Un film n'est jamais un premier jet, un projet vers lequel tout le monde, acteurs, réalisateurs, scénaristes et producteurs, tendent avec enthousiasme. Certains choix sont faits et puis on se rend compte qu'au regard de certains aspects artistiques ou commerciaux, c'est tout pourri. Alors on ajuste le tir au dernier moment, et on se dit qu'on est passé pas loin de la catastrophe. A vous de juger :

  1. Rocky
    Dans le scénario original, Rocky faisait son gros dégonflé et refusait de participer au combat car il n'avait plus envie d'être boxeur... Un Rocky II avec un Stallone menant une vie déprimante avec Adrienne dans le magasin pour animaux, ça aurait quand même eu un peu moins de gueule. Philippe Toretton aurait surement aimé le réaliser.
  2. Pretty Woman
    Dans la première version, Julia Roberts est une accro au crack et Richard Gere un enfoiré de première. Ce script bien plus dark relatait à peu près la même histoire, sauf que, ici, Gere ne tombe pas amoureux du personnage de Roberts et se contente de lui filer ses 3000 $ (quand même). Elle retourne donc à la case départ : faire le tapin dans la rue, et, sur ce postulat très gai, le film se termine. Pas sûr que le film ait fait un carton ailleurs que sur les circuits indépendants avec une morale aussi cynique.
  3. Casablanca
    Dans la pièce à l'origine du film, Rick et Louis ne deviennent pas potes, comme dans le dernier plan du classique des classiques. Non, au lieu de ça, Rick se fait embarquer et finit probablement ses jours dans un camp nazi. Plus crédible certes, mais un peu trop triste.
  4. Clerks
    Dans la première version écrite par Kevin Smith, Dante (le personnage principal) qui avait déjà vécu une sale journée, mourrait par balle lors d'un hold-up. Le film qui n'était déjà pas très gai, aurait alors pris une tournure franchement déprimante. Smith a donc décidé de faire une fin bien plus banale, heureusement pour lui, car il s'est servi de Dante dans Clerks 2 et bientôt Clerks 3.

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    "*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

  5. Jurassic Park
    Dans le scénario original, les raptors finissaient par périr sous un squelette de dinosaures ou d'une balle dans la tête. Mais il s'est avéré que Steven Spielberg voulait qu'on considère le T-Rex comme le héros de l'histoire c'est donc la fin où la grosse bestiole sauve la mise de tout le monde qui a été choisie. Tant mieux, c'est vrai qu'il est quand même super classe.
  6. Shining
    La version initialement sortie aux États-Unis durait 146 minutes, dont une scène au cours de laquelle Wendy apprenait que le corps de Jack n'avait pas été retrouvé. Du coup, cette petite scène laissait à penser que tout ce bordel avait pu se produire dans la tête de Wendy, ou de Danny, ou que Jack était un voyageur dans le temps, ou toute autre connerie du genre. Kubrick vire finalement ces deux minutes gênantes et se prive de la possibilité de faire un Shining 2, le Retour de Jack. Par ailleurs, la version européenne du film sera également amputée de 25 minutes de scènes à l'extérieur ou évoquant l'ami imaginaire de Danny, là encore à la demande du réalisateur.
  7. Titanic
    Comme chacun le sait (normalement) à la fin, Rose qui n'est plus toute jeune, va sur le pont du bateau, se rappelle son beau Jack et jette le collier dans l'eau. C'est beau et c'est tragique. Oui, mais, dans la fin originellement prévue -et tournée- elle jette le collier devant Brock Lovett en lui expliquant que les richesses ne servent à rien et que le véritable or se trouve dans nos cœurs bla bla etc...Ce à quoi celui-ci répond, et c'est dans le script "That really sucks" (ça craint vraiment). Finalement, il change d'avis en quatre secondes et décide que cette vieille personne a sûrement raison, il propose donc à la petite fille de rose de danser un petit coup. Donc non seulement cette fin n'est pas crédible puisque la réaction de Brock est complètement improbable, mais surtout elle ne fait aucun sens logiquement. Le bateau sur lequel se trouve les personnages est une machine hyper sophistiquée conçue pour retrouver les objets rares dans les fonds marins, il faudrait donc à peu près trente secondes pour retrouver le dit collier, qui vaut soit dit en passant, une fortune énorme. Pas sûr que le film ait eu un succès aussi fulgurant avec une fin aussi naze...
  8. Le Retour du Jedi
    L'épisode des ewoks considéré comme plus joyeux que son brouillon très sombre, était à l'origine un script très déprimant qui aurait fait pleurer pas mal de gamins. En effet, initialement, Han Solo devait mourir en essayant de désactiver le bouclier et Luke, bouleversé par sa rencontre avec Dark Vador devait laisser Leïa se débrouiller avec l'alliance. Bref, ce n’était pas vraiment jojo. Au final Lucas a décidé de ne tuer personne, motivé, d'après de nombreux témoignages par la vente du merchandising qui se serait écroulé, à son sens, si l'un des personnages mourait.
  9. Brazil
    Terry Gilliam est entré en conflit avec les producteurs du film, donnant lieu à un documentaire appelé "The Battle of Brazil". Du coup, plusieurs versions ont été finalisée : celle de la production, 94 minutes se concluant sur un happy-end" merdique et deux versions, de plus de deux heures que Gilliam a diffusées en douce lors de projection presse pour mettre les médias de son côté. Que le réalisateur de Brazil, un film d'anticipation sur l'inflexibilité absurde du Ministère de l'Information, se retrouve bridé dans sa création par des impératifs marketing, c'est quand même chargé de sens.
  10. Terminator 2
    C'est tout un épilogue un poil foireux qui s'est retrouvé, heureusement, coupé au montage. On pouvait voir dans celui-ci, Sarah Connor trente aprés le Judgement Day, et... Ben c'est tout, il se passe rien, on apprend que dalle, si ce n'est que Sarah est devenue grand-mère et que tout se passe super bien au monde des poutous-poutous. Les producteurs ont décidé finalement de virer cette scène du montage final. Premièrement parce qu'elle enterrait toute possibilité de faire une suite, et puis aussi, accessoirement, parce qu'elle était complètement pourrie.
  11. (bonus) Rambo
    Si on peine aujourd'hui à admettre que Rambo est un film indépendant très respectable, c'est aussi parce que la licence a connu des hauts et des bas. Si on s'en était tenu au plan de départ, Rambo retourne l'arme contre lui et se tire dans le bide, personne ne lui contesterait son statut de film culte et Stallone aurait eu une autre carrière (moins de fric, mais plus de récompenses). Mais les projections-test en ont décidé autrement, John ne pouvait pas partir comme ça.

Et vous, vous avez eu le temps de mettre au propre vos brouillons?

Source : Cracked.com