Dans la vie, on ne naît pas tous avec les mêmes chances. En revanche, on ne jalouse pas les bonnes personnes : on se concentre sur ceux qui naissent blindés de thunes, mais en réalité, ce ne sont pas eux les plus chanceux. Benoit, Marie, Emma, Élise, Louise, Quentin… : ce sont eux, les vrais chanceux. Les gens avec des prénoms classiques, qui se fondent dans le décor. Ceux qui ne se retrouvent pas avec un prénom stigmatisé et rattaché à l’image d’un beauf ou d’un raciste. Les Kevin, on compatit fort.

Karen

Dans les pays anglophones, le prénom « Karen » est devenu un terme d’argot, utilisé pour parler de façon négative d’une femme blanche, d’âge mûr, qui s’insurge de tout et perpétue un racisme systémique. La meuf sympa qui refuse de converser avec le simple employé du commerce où elle se trouve et qui demande « appelez-moi le directeur ! ». Quant aux origines du terme, plusieurs hypothèses : le terme pourrait notamment venir du sketch « The Friend That Nobody Likes » (Dane Cook, 2005) ou du personnage de Karen dans le film « Lolita malgré moi » (une personne un brin raciste).

Becky

Tout comme « Karen » (et la majorité des prénoms de ce top), « Becky » fait partie des prénoms utilisés chez nos amis anglophones pour généraliser une catégorie de personnes. On l’utilise pour parler de « femmes blanches relativement jeunes, qui ignorent ou profitent de leurs privilèges. » On leur attribue un caractère excentrique, égocentrique, consumériste et souvent de mœurs légères. En gros, « Becky » et le nouveau terme utilisé pour parler de « Valley Girl ». Autre signification du prénom en argot (oui, parce que ce n’était pas déjà assez compliqué) : il peut aussi désigner une fille classique, qui suit les tendances à la lettre. « Elle porte des UGG pour aller boire son Pumpkin Spice Latte chez Starbucks. Quelle Becky, celle-ci ! »

Chad

Comme « Becky », « Chad » peut-être utilisé dans différents contextes. Il a d’abord été utilisé en Angleterre, pendant la Seconde Guerre mondiale, à des fins humoristiques. Ce n’est que plus tard, qu’il est réutilisé à Chicago pour catégoriser un « jeune homme urbain de la classe supérieure ». Ensuite, il est repris dans l’argot d’Internet pour faire référence à un « alpha » : un « mâle hyper-viril ». Les milieux masculinistes anglo-saxons épousent cette même définition d’homme alpha sexuellement attractif. C’est de moins en moins fun, cette histoire.

Stacy

« Stacy » est souvent considéré comme l’homologue féminin de Chad. Dans l’argot, le terme désigne une femme stéréotypée comme particulièrement belle, mais aussi vaniteuse, grossière et uniquement intéressée par le sexe. Ce terme est utilisé dans le monde des « Incels » (« involuntary celibate », un homme qui se plaint généralement d’être rejeté par les femmes »). Il a été rendu tristement célèbre en 2018, lorsqu’un membre de cette communauté, Alek Minassian, a déclaré sur Facebook « Nous allons renverser tous les Chads et les Stacys ! », avant de donner la mort à 10 personnes et d’en blesser 15 autres, à bord d’une voiture Bélier, à Toronto. Oui, c’est absolument horrible.

Dick (abréviation de Richard)

Mal connoté dans les pays anglophones, et particulièrement mal accueilli si vous êtes grand ou large. Hein, big Dick ?

Fanny

Pour rester à la rubrique des références beaufs (mes préférées) et des prénoms qui s’exportent mal à l’étranger, sachez que « Fanny », dans l’argot anglais et australien, ça veut dire « chatte ». Aux USA, ça veut dire « cul ». Vous l’aurez compris, dans ces pays-là, c’est pas ultra-gratifiant, quoi !

Tanguy

Vous l’avez sûrement déjà entendu dans la bouche de vos parents : « il vit encore chez sa mère à 40 ans, c’est un Tanguy ! ». Eh bien sachez que nous ne sommes pas le seul pays à stigmatiser ce prénom de la sorte : au Canada aussi, les adultes habitant toujours chez leurs parents sont appelés « Tanguy » ! Le phénomène est arrivé au début des années 1980, lorsque la génération des Baby boomers est entrée en masse sur le marché du travail, ne laissant pas beaucoup de place aux autres. De fait, les jeunes adultes ont fait de plus longues études ou ont dû attendre plus longtemps des offres de travail. Durant ce laps de temps, ils sont généralement restés chez leurs parents et le terme argotique est né.

Patricinha

Cap sur le Brésil cette fois ! Là-bas, le prénom portugais « Patricinha » désigne une « jeune femme de classe supérieure, uniquement intéressée par le shopping, l’apparence personnelle et le statut social des autres ». C’est un peu la « Becky » latine ! Notez que « Bethina » peut aussi être utilisé comme synonyme.

Jody

Ce terme-là est moins connu de tous, puisqu’il est utilisé dans les armées. « Jody » désigne le « mec qui s’occupe de votre petite amie en votre absence ». En gros, c’est un civil, de sexe masculin, qui profite de l’absence d’un militaire pour pécho sa copine. Pas un super pote, Jody.

Kyle

Les Américains utilisent ce prénom pour stigmatiser le type un peu immature, qui boit des boissons énergisantes, qui joue à des jeux vidéo toute la journée et qui ne sait pas trop gérer ses émotions. Le terme vient d’une vidéo Vine, publiée en 2015 et intitulée » White Kid Fight ».

Bonus : Adolf, partout dans le monde

Rapport au petit teigneux, moustachu, raciste, antisémite, homophobe et tout ce qui va bien, qui est à l’origine d’un terrible génocide. Vous voyez de qui je parle ?

Si vous avez un doux prénom de merde, sachez qu’il s’agit simplement d’une erreur de jugement. Si votre prénom sonne mal chez nous, il trouvera peut-être un grand succès outre-Atlantique. Eh oui, certains prénoms sont vus différemment en France et au Québec ! Go vivre au pays des Caribous, Véronique !

Sources : Reddit, Dictionary.com