L’interdiction extrêmement restrictive de l’avortement au Salvador et la politique de répression de l’Etat envers les femmes qui y auraient recours est quasiment unique au monde. Aucune autre législation ne se montre aussi ferme envers les femmes. Régulièrement dénoncée par les ONG, la situation a fait la Une des médias après qu’une femme condamnée pour homicide aggravé après avoir fait une fausse couche a été libérée de prison, suite à 10 ans de détention. La porte ouverte, on l’espère, à un assouplissement de cette politique parfaitement rétrograde.

Aucun avortement n'est permis, même en cas de viol ou de mis en danger de la vie de la femme enceinte

Au Salvador, quelles que soient les circonstances ayant conduit à la grossesse et quels que soient les risques que celle-ci puisse faire peser sur la vie de la personne enceinte, l’avortement est interdit. Les femmes qui y ont recours clandestinement encourent des peines allant de deux à huit ans de prison et les personnels médicaux qui auraient pratiqué des avortements douze ans d’emprisonnement. Cette situation, l’une des plus restrictives du monde, a été entérinée en 1998.

Les fausses couches sont considérées comme des avortements

Près de 20 femmes sont emprisonnées au Salvador pour avoir subi une fausse couche : la justice a en effet considérée qu’elles s’étaient rendues coupables d’homicide avec circonstances aggravantes. C’est ainsi le cas d’une femme libérée récemment après 10 ans de prison : elle avait accouché sans assistance faute de réponse des personnels sanitaires sur son lieu de travail d’un enfant mort-né, dans les toilettes. Dénoncée par un collègue, elle avait écopé de 30 ans de prison ferme. Une situation dénoncée régulièrement par tous les organismes internationaux veillant au respect des droits humains. La législation pourrait changer suite à cette affaire qui a défrayé la chronique partout dans le monde.

Beaucoup de mineures sont concernées

Rien qu’en 2013, 16 femmes ont été poursuivies en justice pour avoir subi un avortement. 6 d’entre elles étaient mineures, plus du tiers. C’est énorme.

La mesure encourage les avortements clandestins, avec un très haut taux de mortalité

On ne peut connaître très précisément le nombre d’avortements subis par des Salvadoriennes chaque année puisque la mesure est illégale ; mais les autorités estiment à environ 20.000 le nombre d’avortements pratiqués entre 2005 et 2008. Les méthodes utilisées par les femmes qui souhaitent mettre un terme à leur grossesse font froid dans le dos : mort-aux-rats, introduction de bouts de bois dans le col de l’utérus, etc. L’OMS estime que 11% des avortements clandestins débouchent sur la mort de la femme enceinte.

Cette situation entraîne aussi un très haut taux de suicide sur les jeunes femmes enceintes

Près d’un quart des Salvadoriennes âgées de 15 à 19 ans ont été au moins une fois enceinte. Un chiffre à rapprocher d’un autre : 57% des morts de Salvadoriennes de moins de 19 ans sont dues à des suicides. Vous faites le lien ?

Le nombre de viols est très élevé au Salvador

En 2013, la police a enregistré 1346 plaintes pour viol. Or, on le sait, le pourcentage de viols dénoncés aux autorités est bien inférieur à la réalité. Dans deux-tiers des cas, les femmes violées avaient moins de 15 ans. Sympa.

L'opinion publique ne suit pas

La population salvadorienne est sans son ensemble favorable à la légalisation de l’avortement lorsque la vie de la femme enceinte est en danger ou après un viol. Selon les sondages, le pourcentage d’adhésion à cet assouplissement varie entre 70 et 80%.

Il n'existe pour ainsi dire aucune structure vers laquelle se tourner

Alors que le pays compte 6,5 millions d’habitants, le Salvador ne dispose que d’un seul centre d’accueil pour les femmes, lequel ne compte que 35 places. A priori, ça risque de faire juste.

Sale Vador.

Source : Amnesty International