Jeanne Moreau est morte. Outre ses quelques chansons inoubliables et sa voix reconnaissable entre mille, elle restera une référence pour le cinéma français des années 50 et 60 qu’elle a marqué de son empreinte élégante en jouant tour à tour chez Demy, Truffaut, Louis Malle, Buñuel, Antonioni, Orson Welles ou Ophüls. Comme il s’agit de ne pas oublier tous les chefs-d’œuvre dans lesquels on la retrouve, on s’est dit qu’un top 10 s’imposait.

La Notte de Michelangelo Antonioni

Mastroianni et Moreau en couple qui ne va plus très bien dans une ville de Milan totalement désertée et déprimante. La mort omniprésente, le vide existentiel et un noir et blanc fantastique. Jeanne Moreau, même doublée, est absolument inoubliable dans ce rôle de Lydia, errant dans les rues à la recherche d’elle-même, le visage d’une expressivité sans pareil.

Jules et Jim de François Truffaut

Le classique parmi les classiques, où Jeanne Moreau irradie dans cette histoire de trouple à l’époque où ça ne s’appelait pas comme ça. Jeanne Moreau survole le film avec légèreté ; le film lui offre aussi la chanson Le Tourbillon, devenue classique parmi les classiques.

Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle

Et voilà Ronet coincé dans l’ascenseur. Et voilà Moreau qui l’attend désespérément au café. Un scénario parfait où l’on reconnaît aussi la patte de Nimier, la trompette entêtante de Miles Davis et Jeanne Moreau sublimée dans ce film noir d’un genre à part.

La Mariée était en noir de François Truffaut

En veuve noire qui se venge de l’assassinat de son mari, Jeanne Moreau joue parfaitement la froideur et l’émotion contenue. Adapté du bouquin de William Irish et grand inspirateur de Kill Bill, le film équilibre son propos entre le thriller et l’ironie, avec en fil rouge l’obsession de Truffaut pour les rapports entre hommes et femmes.

Le Journal d'une femme de chambre de Luis Buñuel

Jeanne Moreau promène son dégoût au milieu de la bourgeoisie affreuse des années 30. Une critique sociale virulente et totalement folle, ce qu’on attend de toute façon de Buñuel, mais aussi un film dérangeant sur l’obsession sexuelle et le fétichisme de ces gens bien proprets. Moreau y est parfaite.

Monsieur Klein de Joseph Losey

Produit par Delon et concentré tout autour du personnage de Delon, le film reste pourtant une vraie réussite. L’histoire de cette nécessité kafkaïenne de se différencier d’un homonyme résonne étrangement et est une vision intelligente de l’Occupation où chacun doit se démerder pour survivre. Dans ce film à la gloire de Delon, Jeanne Moreau réussit à tirer son épingle du jeu avec une interprétation mystérieuse et provocante de Florence, maîtresse d’homonyme totalement déroutante.

La Baie des anges de Jacques Demy

Film sur la passion du jeu et sur la rédemption par l’amour, La Baie des anges est une plongée vertigineuse dans l’enfer du jeu où Jeanne Moreau en reine du tapis vert est inoubliable.

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Les Amants de Louis Malle

Film sur l’ennui de la bourgeoisie, interdit car soupçonné de faire l’apologie de l’adultère, Les Amants est surtout une déclaration d’amour à Jeanne Moreau qui y exhibe sa liberté et son corps avec un naturel assez rare. Un rôle de femme indépendante qui s’affranchit des contraintes de la France ancien-régime (entendez années 60).

Le Temps qui reste de François Ozon

Jeanne Moreau est bouleversante en grand-mère de Melvil Poupaud alors que celui-ci accepte peu à peu la mort qui le guette. Un des plus beaux films de François Ozon et le second rôle le plus marquant de la fin de carrière de Jeanne Moreau.

Peau de banane de Marcel Ophüls

Jeanne Moreau manipule tout le monde dans ce thriller comique signé Sautet. Son duo avec Belmondo est aussi marquant que pouvaient l’être Beatty et Dunaway dans Bonnie and Clyde et le film s’inscrit assez bien, par son scénario emberlificoté, à la fois dans la Nouvelle Vague version Godard et dans les farces stupides de Lautner du type Ne nous fâchons pas. Un film assez méconnu et qui vaut le visionnage.

Jeanne, Moreau combat.