Les comédies romantiques au cinéma, il y en a une palanquée. Et dans toute cette masse de films d’amour, on peut trouver : les comédies romantiques qui finissent en combo mariage/enfant (selon votre point de vue, elles peuvent être aussi considérées comme déprimantes) ; les drames où l’histoire d’amour est entravée par une catastrophe de type cancer ou accident de vélo ; et les films d’amour déprimants où les personnages se sont aimés mais voient leur amour se déliter. Forcément c’est plus déprimant parce qu’on est tenté de se dire « A quoi bon l’amour ?, « A quoi bon la vie ? », « Aqua, bon le groupe ? ».

Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat

Pialat n’est pas connu pour être le king du fun (et encore moins un king du bienêtre au travail comme l’a témoigné Sophie Marceau). Dans ce film, Jean (Yanne, my love), homme marié, se tape Catherine (Marlène Jobert-plus-sexy-tu-meurs-mais-quand-meme-tu-ressembles-vite-teuf-a-anne-sophie-lapix-si-si-mate-bien) depuis six ans. Leur histoire est ponctuée d’engueulades sans nom, de je t’aime moi non plus, de claques dans la tronche (pas super déconstruit mais on est en 72).

Bref, l’enfer. Ne supportant plus ce connard caractériel, Catherine finit par se marier avec un autre et Jean se morfond de tristesse sur l’épaule de sa femme cocufiée en la voyant sortir de sa vie. C’est assez déprimant sur l’amour mais ça donne aussi envie de pas s’emmerder avec un type sacrément casse-burne.

Le chat de Pierre Granier-Deferre

En voilà un beau couple après 25 ans de mariage. Sauf, qu’ils sont vieux, sans enfant et sans amour. Enfin pour lui (Jean Gabin) surtout quand il lui dit « J’t’avais dit que je t’aimerai toujours bah je m’suis gouré j’ai vieilli, j’t’aime plus, je t’aime plus, quoi » ça sent pas bon la belle romance. Elle est ancienne trapéziste mais a stoppé sa carrière après une vilaine chute. Ils se supportent comme ils peuvent dans leur petit logis en pleine banlieue pavillonnaire mais quand il adopte un chat et commence à lui montrer largement plus d’affection qu’à sa femme, ça chie dans la colle. Le chat serait-il le pire ennemi du couple ? Rien n’est moins sûr.

Pas son genre de Lucas Belveaux

Elle est coiffeuse, il est prof de philo. Voilà. Ça aurait pu marcher mais en fait les différences de classe sont trop fortes pour que le couple puisse se construire réellement. Ce petit film a le mérite non seulement de nous déprimer sur l’amour et le couple mais aussi sur la société, bref sur tout. Heureusement, on n’est pas obligé de le prendre comme un film à thèse et espérer qu’un avocat ne soit pas obligé de tomber amoureux d’une avocate, d’un médecin ou d’une architecte. Toujours est-il que ce que le film dit du couple et de la société est plutôt pessimiste.

Dans un autre genre Simple comme Sylvain (qu’on avait fait rentrer au panthéon des meilleurs films de 2023) fait aussi le récit d’une fracture sociale dans le couple, en revanche c’est hilarant, pas du tout classiste. Bref si vous voulez voir un film d’amour qui ne finit pas forcément bien mais qui ne vous déprime pas, je vous conseillerai plutôt celui de Monia Chokri.

Blue Valentine de Derek Cianfrance

Un couple tout ce qu’il y a de plus beau, de plus parfait, de plus amoureux est pourtant sur le point de se séparer. Au cours d’une ultime nuit, ils tentent de comprendre ce qui a merdé, quand et pourquoi. Une série de flash-back viennent s’insérer dans cette nuit de règlements de compte et ça finit forcément pas bien parce que de toute façon l’amour c’est nul et le couple c’est nul.

