Si vous avez déjà vu au moins un film de la série des "Alien", vous savez comment ça se passe. A l'état larvaire, la terrible créature vous saute au visage pour vous féconder. Ensuite, un parasite extraterrestre se développe dans votre corps comme dans un cocon. Puis, la gestation terminée, il jaillit de votre thorax et vous tue, non sans vous avoir infligé une souffrance intolérable. Bien sûr, la nature ne saurait être aussi cruelle qu'Hollywood n'est ce pas ? Vous êtes sûrs ? Lisez les exemples qui suivent...

  1. Cymothoa exigua, l'amateur de french-kiss
    Ce crustacé parasite est également connu sous le nom évocateur de "pou mangeur de langue". Long d'environ 3 cm, il se fixe sur la langue du vivaneau rose, un poisson du pacifique, en passant par ses branchies. Une fois en place, le cymothoa utilise ses griffes pour extraire le sang qui irrigue la langue de son hôte. A mesure que le petit vampire prend du volume, sa consommation de sang augmente, et la langue du poisson finit par s'atrophier. Elle est alors complètement remplacée par le corps du parasite. A ce stade, le cymothoa abandonne le sang pour se nourrir du mucus du vivaneau, sans s'occuper des aliments que ce dernier ingère. Si l'on met de coté le traumatisme qui consiste à voir un de ses organes remplacé par une créature vivante, phénomène unique dans la nature, le poisson peut alors mener une vie normale en utilisant le corps de son parasite comme une langue de substitution.
  2. Leucochloridium paradoxum, les yeux de la mort
    Derrière ce nom barbare se cache un ver parasite au cycle de vie déroutant. Les Leucochloridium ne peuvent se reproduire que dans le système digestif des oiseaux, où ils atteignent leur forme adulte. Ils pondent alors des œufs, qui sont expulsés dans la nature avec les fientes de leur hôte. Une fois que les larves éclosent, tous leurs problèmes existentiels résident dans cette seule question : "comment revenir à l'intérieur d'un oiseau ?". Pour y parvenir, elles suivent un plan particulièrement tordu. Tout d'abord, elles attendent qu'un escargot veuille bien consommer la déjection dans laquelle elles se trouvent. Une fois à l'intérieur du gastéropode, les larves remontent le système digestif de ce dernier pour aller se loger dans ses yeux. C'est alors qu'un phénomène impressionnant se produit : en grandissant, les larves transforment l'œil de l'escargot en excroissance multicolore et pulsatile qui évoque la forme d'une chenille. Les oiseaux se jettent alors sur ce qu'ils croient être une proie, absorbant au passage une nouvelle escouade de vers prêts à se reproduire. Le cycle peut ensuite recommencer...
    Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Thomas Hahmann
  3. Sacculina carcini, la voleuse de corps
    Dire de la sacculine qu'elle est un petit crustacé parasite du crabe serait un euphémisme. En réalité, la sacculine est le pire cauchemar qu'un crabe puisse imaginer. Au départ, la larve de sacculine femelle dérive au hasard des courants, jusqu'à ce qu'elle rencontre un crabe très malchanceux. Elle cherche alors une faille dans la carapace de l'animal, comme une articulation, et elle s'injecte littéralement dans son organisme. La sacculine grandit alors, déployant ses ramifications dans le corps de son hôte, jusqu'à émerger sous forme de protubérance à proximité des organes génitaux du crabe. A partir de ce moment fatidique, la sacculine possède complètement son hôte : elle va modifier son équilibre hormonal, l'empêchant de muer, de reconstituer ses pinces endommagées, et même de se reproduire. Le crabe devient alors un esclave zombifié, réduit à l'état de coquille ambulante, qui ne vivra plus que pour nourrir son parasite. Et quand la sacculine se fera féconder, elle forcera même le crabe à s'occuper des œufs comme si c'était les siens...
    Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Auguste Le Roux
  4. Ampulex compressa, dans son nid personne ne vous entend crier
    Les superbes reflets bleu-vert métallisés de la guêpe émeraude, ou ampulex compressa, ne doivent pas vous abuser : il s'agit d'une des prédatrices parasites les plus abominables qui soient. En période de reproduction, la guêpe émeraude recherche un cafard. Une fois qu'elle l'a trouvé, elle commence par lui planter son dard venimeux dans un ganglion thoracique, ce qui a pour effet de paralyser temporairement les pattes avant du malheureux. Elle le pique ensuite dans la zone du cerveau qui contrôle le reflexe d'évasion, empêchant ainsi le cafard de s'enfuir. Comme elle est trop petite pour le porter jusqu'à son nid, elle va guider le cafard zombifié en tirant sur une de ses antennes comme s'il s'agissait d'une laisse. Et c'est ici, quand ils sont arrivés au nid de la guêpe, que le véritable enfer va commencer pour le cafard : la guêpe va d'abord pondre un œuf dans l'abdomen de sa victime. Au bout de trois jours, une larve va éclore, qui va se nourrir des organes internes du cafard pendant une semaine. Durant toute cette période, le cafard est conservé en vie, jusqu'à ce que la larve ait pu former un cocon à l'intérieur de son corps mutilé. Enfin, au bout d'environ 4 semaines, c'est une guêpe adulte qui émergera du cafard, dans un style évocateur des pires moments d'Alien...
  5. Cordyceps unilateralis, le hacker de cerveau
    Ce dernier parasite n'est pas un animal, mais un champignon. Pourtant, c'est peut-être le plus impressionnant de la liste. Les spores du cordyceps unilateralis se déposent spécifiquement sur la surface externe de la fourmi, où elles germent. Elles pénètrent ensuite le corps de l'insecte en passant par ses orifices respiratoires. Le champignon va alors grandir à l'intérieur de la fourmi, déployant des filaments qui vont absorber les tissus mous de l'hôte, tout en évitant soigneusement ses organes vitaux. Quand le champignon est prêt à se reproduire, ses filaments poussent jusque dans le cerveau de l'insecte, avant de produire une substance qui va altérer la façon dont la fourmi perçoit les phéromones. Ce piratage chimique va pousser la fourmi à grimper au sommet d'une plante, ou elle utilisera ses mandibules pour se cramponner fermement à la tige. C'est à ce moment que le champignon dévore le cerveau de la fourmi, tuant instantanément son hôte. Ensuite, le cordyceps va se mettre à pousser depuis la tête de la fourmi en passant par les jointures de son exosquelette. Une fois mur, il laissera échapper des petites capsules remplies de spores, qui à leur tour iront infecter d'autres fourmis, complétant l'impitoyable cycle.
    Crédits photo (CC BY 2.5) : David P. Hughes, Maj-Britt Pontoppidan

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