans une VHS (pour la bonne et simple raison que vous n’avez pas de lecteur de VHS et qu’on est ruinés).

Parce qu'on a mal pour le mec accusé à tort

Le scénario ne joue pas sur l’ambiguïté de sa culpabilité, comme il aurait été tentant de le faire. Il y a une forme d’évidence dès le départ : Terry Meitland, joué par Jason Bateman, n’est pas coupable alors que tout l’accuse. Et c’est une sale position pour le spectateur, une position qu’il n’a pas l’habitude d’avoir. Il n’y a ni doute, ni volonté de voir le coupable s’en tirer ou plonger, il y a simplement l’impression réelle que l’on est impuissant face à l’erreur judiciaire, une impression un peu métaphysique qui met mal à l’aise.

Parce qu'on se demande vraiment comment ils vont dépatouiller tout ça

Terry Maitland a été vu par plusieurs témoins avec le petit garçon retrouvé mort, puis près du lieu du crime, puis couvert de sang. Mais Terry Maitland a également été vu au même moment par plusieurs de ses collègues et une caméra de télévision à plusieurs centaines de kilomètres de là à une conférence. Les deux réalité ne peuvent exister en même temps et pourtant si ; ok les gars, c’est sympa, mais vous allez nous emmener où ? Eh bien, étonnamment, le dénouement marche.

Pour l'ambiance de terreur lente

C’est du Stephen King, donc on est mal à l’aise et on a vaguement peur. Une petite ville, des espaces clos, des solitudes, des clairs-obscurs : tout l’environnement a été conçu pour foutre le spectateur dans une position inconfortable sans pour autant appuyer sur les leviers habituels. Une sorte de torpeur glauque s’installe dont on ne sait pas comment se sortir.

Parce que faire coexister polar et fantastique, c'est souvent casse-gueule, pas là

Ceux qui ont essayé de regarder In the shadow of the moon, sur Netflix, savent que c’est très très très souvent casse-gueule et très très trop souvent raté. Mais là, histoire et ambiance fonctionnent : on est sur une enquête avec les marqueurs habituels de l’affaire policière et on est en même temps sur l’irruption de l’incompréhensible et de l’extraterrestre. Les deux se concilient et se renforcent.

Pour la qualité du jeu

Jason Bateman, en accusé à tort et Ben Mendelsohn en flic hanté par la mort de son fils autant que par l’affaire dont il a la charge sont vraiment exceptionnels. Il y a la question de la responsabilité de ses actes et de l’incapacité d’agir qui se pose en permanence et ça se lit sur leur gueule. Les dialogues, de très bonne qualité, aident.

Parce que c'est signé Richard Price

A qui on doit notamment The Night of en plus d’autres collaborations sur The Wire (et de ses bouquins, et de ses scénarios pour Spike Lee). Comme souvent quand la télé fait appel à des mecs venus d’un sérail plus quali, ça donne des résultats très probants.

Parce que la réalisation est vraiment superbe

Du moins dans les premiers épisodes, réalisés pour partie par Jason Bateman et qui donnent envie de le voir à la réal d’un film. Les plans rappellent le cinéma de Fincher, le rythme lent en plus.

Parce que la série prend son temps sans ennuyer

Il y a une forme de logique à cela ; au départ, on se retrouve avec un plan clair : un salaud a tué un gosse et va payer. Mais cette évidence devient de plus en plus trouble et jusqu’à s’avérer intrinsèquement contradictoire (d’autant qu’une bonne partie des personnes concernées disparaît). Le passage d’un état à l’autre, pour les personnages comme pour le spectateur, suppose un schéma mental lent que la série reproduit parfaitement sans pour autant sombrer dans la contemplation chiante.

Parce que c'est une série sur la rationalité

Et c’est presque métaphysique. Comment abandonner des certitudes qui ont toujours été vérifiées pour mieux comprendre le réel ? Et bah voilà. Vous avez deux heures. La série répond en 10 épisodes de moins d’une heure et c’est beaucoup moins chiant à lire qu’une dissert de 1ère.

Parce que même Stephen King dit que c'est bien

Pendant le processus d’adaptation, King n’a eu qu’une seule demande : que le nom de l’enquêtrice qui intervient à mi-saison soit conservé malgré le risque de confusion avec une autre série adaptée où ce même personnage intervient. Pour le reste, il a donné toute latitude à Richard Price et son approbation à la série. C’est rare, tant Stephen King est difficile (on sait notamment qu’il déteste ce que Kubrick a fait de Shining). Et c’est d’autant plus rare que, bien souvent, les adaptations de l’auteur à l’écran foirent, même s’il y a des bonnes adaptation de Stephen King.

Bref, ça se regarde je vous assure.