Aujourd’hui, on se fait un petit retour vers le futur (mais sans la DeLorean) pour décortiquer les films des années 80. Et non, on ne va pas parler de leurs synthés déments, de leurs coiffures improbables, ou de leurs combis en lycra. Non, on va plutôt se demander : « Est-ce que ce film aurait une chance d’être produit aujourd’hui ? » Spoiler : la réponse est souvent « non », et vous allez très vite comprendre pourquoi.

Big (1988)

Le film qui a fait le premier grand succès de Tom Hanks est devenu hyper culte dans les années qui ont suivi sa sortie, et il avait tout pour plaire aux gosses de l’époque (l’histoire d’un enfant projeté dans un corps d’adulte, ça claque quand même). Mais en le regardant avec pas mal de recul, il y a un truc très perturbant. Ce truc, c’est le fait qu’un gosse de 13 piges dans un corps d’adulte chope une meuf de 28 ans qui lui propose de venir dormir chez elle et lui permet de toucher ses seins. Gênant, et légèrement immoral. On ne dit pas qu’il faut jeter le film hein, on dit juste qu’aujourd’hui, on jetterait au moins cette scène.

Rain Man (1988)

S’il reste un superbe film avec deux acteurs au sommet de leur art, Rain Man ne pourrait pas voir le jour dans les années 2020. En tout cas, pas sous cette forme-là. Pourquoi ? Eh bien parce que la description qui y est faite de l’autisme est totalement foirée, beaucoup trop clichée et inexacte. Depuis, on a eu droit à des œuvres avec des descriptions beaucoup plus proches de la réalité et beaucoup plus subtiles comme la série Atypical qu’on vous invite à aller mater de ce pas.

Le Père Noël est une ordure (1982)

Considéré par beaucoup comme LA meilleure comédie française des années 80, Le Père Noël est une ordure n’en a pas moins pris du plomb dans l’aile. C’est-à-dire que, même si on a encore beaucoup d’amour pour ce film, on ne peut plus trop rire des blagues racistes envers le pharmacien, ou du traitement de Katia, le personnage transgenre interprété par Clavier. Pendant tout le film, Katia se fait traiter comme une merde, et lorsqu’elle danse avec Pierre, Pierre est super mal à l’aise juste parce qu’elle est transgenre. Après, dans la mesure où tous les personnages du film sont odieux, on va pas non plus faire les choqués, mais c’est certain que 30 ans plus tard le film ne pourrait plus voir le jour.

La Cage aux Folles 2 (1980)

On estime à à peu près 0,0000001% la probabilité de ressortir un jour au cinéma un film aussi homophobe que celui-là. Et le 0,0000001% de risque, c’est si Hanouna était élu président, donc on aurait probablement d’autres chats à fouetter. Non mais sérieusement, on a essayé et ça fait vraiment très très chelou tellement ça semble à côté de la plaque aujourd’hui. Ça vaut aussi pour le premier du nom, mais comme il datait de 1978, c’était hors sujet.

Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (1988)

On n’a rien à reprocher au film (peut-être parce qu’on ne l’a pas vu depuis une paie), mais là c’est tout simplement de la logique : sortir un long-métrage avec de la drogue, de la violence et du sexe, le tout associé à des personnages de dessins animés pour enfant, ça ne pourrait plus se faire. Et pourtant on aimerait beaucoup voir Miraculous prendre du crack, juste pour le délire.

Le Grand Bleu (1988)

Là, il ne s’agit plus du tout d’un problème moral mais d’un problème technique : aujourd’hui il serait impossible de tourner un film se déroulant dans les océans sans être emmerdé par des déchets plastiques. À la limite on pourrait le faire en images de synthèse comme Avatar 2.

Mister Mom (1983)

À l’époque, ce film était troooop déliiiire parce que c’était l’histoire de Michael Keaton qui se retrouve au chômage et qui doit s’occuper des gosses pendant que sa femme va travailler pour faire vivre le foyer. Et tout le comique du film reposait sur le fait que cet homme tenait le « rôle d’une femme », parce que bien entendu y’a que les gonzesses qui font le ménage et s’occupent des enfants. Trop trop drôle. Trop pas 2020’s.

Crocodile Dundee (1986)

Alors là, tout tient en une scène : quand Crocodile Dundee rencontre une femme transgenre dans un bar, son pote lui dit qu’il s’agit d’un homme habillé en femme, alors Crocodile Dundee retourne voir la meuf avant de lui serrer l’entrejambe pour vérifier et de crier « c’est un homme ». Tout ça sous les rires de l’assemblée, évidemment. C’est probablement l’une des scènes les plus transphobes du cinoche, et c’est sûr et certain qu’on ne verrait plus ça aujourd’hui. Ah oui, et le film était aussi raciste, comme si ça ne suffisait pas.

New York 1997 (1981)

En fait, dès l’année 1997, on savait qu’on ne pourrait plus refaire ce film dans la mesure où le Manathan de l’année 1997 ne ressemblait pas du tout à la version imaginée par John Carpenter. Et heureusement, parce que le concept de ville-prison fait un peu flipper. Par contre, on peut tenter de sortir New York 2038, où la grosse pomme serait devenue une ville gouvernée par les mouettes. Ça pourrait se tenir.

Les Tronches (1984)

Allez, on finit sur un film inconnu au bataillon par chez nous, mais qui mérite bien sa place dans les longs-métrages qu’on ne pourrait pas sortir aujourd’hui : Les Tronches. C’est l’histoire de nerds qui n’ont pas été acceptés dans des fraternités à la fac, donc ils décident de se venger. Et on peut dire que c’est pas beau : les gars photographient un groupe de filles nues, font circuler les photos, et l’un d’eux se fait même passer pour le mec d’une meuf pour coucher avec elle. Aujourd’hui, on appelle ça un crime. Bref, n’essayez même pas de regarder cette merde.

Sinon, côté effets spéciaux, on a aussi quelques films qui ont mal vieilli