« Le foot c’était mieux avant » disent-ils. C’était plus pur, plus romantique. Les joueurs jouaient encore pour l’amour du maillot et la beauté du jeu, loin de ces mercenaires modernes qui ne courent que derrière les millions. La Coupe du Monde avait du sens et on n'augmentait pas le nombre pour faire une place aux nouveaux riches chinois ou azéris. Oui mais voilà, et si tout ceci n’était finalement qu’une vue de l’esprit ? Une brèche mentale qui en pousse certains à regarder le futur d’un œil triste et d’autres à idolâtrer le sépia, les odeurs rances et Charles Aznavour ? Bref, voici au moins 10 trucs qui n’étaient pas mieux avant dans le foot.

1.L’impossibilité de remplacer un joueur

Coupe du Monde 1958, France - Brésil, demi-finale. Robert Joncquet souffre sur la pelouse, il traîne la patte et boite bas sur l’aile gauche du terrain. Le motif ? L’arrière central français s’est fait casser la jambe par le Brésilien Vava. Le Doc diagnostique une double fracture du péroné mais les règles de l’époque sont claires : aucun remplacement n’est autorisé. Le joueur agonisera donc sur le terrain jusqu’à la fin. Courageux, mais ridicule.

2.Le Pile ou face

A l’Euro 68, l’Italie de Dino Zoff joue contre l’Union Soviétique en demi-finale. Incapables de se départager pendant 120 minutes, les deux équipes doivent donc gagner leur place en finale au pile ou face. A Naples, dans un stade San Paolo chauffé à blanc, les 2 capitaines suivent l’arbitre dans les vestiaires où celui-ci sort une vieille pièce de sa poche. « Quel est votre choix ?» demande-t-il à l’Italien. « Face ». C’est face, le capitaine italien sort en courant sur la pelouse où l’attendent ses coéquipiers et 70 000 spectateurs pour exploser de joie. Ils viennent de se qualifier pour la finale d’un Euro qu’ils gagneront quelques jours plus tard. Ubuesque.

3.La nuque longue et le short court

Petit mulet, nuque longue, moustache rousse, moustache blonde, moustache brune, short trop court et gourmette en argent trop lourde, le footballeur des années 90 est capable de faire passer la crête moderne pour un monument de classe et de sobriété. Un artiste.

4.La passe en retrait

Imaginez la possibilité pour un défenseur sous pression de passer la balle au gardien qui pourra la saisir à la main avant de la lui rendre. Pression, gardien, main. Pression, gardien, main. Pression, gardien, main. Ceci n’est pas un rêve, c’est le foot d’il y a 20 ans, quand les gardiens étaient vraiment nuls au pied.

5.Les stades

L’Allianz Arena, l’Emirates, le nouveau Vélodrome… Les stades d’aujourd’hui sont des bijoux architecturaux qui contribuent grandement au spectacle et permettent aux yeux de se divertir. Même lorsque le match est d’un immense ennui.

6.Le carton jaune et le carton rouge

Avant 1970, l’arbitre n’avait ni carton jaune, ni carton rouge au fond de sa poche et c’est de vive voix qu’il devait signifier au joueur son retour prématuré au vestiaire. Forcément pas commode quand celui-ci est une brute épaisse remplie de mauvaise foi et qu’il jure ne pas avoir été averti avant.

7.Les retransmissions télé

30 caméras, 120 ralentis, 1300 plans par match, un homme de terrain, 2 commentateurs, 3 millions de téléspectateurs, un « après-match », un « avant-match », un « veille-de-match »… Non, le foot c’était pas mieux avant, à l'époque où on suivait les résultats de son équipe dans les pages des journaux du lendemain.

8.Le niveau des joueurs

Bien sûr, il y a Ronaldo, Messi, Neymar et Ibrahimovic. C’est vrai, il y a aussi Nolan Roux, Erding et Rolando. Mais il y a surtout l’évidence : n’importe quel arrière droit de 2016 ferait partie des joueurs les plus techniques et les plus forts physiquement des années 70. L’évolution du foot c’est aussi celle du rythme et du niveau de jeu. Et ça, c’était pas mieux avant.

9.Le tacle par derrière

Dans les esprits, le foot du passé rime souvent avec romantisme, jeu offensif et football total. Dans les faits, il se sent plus proche du catenaccio, de la rigueur tactique et du célèbre tacle par derrière. Année après année, les règles ont évolué pour assurer l’intégrité physique du joueur en lui évitant notamment de se faire découper le cuissot en traître.

10.Les hooligans
« Le Parc c’était mieux avant ». « Les stades anglais étaient mieux avant ». « Le Calcio c’était mieux avant ». Mais c’était aussi du sang, des hooligans et des morts. Fin de la discussion.

Et puis de toutes façons, le foot de demain nous fera regretter le foot d’aujourd’hui.

Source photo : sconosciuto