Si on survole la production ciné de ces 6 ou 7 dernières années, il est assez facile de chialer devant la procession d’ersatz Marvel et les blockbusters à la chaîne, mais ce serait se tromper que de croire que le cinéma des 2010’s se limite aux mecs en spandex. On a décidé de faire un petit état des lieux à mi-parcours avec 10 réalisateurs incontournables de la décennie.

Denis Villeneuve

Sûrement le réalisateur le plus intéressant de la décennie, Villeneuve nous a gratifiés depuis 2010 de 4 films tous aussi puissants les uns que les autres dans des registres très différents. Incendies, Prisoners, Enemy, Sicario, le Québécois est productif et n’a pour l’instant jamais déçu. On attend avec impatience son « Arrival » cette année ainsi qu’avec son premier gros blockbuster, la suite de Blade Runner prévue pour 2017.

Alejandro G. Iñárritu

Clairement pas une révélation de la décennie, Iñárritu s’était déjà fait un petit nom avec ses 3 premiers longs, Amours Chiennes, 21 Grammes et Babel mais c’est avec Bituful et surtout Birdman et The Revenant qu’il a assis son statut de réalisateur incontournable, 2 fois primé aux Oscars (2015/2016).

J.C. Chandor

Son Margin Call était une bonne entrée en matière, presque stupéfiante de maîtrise et d’intelligence pour un premier long, son All is Lost un petit contre-temps pas dégueulasse mais relativement oubliable, son A Most Violent Year en revanche nous a laissé bouche bée. Déjà parce qu’il a terminé d’installer tout à fait Oscar Isaac sur son trône d’acteur de la décennie mais aussi parce que ce thriller ne ressemblait à rien d’autre, précis, dépouillé et en même temps charnu, bref un vrai régal.

Steve McQueen

Hunger en 2008 était une mandale tendue et famélique, Shame nous plongeait dans une torpeur voyeuriste et confirmait au passage qu’il faudrait compter sur McQueen pour les années à venir et Twelve Years a Slave est venu enfoncer le clou brutalement, sans qu’on s’y attende vraiment. McQueen nous a forcés à ouvrir les yeux sur l’esclavage américain comme on l’avait rarement vu, cru, brutal, sans concession. Ce n’était pas le premier à le faire mais il l’a fait en l’injectant au grand spectacle d’Hollywood et ça c’est impressionnant.

Asghar Farhadi

Le réalisateur Iranien a quelque peu déçu cette année avec son dernier film, le Client, mais il ne faut pas que cela éclipse les impeccables Une Séparation (2011) ou Le Passé (2013). Précis, intime, en Iran comme en France, Farhadi jette un regard inédit sur la société iranienne, ses tabous, ses névroses, ses conflits, avec subtilité et talent.

Christopher Nolan

Même si ces dernières années il est de bon ton de basher un peu l’incontournable Nolan, le temps prouvera sûrement (si ce n’est déjà fait) qu’on est là face au maître du grand spectacle bien ficelé, intelligent mais pas trop, pas forcément dépourvu d’émotions (aussi subtile qu’elle soit). On attend de voir ce qu’il nous réserve pour son retour sur Terre avec Dunkirk.

David Fincher

Si The Social Network avait un petit quelque chose de gênant à mes yeux (sûrement le regard de vieux ringard sous-jacent que jetait Fincher sur Internet et les réseaux sociaux) on ne peut pas lui ôter une maîtrise et un art de conteur assez jouissif, maîtrise qu’il démontre aussi sur Millénium même si le film est clairement pas au niveau. Mais les années 10’s, c’est avec Gone Girl qu’il va les marquer.

Les frères Coen

Après une décennie fantastique, entamée avec O’Brother et ponctuée de films géniaux comme The Barber ou No Country for Old Men, les frères Coen ont débarqué dans les 10’s comme Tarantino, en réinventant le western, avec l’excellent True Grit. Ensuite c’est avec Oscar Isaac décidément incontournable qu’ils insistent dans la veine de la fable musicale malchanceuse (Inside Llewyn Davis) avant de nous retrouver début 2016 avec un Hail, Caesar! qui n’a pas fait l’unanimité, loin de là.

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Quentin Tarantino

On ne le présente plus mais sa présence dans ce top n’était pas forcément évidente. Ses 2 films des années 2010 (Django Unchained et The Hateful 8) n’ont pas toujours fait l’unanimité, certains jugeant l’un trop facile, l’autre trop bavard, mais les vrais savent : cela faisait longtemps que QT n’avait pas aussi bien raconté d’histoires et il a su dépasser le creux des 00’s en assumant pleinement sa passion des westerns. On lui pardonne sincèrement les longueurs de Django tant son dernier film est une pépite.

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Il n'a pas souffert, promis

Lars von Trier

Bon, j’avais choix entre Lars von Trier et J.J. Abrams pour la dernière place de ce top. J’ai choisi von Trier parce que Melancholia est un chef d’oeuvre métaphysique qui traite de l’intime et du microscopique sur fond de gigantisme et de collisions de planètes, et rien que pour ça LVT mérite sa place.

On se retrouve dans 3 ans pour le classement définitif.