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La condition de la femme ayant été ce qu’elle a été pendant des millénaires, il y a eu pas mal de légendes autour de cet être perfide et sournois que nous sommes. Des mythes complètement abracadabrantesques auxquels des hommes considérés comme les plus grands esprits de leur temps ont cru très sérieusement.

L’utérus baladeur d’Hippocrate

Selon ce bon Hippocrate, un bon nombre de maladies étaient causées, chez les femmes, par le déplacement de leur utérus dans leur corps. Il était persuadé que cet organe était doté d’une volonté propre et pouvait se promener à sa guise dans le corps de ses hôtesses – notamment lorsqu’il était attiré par une odeur alléchante. Ainsi, de nombreux troubles ont été attribués à cet utérus nomade, comme l’étouffement, la fatigue, la perte de la parole, les vertiges, les problèmes de genoux, les migraines, les brûlures d’estomac ou plus simplement la mort.

Les règles empoisonnées

Pline l’Ancien, naturaliste romain du 1er siècle, était persuadé qu’il n’y avait rien de plus malfaisant que les règles et en disait ceci :

« Une femme qui a ses règles fait aigrir le vin doux par son approche, en les touchant frappe de stérilité les céréales, de mort les greffes, brûle les plants des jardins ; les fruits de l’arbre contre lequel elle s’est assise tombent ; son regard ternit le poli des miroirs, attaque l’acier et l’éclat de l’ivoire ; les abeilles meurent dans leurs ruches ; la rouille s’empare aussitôt de l’airain et du fer, et une odeur fétide s’en exhale ; les chiens qui goûtent de ce sang deviennent enragés, et leur morsure inocule un poison que rien ne peut guérir. »

Autant vous dire que si on avait vraiment ces pouvoirs dans nos règles, le monde aurait une autre gueule à l’heure qu’il est.

Les vierges revigorantes

Il existe une pratique visant à préserver la jeunesse des vieux hommes, qui porte le nom de Sunamitisme. Elle s’inspire d’une jolie histoire biblique, celle du roi David et de la jeune Abishag. Cette histoire raconte que la jeune Abishag a été choisie pour tenir compagnie au vieux roi de 70 ans pendant ses derniers jours. Constatant que le vieux bonhomme ne dégageait plus beaucoup de chaleur (rapport à la mort qui le guettait), elle se couchait contre lui tous les soirs pour le réchauffer, sans avoir de rapports sexuels avec lui. Du coup, des mecs ont voulu tester l’efficacité de la chaleur des vierges, et ça a donné le Sunamitisme. Le concept ? C’est très simple : pour revitaliser un vieil homme et s’assurer qu’il vive plus longtemps, il lui suffit de dormir avec une (ou plusieurs) jeune vierge dans son lit – sans rapports sexuels, sinon ça nique un peu le principe.

Le thé de la révolte

Dans la série « viens on trouve un prétexte pour rendre la vie des femmes encore plus pourrie », nous avons les Irlandais du 19ème siècle qui se sont fermement opposés à la consommation de thé par les femmes. Non pas parce qu’ils estimaient que ce privilège devait leur être réservé ou parce qu’ils s’inquiétaient de la santé des femmes, mais parce qu’ils étaient persuadés que le fait que les femmes prennent le temps de se faire une petite tasse de thé à la cool (ou pire, entre copines) signifiait qu’elles négligeaient leurs tâches ménagères. Avoir le temps de se faire une tasse de thé = passer moins de temps à prendre soin de la maison = tout part en couille, la crasse s’amoncelle, la maison s’écroule, bref, c’est la merde. Du coup, bim, plus de thé pour les meufs (pauvres) (parce que les riches ne faisaient pas le ménage, faut pas déconner).

Vagina Dentata

Il existe véritablement des gens qui ont été persuadés (ou qui le sont encore) que certaines femmes peuvent avoir des dents dans le vagin. Le plus triste, c’est que cette histoire est souvent racontée pour décourager les potentiels violeurs – parce que la notion de consentement, de « dis donc, ça va bousiller la vie d’un autre être humain ton histoire » et d’illégalité ne suffit pas à tout le monde, il faut surtout ajouter l’élément « tu vas perdre ta teub » pour être plus convaincant.

Lire ou se reproduire, il faut choisir

En 1873, un bon monsieur bien éduqué répondant au nom d’Edward Clarke, professeur à Harvard, a affirmé qu’il y avait un lien entre l’éducation et la fertilité. Sa théorie était la suivante : le fait de réfléchir réduisait l’afflux de sang vers l’utérus pour le rediriger vers le cerveau. Du coup, plus les femmes lisaient et s’instruisaient, moins leur utérus était irrigué, ce qui le poussait à se flétrir, rendant les femmes stériles. De plus, il avançait également que le fait de trop réfléchir allait déformer les cerveaux des femmes et les transformer en créatures immondes au corps faible avec des problèmes de digestions. Mais pas les hommes, hein, juste les femmes. Lui demandez pas pourquoi, c’est comme ça, c’est tout.

Le pouvoir de l’esprit sur l’enfant

Au 19ème siècle, on était encore persuadés que l’esprit de la mère pouvait avoir un impact physique sur son enfant – c’est comme ça qu’on expliquait les difformités et les petits défauts avec lesquels naissaient les enfants. On s’est même servi de cette théorie pour expliquer l’état d’Elephant Man : sa mère aurait été effrayée par un éléphant du cirque pendant sa grossesse, imprimant cette vision sur son enfant, qui est donc né mi-homme mi-éléphant. Et puisqu’on peut tout foutre sur le dos de la mère, c’est aussi comme ça qu’on expliquait les maladies mentales. Une femme ayant passé une grossesse un peu trop triste risquait donc d’être accusée d’être à l’origine de l’état dépressif de son enfant des années plus tard.

Les vagins horizontaux

Au 19ème siècle, une rumeur courait à travers tout l’occident concernant l’anatomie des femmes asiatiques. Selon le naturaliste français George Cuvier (et bien d’autres), elles seraient toutes nées avec un vagin horizontal. L’auteur américain JW Buel a voulu vérifier cette théorie et s’est donc rendu dans le quartier chinois de San Francisco dans les années 1880 pour examiner un paquet de femmes chinoises, qui devaient probablement être ravies. Mais le mythe n’est pas mort à ce moment-là, puisque des Américains ont trouvé ça assez marrant de lui redonner un petit coup de fouet après la Seconde Guerre mondiale en racontant des histoires sur leurs rencontres avec des Coréennes au vagin horizontal.

Une bien belle bande d’abrutis !