L'ambiance est au mouvement social : les éboueurs, la fonction publique dans les prochains jours, ce n'était pourtant pas évident de trouver un créneau dans ce mois de mai criblé de ponts. Problème, dans votre boite, ça se passe très bien. Il suffit pourtant d'un peu d'imagination pour trouver une bonne raison de déserter son lieu de travail. Pas la peine de parler de "lutte des classes" ou "d'acquis sociaux", laissez ça à ceux qui ont vraiment des combats importants à mener, et dites vous que les bonnes raisons de gueuler sont souvent les plus simples. Il n'y a qu'à piocher là dedans :

  1. On est en mai
    Mieux : on est en mai et on est en France. Il y a certaines traditions à respecter, "en mai, fais ce qu'il te plait", et défiler en t-shirt dans les rues en bouffant des sandwichs aux merguez, c'est le genre de truc qui vous plait. Et on vous comprend bien.
  2. La "pénibilité" de votre travail
    Des métiers pénibles, il en existe plein. Mais si vous avez besoin de manifester pour expliquer le caractère "pénible" de votre travail, c'est que ce n'est pas si évident que ça. Si par exemple il n'y a plus de potage aux tomates un jour sur deux au distributeur de boissons chaudes, vous pouvez décemment parler de "pénibilité".
  3. Rappeler à tout le monde votre capacité de nuisance
    Si vous avez un problème avec votre patron et qu'il n'est pas trop con, vous devriez pouvoir communiquer avec lui. Mais ça n'engendrera pas la même ivresse de pouvoir qu'une bonne opération escargot sur le périph' ou une grosse "perturbation" des transports en commun. Faites-vous respecter, bordel!
  4. La solidarité avec les camarades
    Bon, les "camarades", en question, vous ne connaissez pas leurs noms et vous n'êtes pas bien sûr de ce qui leur arrive. Apparemment, on leur aurait demandé à plusieurs reprises d'arrêter de chourer du papier de l'imprimante et des Stabilo pour que leurs gamins aient de quoi dessiner le mercredi après-midi quand il pleut. On vote? Grève reconductible. Sans préavis.
  5. Vous êtes tout chamboulé avec ces ponts
    Des week-ends interminables, des semaines tronquées, votre cycle de sommeil en ce mois de mai, c'est n'importe quoi. Le mieux, c'est encore de finir ce mois de glande avec des horaires réguliers, disons zéro heure de travail par jour, faites donc grève, n'importe quel médecin vous le conseillera (enfin, on imagine).
  6. Cette semaine, c'est le festival de Cannes
    Vous pourriez poser des congés, mais la semaine prochaine, c'est Roland Garros et après c'est la Coupe du Monde, avec des matchs à pas d'heure et le Tour de France dans la journée. Ces emplois du temps, c'est l'enfer. Et on doute encore de la "pénibilité" de votre métier?
  7. Les autres font grève
    Héritage de vos années lycée : si tout le monde fait grève, on n'est pas noté absent. Depuis ces belles années, vous avez toujours suivi le gros de la troupe, un appel à la grève? Tu la fais toi? Ok, et toi? Bon, ben moi aussi.
  8. Vous avez beaucoup trop de fric, à ne plus savoir qu'en foutre
    Un téléphone portable à plus de 500 balles, un abonnement à plein de chaines de télé que vous n'avez pas le temps de regarder, une tablette tactile que vous utilisez seulement chez vous, en plus de votre ordinateur portable... Quand on voit ce que vous faites de votre fric, on se dit qu'une journée de salaire en moins, vous n'allez même pas vous en rendre compte.
  9. Vous n'avez pas envie de bosser. Et pis c'est tout.
    Depuis quand il faut une raison pour faire grève? Vous regardez la météo, vous posez un préavis et à la case "motif" vous écrivez "j'en ai plein le cul", si votre patron décide de s'absenter un jour ou deux, il ne se paiera sûrement pas moins et il ne vous enverra pas de préavis pour vous prévenir.
  10. La grève, c'est un droit
    Et un droit, quand on ne s'en sert pas de temps à autre, on le perd. Comme le droit de vote. Faites grève, ne laissez pas les autres glander à votre place.

Magnez-vous, le mois de mai est déjà bien avancé.