Le 13 ne porte pas chance à tout le monde, et certains ont même profité de cette année pour arrêter là, ça suffit bien, j'en ai assez vu. C'est vrai qu'une fois la fin du monde évitée fin 2012, il était tentant de se dire que le plus dur était passé, qu'on s'est pas fait avoir par les Mayas, et qu'on peut relâcher l'attention. Le chapelet des morts de l'année, c'est l'occasion de se souvenir que les meilleurs partent parfois les premiers et surtout qu'il n'y a pas vraiment de règle.

  1. Hugo Chavez (5 mars)
    Avec ses vilains survêtements et ses déclarations à l'emporte-pièce, Hugo Chavez, chez nous, aurait sûrement été président d'un club de foot. Dans un pays comme le Vénézuela qui a assez de pétrole pour emmerder les Américains, on le met Président. Des potes à la limite du recommandable, du bricolage constitutionnel pour être réélu le plus longtemps possible, un sérieux problème avec la liberté de la presse, on aurait été plus dur avec Hugo s'il avait été russe ou chinois. Comme quoi, le survêt', ça rend vraiment plus sympa.
  2. Margaret Thatcher (8 avril)
    L'usage est qu'à la mort d'une personnalité controversée, on laisse passer un temps avant de dire sa haine du personnage. Mais les Anglais sont conformes aux Bretons décrits dans Kaamelott, à la mort de la Dame de Fer, "Y'en a beaucoup qui écrivent pour dire qu'ils sont contents". Ken Loach propose de privatiser ses funérailles, Mélenchon lâche sur Twitter : "Margaret Thatcher va découvrir en enfer ce qu'elle a fait aux mineurs", les gauchistes ne respectent décidément pas grand chose, et ils n'oublient rien. Pour Pierre Mauroy, ils étaient contents aussi, mais seulement parce qu'ils avaient enfin un nom pour le Grand Stade de Lille.
  3. George Moustaki (23 mai)
    Pascal Nègre n'a pas chômé cette année. Entre George Moustaki, Daniel Darc et Jean-Louis Foulquier, promoteur d'une flopée d'artistes français, bien souvent chez Universal... Les RIP pour vendre des best-of n'ont pas manqué. Quoi ? Teri Moïse n'était pas chez Universal ??? Bon... ça nous fera l'économie d'une couronne.
  4. James Gandolfini (19 juin)
    En 51 ans, Gandolfini aura eu le temps de se faire une filmographie respectable, même si elle compte beaucoup de seconds rôles. Mais à chaque fois qu'on le reconnaîtra dans un film, on se demandera "mais qu'est-ce qu'il fout là Tony Soprano ?" tant l'acteur aura marqué et été marqué par ce rôle dans cette série culte... Bon, des fois, ça le fait bien :
  5. Richard Matheson (23 juin)
    L'auteur de "Je suis une légende" et des "Seins de Glaces" (adapté au cinéma par Georges Lautner, tiens tiens...) n'aime pas voyager seul, il a donc pris le même wagon que Jack Vance et Tom Clancy. Gérard de Villiers a du se dire "Si Clancy arrête, moi aussi !". Si votre passion, c'est les auteurs morts, il va falloir investir dans une nouvelle bibliothèque.
  6. Alain Mimoun (27 juin)
    On pensait qu'il avait fait le plus dur avec la victoire au marathon olympique de 1956 pour montrer qu'il était immortel, mais en fait non, Mimoun était en fait un type normal qui courait encore 10 ou 15 bornes par jour jusqu'à l'âge de 92 ans. Jean Vincent a brillé à la même époque en prenant part à la Coupe du Monde de Football de 1958 et s'est lui aussi éteint cette année, tout comme Bruno Metsu, entraineur mercenaire, mais qui apprenait encore à marcher quand ses nouveaux voisins de cimetière étaient au top. Le sport, ça conserve, mais pas toujours.
  7. Lou Reed (27 octobre)
    L'Histoire retiendra que la légende du rock s'est éteinte en faisant du Tai Chi dans son jardin. Si vos pensiez que la gym, ça conservait, oubliez tout de suite, c'est des conneries. Globalement, sale année pour le rock, Ray Manzarek, le vrai patron des Doors, Alvin Lee, le guitariste de génie qui a eu la mauvaise idée d'être contemporain d'Hendrix, JJ Cale, l'inventeur du Tulsa Sound, Chi Cheng, ancien bassiste des Deftones ou Jason Molina, même pas 40 ans et quelques albums marquants avec Songs : Ohia ou Magnolia Electric Co. Une petite playlist ne serait pas de trop :
  8. George Lautner (22 novembre)
    On devrait attendre les Césars pour faire défiler les noms des grands disparus sur un fond de musique triste, mais on peut déjà annoncer quelques surprises : si certains retraités du cinéma devaient bien partir un jour, Edouard Molinaro, 85 ans, Georges Lautner, 87 ans, Georges Descrières, 83 ans, on a été davantage pris de court par Bernadette Lafont et encore davantage par Valérie Benguigui, partie dans la fleur de l'âge, même si sa page Wikipedia française n'est pas bien sûre de son année de naissance.
  9. Paul Walker (30 novembre)
    Pour les archives, Paul Walker est mort le 30 novembre dans un accident de voiture. Mais pour une grande partie de la population, Paul Walker est né le 1er décembre 2013, quand Twitter s'est affolé pour nous informer de l'accident de voiture fatal de l'acteur de Fast and Furious. En seulement un mois, le nom de Paul Walker devient la première recherche sur Google pour l'année 2013, "RIP Paul Walker ! Merde, c'est qui déjà?..."
  10. Nelson Mandela (5 décembre)
    La preuve qu'on peut tout prévoir (95 ans au compteur, une première grosse alerte en juillet, à priori, les nécro étaient toutes prêtes) et quand même avoir des ratés : quand le Dalai Lama mourra, on donnera les bonnes citations à Amaury Leveaux, on s'adressera à des vrais professionnels pour la traduction en langue des signes et on n'invitera pas Barack Obama, qui ne sait pas se tenir.
  11. (bonus) Guy Cotten (3 avril)
    En ces temps pourris, tu nous manques Guy.

Et vous, vous avez versé quelques larmes cette année ?