On ne parle plus trop aujourd’hui des croquemitaines, à part quand il s’agit des célèbres Freddy Krueger ou Jason, le tueur au masque de hockey, qui se font les garants de la morale outre-Atlantique. En France maintenant, quand les enfants ne sont pas sages, c’est Pascal le grand frère ou Super Nanny qu’on menace d’appeler. Pourtant, notre pays regorge de croquemitaines, qui sont toujours prêts à venir prêter main forte aux parents en difficulté. Ils punissent les garnements, les mangent ou les enlèvent. Voici la dream team des monstres cachés sous le lit et dans le placard…

Le Lébérou (Aquitaine)

Ne vous amusez pas à traîner dans les bois une fois la nuit tombée. Surtout si vous vivez dans le Périgord, où sévit le Lébérou. Poilu, plutôt grand, il n’a que faire des truffes et préfère se repaître des imprudents. Il déteste aussi qu’on le compare au Big Foot, son cousin américain qui laisse des traces de pas partout comme un vieux sagouin.

La Vouivre (Bourgogne)

Cette créature existe dans plusieurs pays mais en France, elle ressemble à un serpent doté d’ailes de chauve-souris et de pattes de pourceau. Pas franchement gâtée par la nature donc, la Vouivre se venge sur les pauvres malheureux et se planque généralement autour des points d’eau et là où se trouvent des pierres superposées. Pour l’écrivain Marcel Aymé, la Vouivre est beaucoup plus fréquentable puisqu’il s’agit d’une femme nue, qui squatte près des marais et protège un gros rubis (comme dans le film de Georges Wilson).

Camuchech (Midi-Pyrénées)

Dans la série Le Prisonnier, un type est coincé dans un village étrangement isolé. Si il tente de s’enfuir, une boule se lance à sa poursuite. Et bien avec Camuchech c’est pareil. Grosse sphère noire, cette entité suit les promeneurs imprudents jusqu’à ce qu’ils meurent d’épuisement. En même temps, les boules noires n’ont jamais été de bonne augure. En Midi-Pyrénées donc, mais aussi au billard ou à Motus.

L'Ome Pelut (Midi-Pyrénées)

Lui est beaucoup plus pragmatique. Si il enlève les enfants qui ne sont pas sages, c’est tout bêtement pour les revendre comme des esclaves et se faire un peu de thunes au passage. Son nom vient de sa pilosité très développée.

Le Bras Rouge (Poitou-Charentes)

Aussi appelé la Marianne, le Bras Rouge vit dans le Marais Poitevin et entraîne dans l’eau les enfants qui ont le tort de se pencher sur les conches. Heureusement, le Bras Rouge est facilement corruptible, contrairement à ses collègues des autres régions. Un peu de sel dans l’eau ou de la menu monnaie suffisent à le tenir en respect.

Le Père Fouettard (un peu partout)

Il est bien sympa Saint-Nicolas avec ses cadeaux mais pourquoi faut-il qu’il se pointe à chaque fois accompagné de l’horrible Père Fouettard, cette espèce d’enflure à l’allure repoussante qui se charge de punir les enfants désobéissants à grand coups de martinet ou en leur offrant du charbon et des betteraves à sucre ? Sorte de faire-valoir de St-Nicolas, le Père Fouettard existe dans bien des cultures, et est parfois directement lié à des figures historiques comme le sinistre et sanguinaire Maréchal Jean De Dratt, en Alsace.

Couche Huit-Heures (Franche-Comté)

C’est l’équivalent du Bonhomme Sept Heures québecois, qui vient ramasser les enfants qui sont encore débout après sept heures du soir. Un cousin français néanmoins plus indulgent vu que lui, ce n’est qu’à partir de 20h qu’il vient taper à la porte de la chambre.

Picolaton (Franche-Comté)

Celui-là est un peu différent pour la simple et bonne raison qu’il s’agit d’un oiseau. Un piaf super méchant issu du folklore franc-comtois, qui a la fâcheuse habitude de venir piquer les fesses et les talons des enfants qui traînent un peu trop.

Jean De Werth (Centre-Val de Loire)

Lui, c’est un peu le Ramsay Bolton de l’Histoire, la vraie. Bâtard, mercenaire brutal qui saccagea l’Alsace et la Lorraine au XVIIème siècle pendant la Guerre de trente ans, il laissa un souvenir amer dans l’inconscient collectif et se retrouva promu après sa mort, au rang de croquemitaine en chef, dont le rôle consistait à calmer les enfants récalcitrants, qu’il pouvait dévorer sans autre forme de procès.

Le Suédois (Alsace)

Les origines de ce croquemitaine remontent à la Guerre de trente ans, qui vit les soldats suédois ravager l’Alsace et la Lorraine. Voilà qui explique pourquoi le Suédois est devenu celui dont on évoquait le nom quand les enfants n’étaient pas sages ou ne voulaient pas faire leur prière. Aujourd’hui, le Suédois est bel et bien présent. Ils sont même plusieurs et bossent à plein temps chez Ikéa. Pas d’inquiétude donc : si ils viennent chez vous, ce sera juste pour vous aider à monter un meuble. Les temps changent.

Soyez bien sages où ils viendront vous rendre une petit visite de courtoisie.

Source : Wikipedia