Notre histoire a été marquée par plusieurs grèves de la faim. Qu’elles dénoncent de larges causes, servent l’interêt du principal intéressé ou soient collectives, on en retient tous au moins une (celle de Gandhi, qui ne sera d’ailleurs pas dans ce top). Dans ces plus célèbres grèves, voici certaines des plus longues enregistrées à ce jour.

Nuriye Gülmen et Semih Ozakça (324 jours)

Il s’agit aujourd’hui de la plus longue grève de la faim de l’histoire puisqu’elle a duré 324 jours. Nuriye et Semih, deux enseignants turcs limogés au cours des purges faisant suite au coup d’État de Turquie de 2016 ont décidé d’entamer leur grève de la faim pour être réaffectés dans l’enseignement. Une grève aussi longue est obligatoirement partielle, mais ils ne se nourrissaient que d’eau, de sucre de vitamines et de sel. Suite à des arrestations et des passages en prison, Nuriye annonce (alors qu’elle pèse 34 kilos) mettre fin à sa grève et poursuivre son combat de manière judiciaire.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Pragdon

Helin Bölek (288 jours)

Elle était la chanteuse turque du groupe de folk engagé « Grup Yorum », créé par elle même ainsi que d’autres étudiants pour protester contre le coup d’état militaire de 1980. Elle entame sa grève de la faim pour dénoncer et combattre la censure du pays, notamment sur certaines de ses chansons. Elle meurt le 3 avril 2020 après 288 jours de grève de la faim à l’âge de 28 ans.

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Oleh Sentsov (145 jours)

Ce réalisateur et scénariste Ukrainien a été arrêté pour « préparation d’actes terroristes » en 2014 par les autorités Russes pour avoir aidé des militaires ukrainien assiégés en leur livrant des provisions pendant la crise de Crimée. Suite à un procès qu’Amnesty International juge « stalinien », il est condamné à 20 ans de prison ferme, qu’il conteste en entamant une grève de la faim de 145 jours. Son nom et sa cause sont alors mondialement diffusés et il sera libéré en 2019 pendant un échange de prisonniers entre l’Ukraine et la Russie.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Antonymon

Maher al-Akhras (100 jours)

Ce palestinien détenu près de quatre mois en Israël pour soupçons d’avoir participé au Jihad islamique avait entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention sans procès par les autorités israéliennes. Ce principe de détention administrative permet de garder captives des personnes soupçonnées de terrorisme pour des durées de six mois renouvelables. Le détenu a donc décidé de mettre fin à sa grève de plus de 100 jours en fin d’année 2020.

Joseph Hick (78 jours)

Enseignant en mathématiques belge, Hick émet certaines critiques à l’encontre de la direction de son école ce qui provoque son exclusion pendant quatre mois pour les motifs « abus d’autorité dans sa relation pédagogique avec ses élèves » et « insubordination envers sa direction ». Après avoir rencontré la presse locale pour en parler, il est finalement complètement révoqué de l’éducation. Il commence alors sa première grève de la faim, il en fera cinq qui dureront respectivement : 20, 32, 42 et 78 jours. Devenu SDF, il aura envoyé plus de 5000 lettres, notamment au Roi et à la Reine de Belgique pour contester son renvoi.

Terrence MacSwiney (74 jours)

C’est en 1920 que cet Irlandais maire de la ville de Cork depuis le début de guerre d’indépendance de l’Irlande décide d’entamer une grève de la faim. Suite à son arrestation par le gouvernement britannique pour sédition, il est emprisonné à Brixton. Sa grève de la faim de 74 jours se terminera par son décès tout en apportant une visibilité plus large à la campagne républicaine irlandaise de l’époque.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Soerfm

Bernard Rappaz (74 jours)

Militant de la dépénalisation du chanvre, cet ancien vigneron et oenologue suisse est incarcéré en détention préventive en 2006 lorsqu’il commence une grève de la faim qui durera 74 jours. Il est reconnu coupable entre autres de violation de la loi sur les stupéfiants, lésions corporelles simples et blanchiment d’argent. Suite à un refus de s’alimenter et ce, même à l’hôpital, il est détenu à domicile. Il est finalement libéré en 2016 et et lance en 2017 la marque de CBD « Holyweed ».

Jules Sioui (72 jours)

Cet homme canadien s’est battu pour les droits des peuples autochtones. Premier homme à avoir réuni plus de 50 chefs indiens, il voulait établir le premier gouvernement indien d’Amérique du Nord. Arrêté pour trahison, il fut libéré après une grève de la fin de 72 jours.

Bobby Sands (66 jours)

Cet irlandais qui a rejoint l’IRA en 1972 est arrêté et emprisonné une première fois jusqu’en 1976 pour possession d’armes à feu. Moins d’un an après il est arrêté une seconde fois en tentant de s’enfuir après un attentat à la bombe. Bien que sa participation à l’attentat ne soit pas prouvée, il prend une peine de prison de 14 ans pour port d’arme. Avec plusieurs autres prisonniers, il commence une première grève de la faim de 54 jours suivie par plusieurs autres. Il décède en 1981 après 66 jours de jeune ce qui provoque de nombreuses émeutes. Le film « Hunger » s’inspire de son histoire et du contexte.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Kwekubo

Holger Meins (58 jours)

Cet allemand et membre de « Fraction armée rouge » (organisation terroriste allemande d’extrême gauche) est arrêté après qu’on soupçonne qu’il ait participé aux attentats contre des installations militaires américaines en 1972. Il entame plusieurs grèves de la faim, et meurt au bout du 58ème jour de sa dernière malgré l’alimentation forcée. Il pesait 39 kilos pour 1m89 à sa mort.

Sources : Wikipédia, Times of Israël, Le Soleil.