L'insécurité routière touche tout le monde, même ceux qui n'ont rien demandé à personne. Nos amies les bêtes qui vivaient jusqu'ici tranquillement dans leurs bois et dans leurs campagnes paient elles aussi le prix du développement du réseau routier. Et un rapide examen des cadavres de plumes ou de poils qui jonchent nos départementales ou les "Interstate" américaines montre que peu d'espèces passent entre les mailles du filet. L'homme ne partage pas son territoire sans qu'il y ait quelques dommages collatéraux et de sang sur les pare-chocs. Hommage aux victimes.

  1. Les insectes
    Un type, Jean-Pierre Chambon, s'est demandé à combien se chiffrait l'holocauste de bestioles qu'on percute avec nos pare-brises et nos casques de moto et est arrivé à cette estimation complètement dingue : 66 000 milliards d'insectes seraient tués chaque année par collision directe avec les voitures en France et plus de 100 tonnes de cadavres d'insectes seraient projetés sur les bas-côtés de nos routes. Et ça, c'est sans compter le massacre engendré par le TGV.
  2. Ceux qui se croient blindés
    Les hérissons, les porc-épics, les tortues... Toutes ces bestioles qui pensent qu'elles ont sur le dos un truc qui les rend invincibles et qui finissent sous les roues d'une Opel Corsa. C'est moche. C'est un peu comme penser qu'un K-Way ferait un bon gilet pare-balles.
  3. Ceux qui ont la pupille sensible
    Les volatiles diurnes et locaux ont vite pigé qu'il fallait éviter les sources de bruit, et que ces bandes de bitumes, ça n'était pas très catholique. Mais les migrants et ceux qui sortent un peu tard ont tôt fait de se retrouver avec des phares dans les yeux qui les laissent bien souvent sans réaction. 15% des animaux dégommés par des pare-chocs sont des oiseaux. De la même manière, la lapin a tendance à se figer comme un con au moindre phare dans le visage, et ce n'est pas une bonne stratégie.
  4. Les animaux domestiques
    Chiens et chats ne sont pas épargnés par l'insécurité routière : aux États-Unis, les chats, avec 26 millions de victimes chaque année, sont devant les rats (mais loin derrière les écureuils) et les chiens, plus prudents avec 6 millions de morts, sont juste devant les chevreuils.
  5. Ceux qui pensent qu'on n'osera pas les toucher
    Crapauds et salamandres émettent des substances toxiques qui les protègent des prédateurs. Mais un pneu d'estivant roule certainement dans des tonnes de trucs plus crados qu'une peau de batracien et les amphibiens se font occire par dizaines chaque nuit sur chaque départementale de France et représentent 3% des victimes de la route aux States.
  6. Ceux qui fuient un autre danger
    Les accidents impliquant des animaux sont plus courants en période de chasse, les animaux étant déportés vers les routes en raison des battues voire d'une blessure se laissent plus facilement surprendre par une berline familiale lancée à toute allure sur le bitume. Dans pareil cas, l'animal pourra dire qu'il a passé un week-end de merde, mais votre pare-buffle sera indemnisé. C'est bien fichu.
  7. Ceux qui ne peuvent pas passer entre les roues
    A proximité des grands bois, on a beau voir des panneaux "attention, gros animaux qui traversent sans regarder", on reste désarmé pour éviter un sanglier ou un chevreuil qui a décidé de changer de trottoir juste devant soi. Les collisions avec ces espèces massives, cerfs ou sangliers, sont les plus couteuses avec environ 1500 euros de dégâts en moyenne.
  8. Ceux qu'on peut bouffer
    C'est une pratique tolérée, voire encouragée, dans certains coins d'Amérique du Nord. La "Roadkill Cuisine". On soupçonne donc certains rednecks de ne pas faire le nécessaire pour éviter tout ce qui peut surgir devant leur pick-up et on leur conseille de bien faire cuire la viande pour éviter la trichinose.
  9. Ceux qui sont photogéniques
    Un animal laissé pour mort sur une route, c'est dégueu. Sauf pour Claudia Terstappen qui a décidé de leur consacrer une série de photos, immortalisant les corps de ces bestioles figée dans la douleur d'un passage de vie à trépas sous les pneus d'un usager de la route.
  10. Ceux qui ne sont pas les bienvenus
    En particulier les ours slovènes réintroduits dans les Pyrénées. Un accident est vite arrivé, certes, mais quand on apprend que Franska, une ourse fraichement accueillie dans le coin, s'est fait déglinguer par un "véhicule militaire, une Renault Kangoo", on peut avoir des doutes sur le caractère "accidentel" du drame. Les locaux inquiets pour leur bétail qui avaient organisé des battues illégales n'ont pas été inquiétés par la justice.
  11. (BONUS) Ceux qu'on n'arrive plus à identifier
    1% des cadavres d'animaux aux États-Unis sont impossibles à identifier tant ils ont été réduits en purée par des pick-up de passage. Quand on en arrive à un stade où on ne fait plus la différence entre un écureuil et un cerf, on peut se demander si la mode des grosses bagnoles n'est pas arrivée au bout d'un cycle...

Et vous, vous avez écrasé des trucs en venant ?