Topito, ce ne sont pas que des listes rigolotes. Nous pensons à toi, jeune personne qui t’apprêtes à entrer dans la vie active ; sans doute t’interroges-tu à juste titre sur les différents métiers qui composent le panel de notre florissante économie afin de mieux te déterminer dans ce choix si crucial de ton orientation qui ensuite dirigera ta vie. Et s’il est vrai que les fiches métier sont légions sur Internet, toutes ne sont pas sincères. Il y a quelques semaines, nous évoquions le métier de prof, plus récemment celui d’infirmier. Cette semaine, on te parle des livreurs à vélo.

Mission

Selon la police

Le livreur à vélo doit livrer des gens en vélo. Qu’il s’agisse de nourriture, de courses, de DVD, de pizzas ou de tout ce que vous voulez, le livreur à vélo se contente de se déplacer d’un point A à plusieurs point B pour satisfaire des personnes qui ont les moyens de se faire livrer à vélo.

Selon les syndicats

Le livreur à vélo doit aider des personnes manifestement trop bourgeoises et flemmardes pour bouger leurs fesses à pouvoir se sustenter en toute tranquillité. Pour ce faire, il utilisera sa force physique et sa capacité à se mouvoir afin d’apporter des choses passablement inutiles à ces gros flemmards. Il en tirera logiquement une haine sociale assez aiguë.

Présentation générale

Qui es-tu ?

Toujours au garde-à-vous mais façon flex Start-Up nation, tu ne disposes pas vraiment d’un contrat de travail car, finalement, tu es ton seul patron et ton unique entrepreneur. Toujours prêt à gâcher tes soirées pour bosser, tu enfourches ton vélo et empoigne ton guidon avec au coeur l’idée de bien faire ton travail en espérant que cette fois-ci ton employeur te notera bien et que tu pourras avoir une prime de 20 euros.

Qui es-tu au fond ?

Un révolutionnaire en puissance à qui on a fait le coup du discours sur l’autoentreprise pour ne pas payer de charges sociales. Prolétaire 2.0 avec sur ton dos de la bouffe pour nourrir trois familles, tu es payé au lance-pierre par des boîtes qui sont prêtes à payer des avocats 112.000 fois ton salaire afin de ne jamais se retrouver accusées de pratiquer le travail déguisé. Un jour, tu vas livrer autre chose que des pizzas.

Secteur professionnel

Le service à la personne. Te voilà catapulté visage de proximité de l’entreprise dans l’idée d’aider les gens à être plus heureux.

Secteur professionnel ressenti

L’esclavage du futur. La plupart du temps, ton boss est un robot qui te dit où aller. Tu n’as pas vraiment le choix de tes horaires de boulot au risque d’être mal noté par l’entreprise et donc de ne plus avoir de boulot. Il te faut parcourir Paris régulièrement et, si tu as un accident, le client sera remboursé. Et en plus tu n’es pas même nourri blanchi.

SALAIRE ET CARRIÈRE

Ce que tu espères de tout ton coeur

Grâce à ta force de travail exemplaire et ta pugnacité, tu arrives à tirer le meilleur parti de ton statut. L’argent coule et c’est agréable car tu as l’impression d’être ton propre patron. Après plusieurs mois, plusieurs années d’exercice, tu as même réussi à mettre de côté un petit capital. Et puisque tu livres souvent les mêmes personnes, certaines d’entre elles sont devenues des amies et te proposent de jouer dans leur future superproduction avec Jason Statham (parce que ces nouveaux amis sont producteurs).

La réalité

Avec ton petit vélo bien pourri que l’entreprise t’a fourni du bout des doigts, tu vas te prendre la pluie tout l’hiver pour accumuler vaguement un SMIC. Impossible de dépasser le SMIC de toute façon, c’est à croire que l’algorithme qui t’emploie cherche par tous les moyens à limiter ton enrichissement de peur de perdre un livreur. Bizarre car, si tu te plains, on te dira que tu peux dégager à tout moment, les candidats à ton poste sont légions. Et que faire après ?

Salaire réel

En gros 7,50 euros de l’heure plus des primes à la course qui varient selon l’entreprise mais sont de toute façon incompréhensibles.

Salaire ressenti

Un vrai esclavage, sans salaire du tout, ou alors juste suffisamment pour faire graisser les pneus. Dans ce cas on parle plus justement de défraiement.

Formation

Théoriquement

Théoriquement, tu galères parce que tu as peut-être quitté tes études un peu tôt ou au contraire tu as du mal à joindre les deux bouts pendant que tu les poursuis. Dès lors, ce travail au grand air, payé, sans patron et pour lequel on te demande seulement de savoir faire du vélo est bien pratique. Mais ce n’est pas du tout le cas.

Dans les faits

En fait tu es comme beaucoup de gens de ta génération : tu as un Master 2, mais comme personne n’emploie de jeunes et que ta formation n’était pas suffisamment professionnelle, et bah tu es au chômage et tu ne t’en sors pas. C’est donc grâce à Pôle emploi que tu t’es retrouvé là et tu ne sais pas quand tu pourras changer de boulot parce que le monde n’a pas l’air de changer pendant ce temps.

Et sinon ?

Le film qui résume bien le boulot

Premium Rush (2012)

Les fringues qui vont bien avec

Un casque, un vélo pourri premier prix et surtout un énorme sac à dos carré à porter sur ton dos.

Thug life.