Maintenant que vous savez tout sur la gueule de bois, vous souffrez en connaissance de cause, mais vous souffrez quand même. Si vous étiez en Angleterre, vous souffririez peut-être moins, puisqu’une entreprise y a décidé d’accorder un congé gueule de bois à ses salariés. La meilleure idée du monde, évidemment, qu’on espère voir adaptée très vite en France partout tout le temps histoire de ne pas se retrouver à vivre des journées d’enfer entre détresse intérieure et tableaux Excel.

Plus besoin de mentir à propos de la mort de sa grand-mère

Surtout que ça fait 5 fois qu’elle est morte cette année, enfin tu connais la chanson. Tu pourrais au moins faire l’effort de ne pas changer son prénom à chaque coup, ça va commencer à se voir. Et puis cette mine d’enterrement… Ah non, pardon, c’est simplement la lividité post-cuite.

Tu feras des économies substantielles en chewing-gum

Qui dit gueule de bois dit haleine d’enfer ; qui dit haleine d’enfer en présence de collègues dit honte ; qui dit honte dit chewing-gum ; qui dit chewing-gum dit dépenses inutiles. Autant te dire que tu pourras te les payer, tes vacances à Bora-Bora, cette année.

Plus jamais de tremblements quand ton collègue dit un truc du genre "ça sent la picole, non ?"

Plus besoin de siffloter en regardant ailleurs, plus besoin de se sentir visé, plus besoin d’ouvrir les fenêtres, de fuir la moquette au mur, plus besoin de s’isoler aux toilettes 30 minutes le temps que le tournis passe, fini tout ça.

Plus jamais à lutter contre le sommeil lors d'une réunion interminable sur "la stratégie de l'éponge à l'heure du microcosme interculturel dans le milieu des friandises"

Vous imaginez un peu le gain en années de vie quand vous n’aurez plus jamais à assister à une réunion de l’enfer dans la salle Zéphyr surchauffée dans le cagnard du mois d’août avec une gueule de bois en plomb ? C’est votre retraite pour laquelle vous capitalisez, là, en évitant des expériences inhumaines.

Une manière comme une autre de ne pas casser son réveil d'énervement quand il sonne un lendemain de cuite

Comme ton réveil est ton portable et que ton portable est un outil indispensable de ta vie professionnelle et personnelle, il y a fort à parier que tu seras heureux de ne pas l’avoir explosé de haine contre le carrelage de la cuisine après un réveil forcé à 8 heures. Un avantage comme un autre à pousser la nuit jusqu’à midi en semaine.

Même ton chef aimerait pouvoir en profiter

Ça transcende la lutte des classes, cette histoire. Tu crois quoi ? Que ton chef, le soir, il lit des tableaux Excel en réfléchissant à la manière dont il va pouvoir bien t’emmerder le lendemain ? Non, il est comme tout le monde, il se bourre la gueule pour oublier qu’il fait un travail qui ne lui plaît pas pour payer un loyer dont il est prisonnier dans une ville qui finira par avoir sa peau alors que, petit, il voulait être cosmonaute.

Ça évitera de devoir faire répéter à tout le monde deux fois tout ce qu'ils te disent pendant la journée

– Bonjour Thomas !

– Pardoooon… Tu peux répéter…

– Bonjour !

– Ah oui, pardon, bonjour…

Si tu crois que tu vas pouvoir continuer à te faire rembourser du Doliprane en notes de frais, tu te fourres le doigt dans l’œil

Et ça fait super mal de se fourrer le doigt dans l’œil. Se faire virer parce qu’on a abusé sur les solutions pharmaceutiques à base de paracétamol, ça la fout mal. Autant rester couché.

Tu pourras cumuler tes congés et tes congés gueule de bois

Par exemple, si tu as passé toutes tes vacances à te bourrer la couenne, à ton retour, tu pourras sortir la carte « gueule de bois de l’enfer » pour t’offrir un jour de récupération supplémentaire sans pour autant attaquer la base de tes congés payés. Joli coup l’artiste.

Il y a fort à parier que tu n'auras plus jamais de travail le lundi

L’intégralité des salariés, sans se concerter, posant son congé GDB le lundi pour se remettre du week-end. Ou comment raccourcir la semaine d’une journée et ainsi atteindre le nirvana salarial.

Les Anglais ont tout compris.