Alabama Monroe de Felix Van Groeningen

Dans le genre on avait déjà La guerre est déclarée qui nous parlait d’un couple heureux et amoureux dont l’enfant est atteint d’un cancer et qui finit par se séparer. Ça faisait un peu chialer mais on peut pas dire que le film donnait une vision horriblement tragique de l’amour. Alabama Monroe c’est la version dark et sans espoir de La guerre est déclarée. Déjà parce que le couple tout heureux qu’il est voit quand même son enfant succomber la à la maladie (spoiler : ils auront un tout petit peu de mal à s’en remettre). Leur amour se délite inéluctablement entre délire mystique pour l’une et conversion scientologique pour l’autre, ça fait pas rêver. Mieux vaut rester seul toute sa vie, sans enfant et sans chat (parce qu’un jour de toute façon, ton chat il se fait écraser par un camion).

Voyage à deux de Stanley Donen

Sorte de Blue Valentine avant l’heure, ce film relate l’histoire du couple de Joana et Mark qui sent clairement le sapin. Enchaînant engueulade sur engueulade, ils envisagent le divorce mais avant le coup de grâce ils s’offrent un dernier voyage sur la Côte d’Azur. Ce sera l’occasion de se remémorer leurs derniers voyages et d’essayer de comprendre où ça a commencé à merder dans leur bonheur conjugal.

Les noces rebelles de Sam Mendes

Attention, accrochez-vous parce que question dépression de couple on fait pas mieux. Dans les années 50 aux Etats-Unis, Frank et April mènent leur histoire d’amour avec joie et insouciance, loin du conformisme inhérent à la banlieue dans laquelle ils sont installés. Mais la routine les rattrape et dissout progressivement leurs rêves. Le couple se délite sous nos yeux. Lui, se retrouve coincé dans son boulot chiant, elle se retrouve enceinte. Et globalement, tout ça finit mal. Bonus dépression : la scène de l’avortement maison.

La minute de vérité de Jean Delannoy

On retrouve ce bon Jean Gab’ spécialiste des couples merdiques au cinéma qui font suinter des yeux. Ici c’est avec Michèle Morgan qu’il nous balance un Kaméhaméha de dépression sentimentale. Madeleine et Pierre sont en couple depuis dix ans (bouhhh le vieux couple). Madeleine a trompé Pierre pour Daniel qui a eu le bon goût de se suicider pour elle, yay. Du coup, l’heure est venu du dépôt de bilan et qui dit « dépôt de bilan », dit « bilan ». Question gaieté on repassera.

Scènes de la vie conjugalede Ingman Bergman

En même temps faut dire que le titre annonce un peu la couleur et avec Bergman aux commandes, on se doute qu’on n’est pas dans une comédie tralala-pouët-pouët. Durant deux décennies on suit l’histoire d’un couple, celui de Marianne et Johann qui commence à se casser la gueule malgré leur apparente solidité. De base, pour bien déprimer et vous donner un coup de pouce avant de vous suicider, n’hésitez pas à vous refaire toute la filmo de Bergman.

Amour de Michael Haneke

J’ai hésité avant d’intégrer ce film à la liste. Ce film est déprimant, oui. Mais désolée de vous l’apprendre, techniquement c’est le meilleur scénario qui puisse vous arriver. S’aimer jusque dans les bas-fond de la vieillesse et aider votre conjoint à survivre dans la maladie avant de ne le délivrer définitivement de ses souffrances, certes ne n’est pas ultra fun mais c’est le projet de vie le plus joyeux qui puisse vous attendre. De façon générale, vous aurez plus de chance de dead solo, abandonné·e, veuf ou veuve, triste, à attendre la fin entre deux replay de Des chiffres et des lettres.

La petite sirène de John Musker et Ron Clements

Non mais attendez c’est quoi cette horrible histoire d’amour où une meuf accepte sans hésiter de quitter son univers marin qui sentait bon la crevette pour draguer un connard et apprendre à manger avec une fourchette tout ça sans cordes vocales parce qu’on les lui a coupé alors qu’elle aurait pu participer à un concours de The Voice. Ce film en dit long sur la nullité de l’amour.

Il va de soi que j’aurais pu faire un top 10 000 avec Les Parapluies de Cherbourg, Le mépris, Melancholia , ou encore Annie Hall, Les amoureux sont seuls au monde. Bref, les films d’amour déprimants au cinéma il y en a beaucoup et c’est normal parce que l’amour c’est déprimant et parce que la vie c’est déprimant et parce que de toute façon on n’a qu’à tous se mettre sous anxiolytique. Allez, bisous.