Attention : l’idée n’est certainement pas de vous dire que boire, c’est moins grave qu’on ne le dit. Moi qui suis alcoolo, je peux vous le dire : boire, ça vous détruit la vie et ça vous pousse à devenir rédacteur chez Topito. Mais ce n’est pas parce que la picole est dangereuse pour la santé (car elle est dangereuse pour la santé) qu’il faut raconter n’importe quoi sur l’alcool en tant que tel. Or, en la matière, il y a tellement d’idées reçues qu’on ne sait plus comment traiter tout le courrier.

La gueule de bois, c'est un problème de déshydratation

En fait c’est pas tout à fait ça. Ce qu’il se passe, c’est pas hyper clair sur le plan scientifique, mais c’est que les autres substances contenues dans les boissons alcoolisées, notamment le méthanol, dézinguent l’organisme et l’empêchent de traiter correctement ce qui a été consommé. Si on ajoute à ça le fait que la consommation d’alcool désorganise le traitement des nutriments par l’organisme, entraînant un genre d’hypoglycémie et le fait que les vaisseaux sanguins gonflent car ils ne sont plus alimentés en eau, on a une bonne grosse barre dans le crâne.

Plus le vin est vieux, meilleur il est

C’est n’importe quoi. En réalité, ça dépend totalement des vins. Chaque type de vin, selon ses cépages et son année, a un genre de date de péremption au-delà de laquelle il sera dégueulasse ; et chaque vin a une durée de vinification idéale qui, généralement, est indiquée sur l’étiquette. Ainsi, certains vins doivent être consommés tout de suite, d’autre idéalement deux ans après la date de la mise en bouteille, d’autres 20 ans après. Il faut s’y connaître un peu pour ne pas se planter.

L'alcool réchauffe

La consommation d’alcool crée un afflux de sang vers la peau : cela crée une sensation de chaleur. Mais cette même chaleur n’est pas fabriquée : elle est drainée depuis d’autres parties du corps qui, elles, perdent de l’énergie, à l’image des organes internes. De manière générale, le corps devient moins résistant au froid, même si le consommateur a la sensation qu’il a chaud.

Il faut pas mélanger les alcools

Cette espèce de croyance populaire est erronée : l’alcool, c’est de l’alcool. Le tout, c’est de ne pas en boire trop, mais passer de la bière au whisky ne changera rien en soi ; c’est passer de 10 pintes de bières à une bouteille de whisky qui est très dangereux pour la santé et bien sûr pour la gueule de bois du lendemain.

L'alcool protège des ondes radioactives

Ce mythe est absurde, mais certains sont persuadés qu’en cas d’explosion nucléaire, on est moins exposés si on est alcoolisé. en réalité, c’est absolument faux : l’alcool n’interagit pas du tout avec la radioactivité et si on est exposé à celle-ci, la seule solution est de courir chez le médecin très très vite.

On ne peut JAMAIS mélanger alcool et médicaments

Bien sûr, il vaut mieux éviter. Il vaut mieux éviter de mélanger les médicaments et l’alcool. Mais il n’y a que certains types de médicaments dont l’usage est déconseillé quand on consomme de l’alcool. Pour la plupart des antibiotiques, il n’y a aucune contre-indication, de même qu’avec un grand nombre d’antidépresseurs. En réalité, il faut regarder la notice ou écouter son médecin, ne pas trop picoler de manière générale et essayer d’être malin.

Blanc sur rouge rien ne bouge, rouge sur blanc tout fout l'camp

Non. Encore une fois, l’alcool, c’est de l’alcool. C’est la quantité générale qui compte, pas l’ordre dans lequel on boit des boissons alcoolisées. On peut très bien passer du vin à la bière ou de la bière au whisky dans un sens ou dans l’autre sans qu’il ne se passe rien à condition de rester raisonnable dans les quantités que l’on absorbe.

L'alcool fait grossir

Non. Picoler comme un dingue fait grossir, de la même manière que s’envoyer 70 tonnes de poires ou de cerises ferait grossir. L’alcool n’est pas spécialement calorique, mais si l’on prend la bière, par exemple, le problème est qu’on en consomme toujours beaucoup, l’unité minimale étant en la matière le quart de litre. En revanche, l’alcool peut faire grossir indirectement, car le métabolisme, occupé à l’éliminer, tend à déconner sur le traitement des substances solides que vous avez consommées en même temps ou préalablement. Le résultat des courses, c’est que le corps fabrique plus de gras quand il est imbibé d’alcool : mais ce n’est pas l’alcool qui fait grossir.

L'alcool détruit les neurones

Toutes les études démontrent le contraire. La densité neuronale des personnes alcooliques et celle des personnes qui ne boivent pas une goutte sont les mêmes. En revanche, une consommation excessive d’alcool tend à ralentir la croissance des nouvelles cellules grises. Mais c’est un état transitoire qui revient à la normale une fois qu’on cesse de picoler.

Manger empêche d'être ivre

Ce n’est pas parce qu’on bouffe comme un porc que l’on ne sera pas ivre. La nourriture ne fait que ralentir l’absorption de l’alcool par l’estomac, mais tout l’alcool ingéré sera transformé en « je me sens tout bizarre » quand même. Du coup, on n’a pas le sentiment d’être ivre quand on mange et on se retrouve au contraire à picoler plus que de raison et à s’étonner, plus tard, d’être tout à coup tout bizarre tout bizarre. Comme quoi, manger c’est vraiment tricher.

Mais l’alcool, c’est mal quand même je vous rappelle.

Sources : Brightside,