C’est bientôt la rentrée, et bientôt le temps de la coupe du raisin pour faire des boissons alcoolisées type vin ou champagne. Oui c’est bien des vendanges dont il s’agit. On commence dès à présent notre travail de mémoire sur cette période exceptionnelle de l’année puisque bientôt il fera trop chaud pour que le raisin pousse sur nos belles collines françaises. Sniff.

Manger du pâté à 9h du matin et kiffer ta race

Le meilleur moment de toute ta journée, la première bouchée c’est un petit goût de paradis dans ton gosier. Au départ tu pensais pas que tu participerai à ce rituel, parce que bon quand même avaler un animal mort à 9h du matin, c’était pas trop ton truc de base. Mais bon comme t’es debout depuis 5h du matin en fait ça passe.

Boire du champagne à chaque pause et trouver ça totalement normal

Le champagne est certes une boisson festive mais pas que. Pendant les vendanges elle accompagne ton quotidien et remplace progressivement l’eau. Tu ne t’en rends peut-être pas compte mais tu sombres dans l’alcoolisme et tu n’y vois absolument aucun mal. Le retour à la réalité sera un peu brutal mais tu t’y feras.

Chanter des chansons paillardes à tue-tête

Tu as certainement l’habitude de chanter de la merde en cachette sous la douche à l’abri des regards. Si tu as des bons amis tu peux sans jugement reprendre les plus grands hits de Céline Dion en les massacrant, je t’en félicite. Pendant les vendanges une nouvelle ère s’offre à toi : chanter des mélodies que tu n’aurais même pas siffloté en faisant la vaisselle en toute quiétude. Plus c’est graveleux et gore, plus on adore.

Rêver que tu coupes du raisin

Tu fais ça toute la journée, 8 heures par jour, comment ton inconscient pourrait y échapper ? Au-delà de tes songes dont tu te sens à présent dépossédé, c’est ton regard sur le monde qui change. Tu te surprends à penser à la condition ouvrière et à tous ces individus qui travaillent à la chaîne. Tu décides de commander Le Capital de Marx pour repenser la société, mais sur Amazon.

Supporter les blagues lourdes de tes compagnons de vendanges

Dans n’importe quel groupe il y a des relous, les vendanges n’échappent pas à la règle et en concentrent un charmant petit nombre. Le relou a souvent autour de la quarantaine et pense que le meilleur moyen de charmer la demoiselle est de lui faire toutes les blagues potaches de son répertoire. Avec un soupçon de racisme et de xénophobie on atteint l’électeur du FN, pardon du Rassemblement National (mais on veut surtout pas généraliser).

Cramer au soleil ou être trempé sous la pluie battante

Le seul moment de l’année où tu espères un temps normal – ni trop chaud, ni trop froid – et puis bah non c’est raté.

Au choix :

Tu brûles littéralement la première couche de ton épiderme sous un soleil de plomb, t’as l’impression d’être au Kenya tellement il fait chaud.

OU T’es trempé jusqu’à l’os et tu patauges dans la boue tel un petit cochon, ça pourrait être rigolo mais tu n’as plus 8 ans.

Vivre comme une humiliation les gens qui viennent t'aider à finir ta rangée

Y a toujours un connard qui cherche à prouver la valeur de son existence en se rendant indispensable. Il coupe plus vite que son ombre, porte toutes les caisses lourdes et vient donner un coup de main à ceux qui comme toi sont d’une lenteur indécente. Le pire c’est qu’il est pas si méchant, et en vrai il te dépanne bien donc tu peux même pas le haïr car ça ferait de toi une belle enflure. Tu le maudis en secret.

Te sentir sale en permanence (tu l'es)

Pendant les vendanges tu dis adieu à ton style et surtout à la propreté. T’es crade, tout le monde est crade et tout le monde s’en fout. La vérité c’est que ça te déplaît moins que ce que tu aurais imaginé. Tu envisages réellement de t’inscrire à Koh-Lanta.

Puer les produits phytosanitaires en rentrant chez toi

Non seulement tu ressembles à rien mais en plus tu as l’odeur d’une usine chimique. Ton parfum c’est tout ce que le monde a de plus invisible et néfaste. Un bonheur. Manger des tomates bio en rentrant chez toi n’y changera rien, tu es sali.

Avoir un mal de dos absolument terrible

T’as beau essayer de couper ton raisin debout, assis, avec les pieds, tout ton corps te fait souffrir. Tu ressens la douleur pour la première fois de ta vie. Après avoir réfléchi sur la condition ouvrière, c’est le sort des personnes âgées qui te saute aux yeux. Ce mal de dos que tu te tapes depuis le premier jour ne t’augure rien de bon pour tes vieux jours. Comment font nos aïeuls pour vivre dans une telle souffrance ? Tu te dis que la prochaine fois que ta grand-mère râlera à propos de son hernie discale tu l’enverras peut-être pas chier. T’es quelqu’un de bien après tout.

Faire les vendanges pour rater le début des cours en septembre c’est la vie que j’ai décidé de mener.