Quand on pense Russie, on pense Poutine, URSS, perestroïka, vodka et Raspoutine. On peut aussi penser serial killers, dans la mesure où le plus grand pays du monde a eu sa dose en matière de meurtres sordides, dégueulasses, affreux et glaçants. Dans des ambiances de barres soviétiques et de froid perpétuel, les meurtriers avaient la chance de bénéficier de la doctrine officielle du régime qui se refusait à reconnaître l’existence de tueurs décadents sur son sol.

Daria Nikolaïevna Saltykova

Dans la Russie tsariste, quand on était comtesse et riche, on pouvait tranquillement s’adonner à son penchant pour le meurtre. Née en 1730, Saltykova a ainsi assassiné plus de cent de ses serfs, notamment des femmes. Elle était jalouse des jeunes femmes à en crever et ne supportait pas de les voir enceintes. Et jusqu’à les torturer et les tuer. Au départ, les plaintes relayées par les petites gens aux autorités quant aux mystérieuses disparitions ne sont pas traitées par le pouvoir : la comtesse a ses entrées partout dans la haute société. Jusqu’en 1762, quand Catherine II de Russie décide d’ouvrir une enquête et de faire arrêter Saltykova. Celle-ci est jugée et reconnue coupable de la mort de 38 femmes parmi ses serfs, alors qu’elle plaidait coupable de 139 crimes. Elle a été condamnée à la prison à vie.

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Andreï Chikatilo

C’est bien simple : dès que je fais un top sur les tueurs en série, quel qu’en soit l’angle, on retrouve Chikatilo. Il est né dans l’Ukraine des années 30 et est donc ressortissant soviétique lorsqu’il commet son premier meurtre en 1978. Le problème de Chikatilo, c’est qu’il est impuissant : pour rattraper le coup, il décide de satisfaire ses pulsions en tuant des petites filles. Enfin en tuant ; en torturant atrocement : énucléations, cannibalisme des seins ou du sexe, la totale. Chikatilo, qui a été professeur et passe pour un homme respectable, choisit ses victimes parmi les prostituées ou les filles des rues. Le pouvoir refuse de reconnaître l’existence de tueurs en série dans le monde idéal de l’URSS, et Chikatilo demeure longtemps impuni pour ses crimes, jusqu’à son arrestation et son exécution en 1991. On lui attribue une cinquantaine de victimes.

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Alexander Puchushkin

Petit menuisier passionné par les échecs, Puchushkin était aussi un tireur en série de bon niveau. C’est en 1992, alors qu’il n’est âgé que de 18 ans, qu’il passe pour la première fois à l’acte en étouffant un camarade de classe avant de balancer son cadavre dans un puits. Puchushkin est très influencé par Chikatilo dont le procès médiatisé défraye la chronique, à Moscou. Il veut lui aussi devenir un tueur : musculation, préparation physique, il veut mettre toutes les chances de son côté. A partir de 2001, il met en oeuvre sa folie meurtrière. Au total, il tuera 49 personnes, d’abord des personnes désocialisées, puis un peu tout le monde. Condamné à la prison à vie en 2007, il affirme ne rien regretter de ses meurtres. S’il n’avait pas été arrêté, il aurait continué avec un plaisir non dissimulé.

Tamara Samsonova

La plus récente de nos petites histoires. En 2015, la police de Saint Petersbourg a découvert le corps d’une femme dans une décharge. Petite précision : le corps n’avait pas de tête. Après vérification des caméras de surveillance, on s’est rendu compte que le corps avait été traîné jusque là par une petite vieille de 68 ans, Tamara Samsonova. Comme le corps avait été découpé à la tronçonneuse, on s’est dit qu’il devait y avoir anguille sous roche. Chez Samsonova, on a découvert les restes de la victime en question qui servaient de repas à sa meurtrière, ainsi qu’un carnet documentant tous les meurtres commis précédemment par la foldingue au cours des dernières années, 11 au total.

Sergueï Alexandrovitch Golovkine

Entre 1986 et 1992, la Russie vivait dans la peur d’un tueur en série sadique qui s’attaquait aux jeunes adolescents. Il violait ses victimes avant de les assassiner, non sans les avoir torturées précédemment. Ingénieur agricole, Golovkine se servait de ses connaissances en anatomie animale pour bien déglinguer ses victimes. Celles-ci étaient souvent choisies au hasard des rencontres et terminaient dans une chambre des tortures aménagées dans le sous-sol de son garage. Ensuite, Golovkine jetait les cadavres dans la forêt. Reconnu par un témoin après un triple meurtre, Golovkine a été condamné à mort pour le meurtre de 11 adolescents.

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Vladimir Mikhaïlovitch Ionessian

Ionessian est un peu une exception dans l’histoire soviétique. Il est l’un des seuls tueurs en série que l’URSS a reconnu comme tel, allant ainsi à l’encontre du discours officiel de l’Etat refusant de reconnaître l’existence de tueurs en série dans un pays censé être parfait. Né en 1937 à Tbilissi, en Géorgie, Ionessian a commencé en 1963 à s’introduire dans des appartements moscovites en se faisant passer pour un agent d’une entreprise étatique. Son but, au départ, était de faire des braquages pour pouvoir jouer au mec riche auprès de sa meuf. Lors de sa première incursion dans une maison, il tue un enfant de 12 ans pour 60 roubles. En l’espace d’un an, il tue un autre jeune adolescent, puis une retraitée (pour un butin de 70 kopecks), un garçon de 11 ans et une femme de 46, non sans avoir entre-temps essayé de tuer de 9 coups de hache sur la tête une petite fille de 9 ans qu’il avait préalablement violée. Il a été condamné à mort et exécuté pour 5 meurtres.

Vladimir Kouzmin

Né en 1976 à Moscou, Kouzmin a une enfance à la Cosette et commet des petits vols. Il tape aussi sur sa mère et finit en maison de correction. A sa sortie, âgé de 16 ans, il fait des braquages et est pris : incarcéré, il devient homosexuel puis s’échappe de prison. Il rencontre un jeune garçon, Denis Kalistratov, qu’il menace pour obtenir une fellation. Kalistratov s’exécute à regret, mais se met pourtant à la colle avec Kouzmin. Celui-ci retourne en prison peu après et, à sa sortie, il va débusquer Kalistratov. Celui-ci vit avec une femme : Kouzmin l’oblige à rompre et à revenir vivre avec lui sous la menace. Pour éviter le sexe forcé, Kalistratov accepte d’aider Kouzmin à trouver de jeunes garçons. La première fois, l’adolescent refuse de coucher avec l’autre dingue : Kouzmin le tue. Kalistratov se retrouve à aider son amant à cacher le corps. Au total, ils répéteront le modus operandi 11 fois.

Arrêté en 1999, Kouzmin a été condamné à la prison à vie.

Anatoly Yemelianovitch Slivko

Né peu avant l’invasion allemande, Slivko a très vite été marqué par la mort, assistant dans sa plus tendre enfance à l’exécution d’un enfant puis, avant ses trente ans, à un accident de la route ayant causé la mort de plusieurs jeunes scouts. C’est un détail, la présence de chaussures ensanglantées, qui a développé chez lui une excitation sexuelle morbide. Fétichiste des chaussures d’enfant, Slivko vit par ailleurs une vie respectable, présidant même un petit club d’éveil à la nature destiné aux enfants. Il obtient même le titre d’enseignant renommé de la part du pouvoir, alors même qu’il n’a pas de diplôme.

Le problème de Slivko, c’est qu’il n’a de plaisir que dans la souffrance de jeunes garçons. Mais il n’a pas envie d’aller en prison. Il échafaude donc tout un plan dans lequel il étourdirait les enfants par une pendaisounette, c’est-à-dire une pendaison mais pas longtemps, en espérant que l’effet provoquerait aussi une amnésie. Il choisit ensuite un gosse parmi ceux qu’il côtoie, les fait signer des papiers de confidentialité, et tourne un court-métrage avec lui dans lequel il le pend rapidou puis lui fait subir des sévices. La plupart des enfants s’en sortent sans trop de séquelles, jusqu’à ce qu’un gosse, Sacha Nesmeyanov, ne s’en sorte pas. Slivko cache le corps. Puis recommence. 7 fois. A chaque fois, tout est filmé. La découverte des vidéos et du journal intime de Slivko, qui ne cesse de se haïr pour ce qu’il fait, a précipité sa chute.

Vasily Kulik

Tueur et violeur basé à Irkust, Kulik avait une attirance sexuelle pour deux types de personne : les jeunes enfants et les vieilles. En 1982, il devient médecin et épouse une avocate. Mais ses pensées ne le quittent pas. Il commence à se servir des registres médicaux de l’hôpital où il travaille pour s’introduire dans des maisons et violer des enfants. Les parents portent rarement plainte. En 1984, il passe à l’étape supérieure en kidnappant une vieille qu’il drogue, viole et étrangle. Il recommence ensuite avec une fillette de 8 ans, puis avec une dame de 53 ans qu’il flingue. Au total, il tue 6 enfants et 7 vieilles dames, pour un panel allant de 2 à 75 ans.

Il se fait choper le jour de son anniversaire, en 1986. Il a raté son coup, cette fois-ci, et la police débarque. Condamné pour 13 meurtres et 30 viols, il est condamné à mort et exécuté en 1989.

Les meurtres de Novosibirsk

Entre 1998 et 2006, 17 femmes ont été tuées à Novosibirsk. On pense que tous ces meurtres ont été commis par une seule et même personne, qu’on a surnommée « Le maniaque de Novosibirsk » parce qu’on n’avait pas d’autre idée de nom, sans doute. Les corps des femmes sont systématiquement retrouvés sans têtes et sans membres. Les meurtres ont été perpétrés dans des zones isolées. Les victimes sont défigurées et difficiles à identifier. Il s’agit presque systématiquement de prostituées. Personne n’a jamais été arrêté. L’arrêt soudain des crimes en 2006 est imputé par les enquêteurs à la mort ou au départ de leur auteur.

Aussi glaçant que la Sibérie, tout ça.

Source : Wikipédia